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L’adoption du bitcoin comme forme de monnaie légale a entraîné des conséquences négatives inattendues pour le gouvernement du Salvador, ce qui limitera probablement son attrait pour d’autres pays, indique Moody’s Investors Service dans un nouveau rapport.

L’année dernière, le gouvernement salvadorien a adopté le bitcoin comme deuxième forme de monnaie légale, permettant aux paiements d’être effectués soit dans la cryptomonnaie, soit en dollars américains.

Moody’s a déclaré que cette décision s’inscrivait dans le cadre d’un effort plus large visant à faire du Salvador une plaque tournante mondiale pour la cryptomonnaie en général, et le bitcoin en particulier.

Cependant, cette politique « peu orthodoxe » a également eu des conséquences négatives inattendues sur le profil de crédit du pays, rapporte l’agence de notation.

« Nous estimons que, dans l’ensemble, le gouvernement a dépensé environ 375 millions de dollars américains (M$ US) pour le déploiement du bitcoin, y compris environ 106 M$ US provenant des ressources du Trésor pour acheter des bitcoins, ce qui a entraîné des pertes non réalisées d’environ 57 M$ US – ce qui a encore réduit les liquidités de l’État », selon Moody’s.

Cette politique a également eu un impact négatif sur l’accès du gouvernement au financement, note Moody’s, car l’adoption de la cryptomonnaie par le pays a « compliqué une relation déjà tendue avec le Fonds monétaire international (FMI) » – le laissant compter sur d’autres institutions régionales et multilatérales pour se procurer du soutien financier.

« Nous pensons que le gouvernement devrait être en mesure de disposer d’un financement suffisant pour sa prochaine échéance de 2023, notre plus grande préoccupation étant axée sur la volonté de payer, souligne Moody’s. Toutefois, sans le soutien de grandes [banques multilatérales de développement] internationales, le gouvernement aura du mal à rembourser son échéance de 2025. »

Moody’s estime que la probabilité que d’autres pays suivent l’exemple du Salvador est faible.

« Cependant, nous avons vu d’autres États avec des profils de crédit faibles et des institutions monétaires fragiles aller de l’avant avec une législation qui intégrerait le bitcoin ou d’autres cryptomonnaies dans leur cadre économique ou monétaire », rapporte Moody’s.