Quatre hommes d'affaires scrutant un graphique descendant.
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Les chercheurs de l’Institut économique de Montréal (IEDM) estiment que le taux officiel d’inflation ne reflète pas les réelles tensions inflationnistes enregistrées depuis le début de l’année.

Depuis plus d’un an, on constate une hausse inhabituelle du niveau général des prix, calculée par l’indice des prix à la consommation (IPC). La détérioration du pouvoir d’achat qui découle de cette hausse serait bien plus prononcée que ce que laisse présager le taux officiel.

« La hausse des prix et de la perte de pouvoir d’achat sont des sujets qui intéressent et touchent directement tous les Québécois, qui doivent pouvoir consulter un compteur de vitesse bien calibré. Étant calculé sur toute l’année qui vient de s’écouler, le taux d’inflation actuel est tourné vers le passé », explique Nathalie Elgrably, économiste senior à l’IEDM.

Le taux d’inflation serait selon cette experte et son collègue Valentin Petkantchin, économiste et vice-président à la recherche à l’IEDM, « rétrospectif » et montrerait simplement ce qui s’est passé dans l’année écoulée. Le taux officiel actuel correspond, en effet, à la variation de l’IPC sur les 12 mois écoulés.

L’IEDM estime qu’un indicateur davantage tourné vers l’avenir serait plus utile. Les experts proposent ainsi d’utiliser un taux composé et annualisé calculé à partir du taux de variation de l’IPC du dernier trimestre.

« Nous l’avons nommé « taux prospectif » d’inflation des prix. Plutôt que de braquer les projecteurs sur l’érosion du pouvoir d’achat par rapport à il y a an, le taux prospectif nous éclaire quant à l’érosion qui nous attend si l’IPC continue sur sa lancée actuelle », déclare Valentin Petkantchin.

Grâce au taux prospectif, on aurait pu constater que le premier signe d’une poussée inflationniste dépassant la cible de 2 % surviendrait en juillet 2020, soit près d’un an avant que les statistiques officielles n’indiquent un écart par rapport à la cible.

« Si l’on fait une analogie avec une voiture, le taux prospectif est à l’inflation des prix ce que le compteur de vitesse est à la voiture. À l’instar du compteur, qui indique immédiatement la distance qui sera parcourue si la vitesse actuelle se maintient au cours de la prochaine heure, le taux prospectif annonce la baisse du pouvoir d’achat à venir si l’IPC continue de croître à la même vitesse », illustre Nathalie Elgrably.