
L’économie de la deuxième puissance mondiale montre des signes de faiblesse dans plusieurs secteurs, de la consommation au marché du travail, en passant par la restauration et l’immobilier, selon le journal économique et financier japonais Nikkei, dont l’analyse, relayée par Courrier international, s’appuie sur des données officielles chinoises.
Selon le Bureau national des statistiques de Chine, les ventes au détail ont reculé de 0,14 % en juillet par rapport au mois précédent, marquant la deuxième baisse mensuelle consécutive pour la première fois depuis la fin 2020, lorsque la COVID-19 frappait le pays. Les ventes d’automobiles ont chuté de 1,5 %, un recul qui pourrait refléter l’essoufflement des subventions encourageant le remplacement des véhicules thermiques par des voitures électriques, note le quotidien nippon.
Au-delà des chiffres, Nikkei met en avant un changement de mentalité dans la population. Les jeunes consommateurs, confrontés à un marché de l’emploi saturé, se montrent prudents. Ils limitent leurs dépenses discrétionnaires et priorisent l’épargne. La politique d’austérité imposée aux fonctionnaires a également un impact direct sur la consommation, notamment dans la restauration, avec un chiffre d’affaires en repli à la suite de l’interdiction du service de plats raffinés et de boissons alcoolisées lors des repas officiels décrétée par Pékin en mai.
Le secteur immobilier et l’investissement privé sont également touchés. Entre janvier et juillet, les investissements en immobilisations des entreprises privées ont reculé de 1,5 % sur un an, tandis que le secteur immobilier accuse une chute de 12 % des investissements.
Les mesures de relance annoncées le 12 août par le gouvernement chinois pour stimuler le crédit et la consommation ont eu un effet limité. Les nouveaux prêts bancaires restent inférieurs aux remboursements, une première depuis 2005. La baisse du crédit à la consommation et des prêts immobiliers pèse directement sur les perspectives des banques et institutions financières locales.
Cette fragilité de l’économie s’ajoute à l’effet des tarifs américains, qui continuent de freiner les exportations et de peser sur les marges des entreprises. D’autres signaux confirment la tendance au ralentissement : les dépenses des caisses d’assurance-chômage ont bondi de 27 % au premier semestre par rapport à 2024, reflétant la détérioration des conditions d’emploi, en particulier chez les jeunes.
Si l’économie chinoise a mieux résisté que prévu au deuxième trimestre face aux droits de douane américains, le ralentissement reste tangible, signale Reuters. Les analystes interrogés par l’agence estiment que la faiblesse de la demande intérieure, combinée à la montée des tensions commerciales, obligera Pékin à renforcer ses mesures de soutien à l’économie. « Malgré un premier semestre solide, les perspectives devraient se dégrader au deuxième semestre, à mesure que la prépondérance des exportations s’estompe et que l’impact des tarifs douaniers américains devient plus visible », prévient Wei Yao, économiste chez Société Générale.
Dans ce contexte, la diversification des portefeuilles et le suivi des indicateurs de consommation, de crédit et d’investissement en Chine deviennent essentiels pour anticiper les risques et occasions dans un environnement économique incertain.