Un clavier d'ordinateur dont deux touches ont été changées. Une représente le drapeau canadien, l'autre est rouge et il est incrit "inflation" dessus.
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L’inflation d’une année à l’autre est demeurée pratiquement constante au mois de novembre au Canada, s’élevant à 6,8 %, mais les prix des produits d’épicerie ont augmenté à un rythme légèrement plus rapide.

Dans sa plus récente mise à jour de l’Indice des prix à la consommation (IPC), publiée mercredi, Statistique Canada explique que le ralentissement de la croissance des prix de l’essence et des meubles a été partiellement contrebalancé par une croissance plus rapide des coûts de l’intérêt hypothécaire et des produits d’épicerie.

Statistique Canada indique que les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté de 11,4 % d’une année à l’autre en novembre, après avoir augmenté de 11,0 % en octobre.

Cette hausse du prix des aliments a pu se faire ressentir avec une accélération de la croissance des prix des boissons non alcoolisées (+19,4 et de la viande (+6,2 %), entre autres.

« Il y a eu des progrès pour ralentir l’inflation, mais pas autant que je pense que quiconque aurait aimé le voir », observe Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins.

La hausse des coûts d’habitation a également contribué à l’augmentation de l’inflation annuelle en novembre.

Les Canadiens font face à des frais d’intérêt hypothécaires plus élevés et à une hausse des loyers. Les frais d’intérêt hypothécaires ont augmenté de 14,5 % en novembre sur une base annuelle, tandis que les loyers ont augmenté de 5,9 %.

Statistique Canada note que des pressions à la hausse sont exercées sur les prix des loyers, car de plus en plus de Canadiens sont privés de propriété en raison des taux d’intérêt élevés.

Selon des données récentes de Rentals.ca et Urbanation, une firme de recherche immobilière, le loyer moyen à travers le pays a augmenté de 12 % par rapport à l’an dernier, atteignant un record de 2024 $ pour tous les types de location.

« Les Canadiens sentent que les loyers augmentent depuis un certain temps », indique Royce Mendes.

L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l’énergie et des aliments, est également élevée, augmentant de 5,4 % sur une base annuelle.

Dans une note, l’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, souligne que la hausse de l’inflation de base est un signe clair de pressions inflationnistes sous-jacentes persistantes.

« Baisser le niveau de l’inflation s’avère être un processus extrêmement lent, et nous pensons que cela pourrait être un thème pour 2023 », avance Douglas Porter.

Léger répit à la pompe

Si les prix des aliments poursuivent leur tendance à la hausse, les Canadiens ont pu profiter en novembre d’un léger répit à la pompe, les prix de l’essence ayant diminué de 3,6 % en novembre, sur une base mensuelle, après avoir augmenté de 9,2 % en octobre.

Selon Statistique Canada, cette baisse des prix est majoritairement due à la réouverture de raffineries dans l’ouest des États-Unis. D’une année à l’autre, les prix de l’essence ont tout de même augmenté de 13,7 % en novembre.

Lorsque l’on exclut les aliments et l’énergie, les prix ont augmenté de 5,4 % d’une année à l’autre en novembre, après avoir progressé de 5,3 % en octobre.

Au Québec, l’inflation s’est placée exactement au même niveau que la moyenne nationale en novembre, soit à 6,8 %. L’inflation a atteint 6,6 % à Québec et 7,1 % à Montréal.

L’inflation avait été de 6,9 % en octobre et en septembre au Canada, après avoir atteint un sommet à 8,1 % en juillet.

Bien que l’inflation demeure bien au-dessus de la cible de 2 % de la Banque du Canada, les économistes ont été encouragés par un ralentissement de la croissance des prix au cours des derniers mois.

Les économistes s’attendent à ce que les Canadiens, confrontés à des frais de logement plus élevés en raison des taux d’intérêt, réduisent leurs autres dépenses. Ce processus devrait ralentir l’inflation.

Le plein impact de la hausse des taux à venir

Royce Mendes précise que les Canadiens n’ont vu que la « pointe de l’iceberg » en ce qui concerne l’effet des hausses de taux sur l’économie et l’inflation.

« La décélération de l’inflation est en réalité le résultat de l’atténuation des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de la chute des prix de l’énergie, et non des augmentations des taux d’intérêt de la Banque du Canada », affirme-t-il.

Les économistes disent qu’il faut entre 12 et 18 mois pour que les hausses de taux produisent pleinement leurs effets sur l’économie.

Plus tôt ce mois-ci, la banque centrale a relevé son taux d’intérêt directeur pour la septième fois consécutive cette année, le portant à 4,25 %, le plus élevé depuis janvier 2008.

L’institution a également signalé qu’elle était prête à faire une pause dans les hausses de taux, en fonction de l’évolution de l’économie.

Cependant, Douglas Porter doute que la Banque du Canada arrête son cycle agressif de hausse des taux et s’attend à ce qu’elle augmente à nouveau les taux en janvier.

« Ce rapport ne fait rien pour douter de cet appel », a-t-il écrit.

Douglas Porter avance que la banque centrale pourrait même relever les taux après janvier.

« Et c’est quelque chose dont personne ne parle. »

La Banque du Canada rendra sa prochaine décision sur les taux d’intérêt le 25 janvier.

La banque centrale aura mis à jour les données économiques à examiner le mois prochain avant de prendre la décision, selon Royce Mendes, y compris les résultats du quatrième trimestre sur les attentes des entreprises et des consommateurs en matière d’inflation.

« Les données dicteront vraiment ce que fera la Banque du Canada, car je pense que c’est très proche à ce stade. »