Le stratège spécialisé dans les produits dérivés de la Société Générale, Olivier Korber, appliquait récemment, dans une note adressée à ses clients, la théorie des jeux à l’impasse actuelle sur le relèvement du plafond de la dette.
La théorie des jeux, bien connue des économistes, permet de trouver la solution optimale à une question en attribuant des paiements à toutes les solutions possibles. Dans l’exemple actuel, Barack Obama et son opposant, John Boehner, ont deux choix: plier et négocier ou tenir leurs positions respectives.
Si les deux protagonistes choisissent de s’entêter et refusent de négocier, ils devront faire face aux conséquences d’un défaut sur la dette américaine, ce qui représente un paiement négatif pour les deux partis. S’ils négocient tous les deux, le paiement, qui représente notamment l’augmentation ou la diminution de leur pouvoir politique, se chiffre à zéro.
La meilleure solution est donc, selon la théorie des jeux, d’attendre que l’un, ou l’autre, plie et décide de négocier. Dans les deux cas, que ce soit Barack Obama ou John Boehner qui plie, le paiement est positif pour l’un des deux protagonistes et négatif pour l’autre.
Risque de collision frontale
« En suivant ce modèle, les États-Unis ne feraient pas défaut sur leur dette, mais aucune des deux possibilités ne laissent présager de négociations sérieuses tôt dans le processus. Lorsque tout sera terminé, un des deux partis devrait pouvoir s’afficher comme un vainqueur clair dans cette affaire», écrit Olivier Korber.
Pour gagner, les deux opposants doivent maximiser leur pouvoir de négociation. Selon Olivier Korber, John Boehner a déjà commis une erreur en déclarant publiquement récemment qu’il ne voulait pas que les États-Unis fassent défaut sur leur dette. Ce faisant, il aurait affaibli son pouvoir de minimiser les conséquences d’un scénario catastrophe, une habileté essentielle afin de pouvoir mettre de l’avant son propre agenda politique.
Obama a quant à lui réaffirmé que son système public de santé devait être un pilier important des négociations actuelles, il a ainsi augmenté son engagement envers ses principes. De plus, il a réussi à réorienter les demandes de l’opposition républicaine autour de cette priorité.
Qui gagnera ce jeu dangereux? Selon Olivier Korber, les deux partis sont un peu comme deux voitures fonçant à toute allure l’une vers l’autre, risquant ainsi une collision frontale.
« Pour gagner cette partie, la meilleure stratégie est de fixer sa direction, d’ouvrir les fenêtres et d’augmenter le volume de sa musique. Ensuite, souriez et accélérez. Le conducteur d’en face changera d’idée », conclut-il.