La sous-performance du marché canadien, autant du côté des marchés boursiers que du dollar canadien au cours des deux à trois dernières années, illustre bien l’importance associée au principe de la diversification, selon Luc de la Durantaye, directeur général, Répartition de l’actif et Gestion des devises, Gestion d’actifs CIBC.
Un récent sondage de la Banque CIBC indique que 59 % des Canadiens qui investissent cette année dans des actions ou des fonds communs de placement pour la retraite le feront principalement au Canada.
« Nous observons dans les résultats de ce sondage un biais naturel concernant une « préférence nationale » en matière d’investissement, c’est-à-dire une surpondération du portefeuille en actions canadiennes », mentionne Luc de la Durantaye, lors d’un entretien avec Finance et Investissement.
Toutefois, le sondage souligne l’intérêt grandissant des investisseurs envers la diversification géographique et les catégories d’actifs non traditionnelles, par exemple l’infrastructure et l’immobilier. Ainsi, 41 % des Canadiens effectuant des investissements en prévision de leur retraite disent rechercher des occasions hors du Canada, une augmentation nette par rapport à l’année dernière où ils étaient 31 % à faire pareille affirmation.
Selon le sondage, 26 % des répondants disent vouloir en savoir davantage au sujet des catégories d’actifs non traditionnelles.
La diversification comme mot d’ordre
Au nombre des Canadiens qui songent à diversifier leur portefeuille avec des actions mondiales, 15 % ont l’intention d’augmenter leur exposition aux États-Unis, 15 % songent à investir dans des marchés émergents, et 11 % cherchent à investir dans les marchés industrialisés comme ceux de l’Europe.
Luc de la Durantaye n’est guère étonné par les tendances révélées par les résultats du sondage. « Du point de vue institutionnel, ce sont des tendances que nous avons déjà constatées avec les investissements liés aux fonds de pension. Les gestionnaires ont déjà bougé énormément en dehors du Canada. »
Il voit d’ailleurs « d’un très bon oeil le fait que 15% des investisseurs songent à investir dans les marchés émergents ».
Lorsqu’on entend parler des marchés émergents depuis un an ou deux, on entend qu’ils ont des difficultés, notamment au Brésil et en Chine, où l’on observe un ralentissement et dont l’incertitude liée à la devise est grande. Ce sont des observations susceptibles de refroidir les esprits, constate Luc de la Durantaye.
« Toutefois, dans un magasin, lorsque le prix d’un article baisse, le réflexe consiste à l’acheter pour bénéficier de l’aubaine. Je me demande pourquoi ce réflexe est aussi difficile à adopter dans l’industrie du placement ? Sur les marchés financiers, les gens ont tendance à vendre lorsque les prix baissent, alors que c’est pourtant le moment d’acheter. Acheter à ce moment est la meilleure façon d’investir. Se tourner vers les marchés qui ont baissé et éviter les marchés qui ont beaucoup monté est la façon d’obtenir les meilleurs résultats à moyens et longs termes », estime-t-il.
Dans cette perspective, l’intérêt évoquée par les investisseurs envers le marché américain surprend davantage Luc de la Durantaye. « Les actions américaines en dollars canadiens ont bien fait, mais le marché boursier américain fait face à plusieurs défis. »
« C’est un marché qui est plus cher que les autres en moyenne. Il doit aussi composer avec une devise qui est très dispendieuse, puisque le dollar américain est maintenant l’une des devises les plus dispendieuses. Les entreprises américaines perdent donc en compétitivité et lorsque l’on regarde en dessous du capot, on constate que les marges de profit des entreprises américaines sont en perte de vitesse à cause de ces pressions. J’ai donc un petit bémol en ce qui a trait au marché américain », analyse Luc de la Durantaye.
Le sondage a été effectué en ligne par Vision Critical, 20 au 22 janvier 2016, auprès de 1 003 adultes canadiens qui détiennent un portefeuille d’investissement en vue de la retraite.