Un homme d'affaire jouant avec une courbe de taux en hausse comme avec une marionnette.
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En 2023, la Banque du Canada (BDC) et la Réserve fédérale ne dérogeront pas à leur réputation de combattantes de l’inflation pour ramener celle-ci à la cible de 2 %, indique Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de la Banque CIBC, dans une vidéo présentant les perspectives 2023 de l’institution financière sur l’inflation, les taux d’intérêt et le marché de l’habitation.

L’inflation fondée sur l’offre ralentit, ce qui signifie que la situation de la chaîne d’approvisionnement s’améliore et que les coûts d’expédition baissent, constate l’économiste en chef. Autant de signes indiquant que la BDC réussit à composer de mieux en mieux avec l’inflation. Le fait que celle-ci provient de plus en plus de sources nationales plutôt qu’étrangères est aussi un élément encourageant, à ses yeux, car la BDC peut ainsi prendre des mesures pour la contenir.

Chasse à l’inflation

En ce qui concerne le taux directeur, qui est actuellement de 4,25 %, la CIBC est d’avis que le cycle de hausse tire à sa fin. Elle pense qu’il pourrait encore y avoir une augmentation de 25 points de base, mais que la hausse devait ensuite cesser.

Le délai entre le prochain relèvement du taux et le prochain assouplissement sera plus long que les précédents, soit environ une année. Il ne faudra donc pas s’attendre à voir une baisse du taux directeur avant début 2024.

« Les banques centrales doivent s’assurer que l’inflation a disparu avant d’assouplir leurs politiques monétaires », mentionne Benjamin Tal, se référant à la crise du début des années 70. La banque centrale du Canada avait alors assoupli sa politique monétaire trop tôt, rapporte-t-il, ce qui a entraîné une nouvelle vague d’inflation et une double récession au milieu des années 80.

Le taux directeur, qui a varié de 1,75 % au début de la crise à 4,25 % actuellement, et qui pourrait passer à 4,5 % bientôt, devrait redescendre à 3 % d’ici un an, selon CIBC, pour atteindre la cible de 2 %.

Cet objectif pourrait toutefois être compromis si les chaînes d’approvisionnement peinaient à se rétablir et si les sources externes de l’inflation ne diminuaient pas de façon importante. Dans ce cas, la BDC pourrait vouloir relever les taux d’intérêt de 5 à 5,5 %, selon CIBC.

« Cela mènerait à une véritable récession et le taux de chômage augmenterait considérablement », estime l’économiste en chef. Il constate que lorsque les banques centrales ont trop haussé les taux d’intérêt par le passé, elles ont contribué à aider des récessions à s’installer.

Retour au calme du marché de l’habitation

La pause actuelle du marché de l’habitation, étroitement liée aux taux d’intérêt, est considérée par la CIBC comme une période de réaffectation des activités à la suite de la frénésie des années de pandémie.

L’accalmie pourrait se poursuivre en 2023-2024 en raison de la hausse des taux d’intérêt, indique la banque. « L’offre, qui est actuellement plus faible, augmentera, car le brouillard se dissipera », estime Benjamin Tal.

Certains clients pourraient par ailleurs être amenés à vendre leur propriété en raison de l’augmentation des taux d’intérêt, ce qui engendrerait de nouvelles pressions à la baisse sur le marché en 2023.

Pour les prochains mois, il faut s’attendre à une diminution des ventes et à une baisse des prix, surtout dans le segment des petits immeubles, mentionne l’économiste, qui ne craint pas un effondrement du marché, mais prévoit plutôt une « saine correction, car les éléments fondamentaux restent solides ».

Plusieurs facteurs contribueront à alimenter cette correction, notamment la hausse du nombre d’immigrants au cours des prochaines années, qui stimulera la demande et permettra au marché de s’ajuster.