Un petit personnage avec une cravate et une loupe inspectant le mot Budget.
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Le prochain budget fédéral, le premier du gouvernement de Mark Carney, sera déposé le 4novembre, a déclaré mardi le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, au cours de la période des questions.

Il a, comme au cours des derniers jours, vanté le document à être présenté. « Ce sera un investissement générationnel dans notre futur. Nous allons bâtir ce pays. […] Nous allons protéger nos communautés. Nous allons renforcer la position des Canadiens », a-t-il dit.

La veille, le leader parlementaire des libéraux, Steven MacKinnon, avait plutôt affirmé que la présentation du budget aurait lieu en octobre, comme d’autres représentants gouvernementaux l’avaient précédemment indiqué.

Plusieurs experts prédisent un déficit montant en flèche et les libéraux, quant à eux, se contentent de dire que le manque à gagner sera « substantiel ».

Dans une brève mêlée de presse, François-Philippe Champagne a paru lundi minimiser la chose, déclarant que « bien des analystes répandent toutes sortes de chiffres », mais que « le seul chiffre qui comptera pour les Canadiens sera celui des investissements qui seront nécessaires pour bâtir l’économie canadienne du futur ».

Mardi, en sortant de la période des questions, il a eu sensiblement le même discours lorsqu’appelé à dire s’il commençait à s’inquiéter des intérêts sur la dette fédérale.

« C’est sûr qu’on regarde tout ça, mais en même temps, vous comprendrez que, quand on dit qu’on va avoir l’économie la plus résiliente du G7, les gens comprennent que la façon d’y arriver, c’est d’investir », a-t-il dit.

Depuis la campagne électorale, le premier ministre Carney évite de parler d’équilibre budgétaire en termes de déficit. Il insiste plutôt pour faire une distinction entre les « dépenses opérationnelles » du gouvernement qu’il promet de réduire et les investissements dans l’avenir qu’il souhaite faire fructifier.

Ainsi, il a promis d’équilibrer le « budget opérationnel » d’ici 2028. « C’est réduire nos dépenses pour investir plus », a réitéré mardi François-Philippe Champagne à ce sujet.

Dans cette veine, le ministre a écrit en juillet à ses collègues du cabinet pour leur demander de trouver des économies de 15% d’ici 2028-2029 dans des coûts de programmes des ministères dont ils sont responsables.

Le dépôt du budget2025 aurait normalement dû avoir lieu au printemps, mais a été repoussé par le gouvernement Carney, alors fraîchement élu, et ce, même si Ottawa avait entamé les préparatifs avant la campagne électorale.

Le député conservateur Gérard Deltell a souligné, mardi, ce retard. « Ils ont décidé de tout mettre en l’air pour finalement avoir un agenda politique partisan derrière ça. Pendant ce temps-là, on a vu que les déficits ont augmenté, augmenté, augmenté », a-t-il déploré.

Comme le chef conservateur Pierre Poilievre le fait, il reproche au premier ministre Carney, ex-gouverneur de la Banque du Canada, d’être plus dépensier que son prédécesseur, Justin Trudeau.

« On se dirige vers un déficit deux fois pire que M.Trudeau. Qui l’eût cru ? Le grand banquier de réputation internationale fait pire que le professeur de théâtre qu’était M.Trudeau. […] En bout de ligne, ce sont les Canadiens qui vont payer pour ça », a-t-il laissé tomber.

Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, critique aussi les libéraux puisqu’ils tardent à déposer le budget2025.

« C’est très tard, le 4novembre. On trouve ça, vraiment. Ça amène de l’incertitude et les gens ont droit de savoir », a-t-il commenté.

La veille, il avait souligné que le NPD s’inquiète que les économies que souhaite faire le gouvernement dans les coûts de fonctionnement des ministères entraînent des coupes dans les services aux Canadiens.

« Si c’est juste des coupures, des coupures, des coupures, je ne vois pas comment […] on pourrait appuyer ça », a dit lundi Alexandre Boulerice au sujet du vote de confiance qui suivra le dépôt du budget.

L’appui pourrait aussi être difficile à obtenir dans le camp bloquiste, avait également signalé le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, affirmant que « ça regarde bien mal » étant donné l’imposant déficit attendu.

Outre les partis d’opposition, le directeur parlementaire du budget par intérim, Jason Jacques, s’est inquiété que le gouvernement ne dispose pas, à sa connaissance, d’ancrages budgétaires.

Il a rappelé mardi devant le comité parlementaire des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires que la prédécesseure de François-Philippe Champagne, Chrystia Freeland, « avait pour ancrages budgétaires un plafond du déficit annuel à 1% du PIB, ainsi qu’une baisse du ratio dette/PIB ».

« À ma connaissance, ils n’ont pas été réitérés par le gouvernement actuel », a-t-il souligné, ajoutant que cela rend impossible la tâche « d’évaluer la probabilité que le gouvernement atteigne un objectif budgétaire quelconque ».

Interrogé sur la possibilité que le déficit frôle les 100milliards de dollars (G$), Jason Jacques a refusé de commenter. « Nous pourrions atteindre les 100G$, ou peut-être pas », a-t-il lancé.

Il a précisé que la dernière fois qu’il avait vu de telles projections, c’est en 2021-2022, durant la pandémie.