« Les taux d’intérêt sont bas, le pays a besoin d’infrastructures et les déficits évoqués ne sont pas énormes, alors la stratégie est intéressante dans le contexte ou la plate-forme économique libérale semble plus diversifiée et que la démarche vise à rehausser le potentiel de croissance économique au pays », a souligné François Dupuis vice-président et économiste en chef, Mouvement Desjardins, mercredi, dans la rencontre inscrite dans le cadre de la Série Économie Mondiale et tenue sous forme de table ronde.
Paul Fenton, vice-président principal et économiste en chef, Caisse de dépôt et placement du Québec, évalue que les impacts de cette politique d’investissement ne se feront pas sentir en 2016, mais plutôt à compter de 2017 et plus particulièrement en 2018.
Évoquant la faiblesse de la croissance économique mondiale, mais aussi au Canada et au Québec, Stéfane Marion, économiste et stratège en chef, Banque Nationale, se demande d’ailleurs s’il ne faut pas considérer cette situation comme la « nouvelle normalité » économique.
« L’économie doit réaliser son potentiel et pour ça, il faut se réinventer et aller au-delà des investissements dans les infrastructures. Il faut miser sur l’innovation », a ajouté Stéfane Marion.
« Nous sommes en panne au niveau de l’investissement au Québec », estime-t-il. Selon Stéfane Marion, le Québec doit se donner les moyens de sortir de la faible zone de croissance économique dans laquelle elle se trouve.
Pour y parvenir et générer plus de revenus au niveau des finances publiques, « il ne faut pas toucher à la TVQ », dit Stéfane Marion. Il croît plutôt que Québec, tout en envisageant une baisse des impôts, devrait avoir recours à des hausses de taxes ciblées, visant par exemple « la malbouffe et l’alcool » de manière à dégager le milliard qu’il comptait dégager avec une hausse de la TVQ.
Le pari chinois
Estimant que le prix du baril de pétrole devrait croître de manière à atteindre de 45 $ à 60 $ en 2016, les économistes ont fait part d’un certain optimiste face à l’économie américaine, soulignant sa croissance demeurera tout de même tributaire du contexte économique mondial.
« La Chine est en train de changer de modèle économique, ça va prendre du temps et c’est sûr que ça va pénaliser la croissance économique mondiale au cours des prochaines années », a lancé François Dupuis.
« Je pense qu’ils vont arriver à changer de modèle, mais il reste des choses importantes à réaliser, par exemple délaisser les investissements massifs et se concentrer sur la consommation interne, notamment en donnant aux Chinois les moyens de consommer et en s’assurant de la mise en place de programmes sociaux », a-t-il ajouté.
Pour Stéfane Marion, il est primordial que le Fonds monétaire international (FMI) accorde au yuan le statut de monnaie de réserve. Dans le cas contraire, le yuan serait sans doute touché par une nouvelle dévaluation. « Si le yuan est refusé au sein du FMI à titre de monnaie de réserve, la probabilité d’une récession mondiale est beaucoup plus grande. Je dirais toutefois que les chances que ce refus se concrétise sont faibles ».
Rappelons qu’à tous les cinq ans Le FMI réexamine la composition et la valorisation un panier du panier de droits de tirage spéciaux (DTS), destiné à compléter les réserves officielles existantes des pays membres. La révision en cours est prévue d’ici la fin de l’année.
« C’est la première fois que les Chinois se voient contraindre d’écrire un plan quinquennal dans un contexte d’intégration aux marchés financiers mondiaux », dit Stéfane Marion, qui estime que les changements touchant l’économie chinoise vont survenir dans un horizon de cinq ans plutôt que celui de dix ans généralement évoqués.
« Cette réforme va représenter un choc extraordinaire pour l’économie mondiale, car cela revient à forcer un gouvernement communiste à aller vers une économie de marché. Il s’agit d’un choc brutal la Chine, qui n’a toutefois aucun autre choix que de réformer son économie et pour s’assurer que son modèle soit viable, elle a besoin des marchés des capitaux mondiaux, ce qui est une première », constate Stéfane Marion.