Un homme d'affaire à cheval sur un escargot.
lightwise / 123rf

Les banques du monde entier doivent se préparer à faire face au ralentissement de leur croissance. Faute de se réinventer, une banque sur trois est à risque de mettre la clef sous la porte, révèle une récente étude du cabinet de conseil McKinsey qui sonne l’alarme.

Dix ans après la crise financière mondiale, le secteur bancaire est entré dans la phase de fin de cycle économique. Les signes sont clairs : la croissance des volumes et du chiffre d’affaires est en train de ralentir. Les prêts ont cru de seulement 4% en 2017- 2018, le plus bas niveau des cinq dernières années. Les courbes de rendement sont aussi aplaties. Résultat : la confiance des investisseurs pique du nez.

Pour cette étude, Mckinsey a décortiqué les résultats de 1 000 grandes banques à travers le monde. Près de 60% d’entre elles ne génèrent pas un rendement couvrant leur coût du capital et sont valorisées en dessous de leur valeur comptable. Environ 36 % d’entre elles dégagent une rentabilité moyenne d’à peine 1,6 % (rentabilité sur fonds propres tangibles ou ROTE). Les plus performantes (soit 210 établissements) affichent un résultat dix fois meilleur.

La plupart des banques en difficulté se trouvent en Europe de l’Ouest et dans les pays développés d’Asie, soulignent les auteurs de l’étude.

Les banques européennes font face à des conditions macro-économiques faibles (notamment une croissance lente des prêts et des taux d’intérêt bas). En Asie, « la perturbation rapide du secteur bancaire asiatique est bien connue, en particulier avec une montée rapide de la concurrence des fintechs et des sociétés de plateformes numériques contribuant à une forte détérioration du ROTE de plus de 600 points de base au cours des cinq dernières années. »

Les banques nord-américaines, qui opèrent dans un environnement plus favorable, affichent de meilleures performances au chapitre de la rentabilité. Les banques australiennes et indiennes se tirent également bien d’affaire, selon McKinsey.

Appel à l’action

Face à la situation, les banques n’ont pas le choix de réagir. McKinsey a identifié un ensemble de leviers que les dirigeants devraient utiliser pour améliorer leur situation. Ils diffèrent selon le profil de chaque banque.

  • Les leaders. Ce sont les banques les plus performantes qui opèrent sur des marchés attractifs. Elles sont bien gérées et affichent une rentabilité supérieure. Leur priorité stratégique : maintenir leur performance pour conserver leur position de leader dans un éventuel cycle économique baissier.
  • Les résilients. Ce sont des opérateurs performants qui génèrent une rentabilité malgré les conditions de marché difficiles et les aléas de l’économie. Leur priorité stratégique : maintenir les rendements à tout prix même quand les vents soufflent contraires. Ceux qui sont dans des marchés difficiles, comme les courtiers, il est impératif de réinventer leur modèle opérationnel.
  • Les suiveurs : ce sont des banques de taille moyenne qui génèrent des rendements acceptables, en grande partie en raison d’une dynamique de marché favorable. Par rapport à ses pairs, la force globale de l’entreprise reste faible. Leur priorité stratégique: améliorer rapidement leurs performances opérationnelles pour compenser la détérioration des marchés. Réduire radicalement les coûts.
  • Les challengés : environ 35 % des banques génèrent de faibles rendements sur des marchés peu attrayants. Leur priorité stratégique: il y a urgence d’améliorer leur rendement à l’échelle et de réinventer leur modèle d’affaires au besoin.

« Autant pour les leaders qui cherchent à protéger leurs rendements que pour les banques qui doivent redresser la barre, le moment est venu de prendre des mesures audacieuses et critiques », affirment les auteurs de l’étude.