« Il y a deux ans, quand les cours pétroliers avaient chuté en dessous de 40 $US, dit Mme Shannon, nous avons commencé à trouver beaucoup de valeur dans les matières premières et dans les actions. Nous avons débuté par une neutralité sectorielle, et quand les cours pétroliers et les avoirs de qualité supérieure ont chuté en dessous de leur valeur intrinsèque, nous nous sommes mis à augmenter notre participation aux actions. »
La thèse de placement de Mme Shannon repose sur la conviction que le prix du pétrole finira par retrouver son coût marginal de production et que les lois de l’offre et de la demande vont prévaloir. Le secteur de l’énergie représente actuellement 25 % du portefeuille de la Catégorie d’actions canadiennes Sionna, que gère Mme Shannon. Elle ne dépassera pas cette pondération, car dans le cadre de sa gestion du risque, elle restreint le fonds à une surpondération maximale de cinq points de pourcentage par rapport à l’Indice composé S&P/TSX.
Mme Shannon dit que les compagnies qu’elle détient ont tendance à être plus stables que leurs homologues. Ces caractéristiques comprennent des coûts de production faibles, des bilans conservateurs et une direction de qualité. « À long terme, dit Mme Shannon, nous sommes tout à fait convaincus que nos actions énergétique surclasseront leurs pairs, et avec une bien meilleure stabilité ».
La patience est le pilier de l’approche de Mme Shannon. L’équipe de placement « ne se soucie jamais d’être à la traîne du marché » quand la reprise est menée par des actions de qualité inférieure. Le secteur des ressources dans son ensemble atteindra toujours des sommets plus élevés qu’un placement quelconque dans les secteurs concernés du mandat », ajoute Mme Shannon.
PrairieSky Royalty Ltd. (PSK), qui fait partie des titres principaux, illustre la chasse d’aubaines à laquelle se livre Mme Shannon dans le secteur de l’énergie. « Sans le ralentissement du secteur énergétique, nous n’aurions pas eu l’occasion d’acheter PrairieSky, dit-elle. Il s’agit d’une compagnie qui, en temps normal, se négocierait à une prime importante. C’est une entreprise qui encourt très peu de dépenses d’exploitation et de risques liés au forage, car tout ce qu’elle fait, c’est de percevoir des redevances ». Mme Shannon aime aussi l’absence d’endettement de la compagnie. « Elle est capable de traverser ce ralentissement pendant longtemps avec des évaluations très attrayantes. »
Le deuxième plus gros avoir du fonds, Suncor Énergie Inc. (SU), a les faveurs de Mme Shannon en raison de son rendement sur les capitaux propres supérieur à celui de son groupe de pairs et du désir qu’elle a de profiter de la baisse des valeurs énergétiques pour effectuer des acquisitions. « Sa récente acquisition de Canadian Oil Sands à un prix ridiculement bas a été très astucieuse », dit-elle.
Imperial Oil Ltd. (IMO), qui fait également partie des principaux avoirs du fonds Sionna, est un exemple d’actif détenu depuis longtemps. « Nous aimons bien Imperial Oil car c’est un producteur intégré », dit Mme Shannon, précisant que la compagnie exerce des activités d’exploration, de prospection, de production et de raffinage. « Au cours du ralentissement récemment observé, les activités en aval (achat et raffinage du pétrole) ont été très lucratives. »
Mme Shannon dit que les activités en aval offrent des bénéfices et des flux de trésoreries bien plus stables. « Par conséquent, Imperial Oil a généré le meilleur rendement du capital investi à long terme de toutes les sociétés énergétiques de l’industrie. »
Parallèlement à l’énergie, ces deux dernières années, de nombreux avoirs non bancaires intéressants ont commencé à afficher eux aussi de la valeur, dit Mme Shannon. Les services financiers représentent 31 % du mandat.
Par exemple, Boardwalk Real Estate Investment Trust (BEI.UN), qui participe au secteur de l’immobilier en Alberta, a été ajoutée au portefeuille. « C’est une société dont nous avons toujours admiré l’équipe de direction et dont nous avons pensé que l’évaluation était fort attrayante », dit Mme Shannon.
L’équipe de gestion des placements de Sionna combine une analyse quantitative et qualitative des actions méticuleuse dans une perspective macroéconomique. D’après Mme Shannon, le marché a connu deux phases historiques : des périodes de hausse pendant lesquelles les marchés boursiers ont connu des rendements positifs entre 9 et 11 %, et des marchés latéraux au cours desquels les rendements avoisinaient plutôt les 6%.
« Nous nous trouvons dans ce marché latéral depuis 15 ans maintenant, dit Mme Shannon, et nous en avons encore probablement pour trois à cinq ans. Alors, tenons bon pour le moment ».
En attendant, « ce qui est très intéressant, dit Mme Shannon, c’est que de temps en temps, la valeur est un mot interdit, et c’est ce qui arrive en ce moment. L’investissement axé sur la valeur n’a pas été performant dans le monde depuis quelque temps et au Canada il a récemment souffert ».
Par conséquent, dit Mme Shannon, les investisseurs se détournent de l’investissement axé sur la valeur au profit d’autres disciplines de placement. « Nous pensons que nous nous trouvons dans une conjoncture qui représente une occasion de valeur particulièrement bonne car les chiffres financiers sont toujours sensibles aux taux d’intérêt. C’est le moment de lancer une stratégie axée sur la valeur après une période de sous-classement important, et nous sommes actuellement à la croisée des chemins. »