Cela marque le revirement complet d’une tendance qui durait depuis longtemps. De 2008 à 2011, les fonds d’actions américaines ont subi des sorties de capitaux de 4,2 G$.
Il n’est pas surprenant que les mouvements de capitaux aient suivi les rendements. L’Indice composé S&P/TSX d’actions canadiennes a reculé de 9 % en 2011 tandis que l’indice américain S&P 500 a progressé de 4 % (en dollars canadiens). Le marché canadien s’est repris au cours des années suivantes, mais les actions américaines ont caracolé en tête. L’affaiblissement du huard a amplifié ces gains une fois convertis en dollars canadiens. Ce fut surtout le cas l’année dernière, lorsque le S&P 500 a augmenté de 41 % contre seulement 12 % pour le TSX. Il n’est donc pas surprenant que les canadiens soient allés voir au Sud.
Ces investisseurs ont peut-être fait le bon choix, mais pour les mauvaises raisons. Les investisseurs qui font la chasse aux rendements exceptionnels finissent souvent en larmes car ils investissent une fois que le plus gros du magot a déjà été pris. Les évaluations plus élevées signifient que les rendements ne seront vraisemblablement pas aussi solides. Cela pourrait bien être le cas des actions américaines. Même en étant généreux sur les évaluations, le marché américain ne semble pas particulièrement bon marché. Le S&P 500, par exemple, se négocie à 16,5 fois les bénéfices prévus pour l’année prochaine, avoisinant son sommet précédent en 2007.
Cela ne veut pas dire que le marché américain ait fini de grimper. Ce n’est pas non plus un argument pour ne pas investir dans les actions américaines. Elles en valent vraiment la peine sur le plan de la diversification. Dominé par les secteurs des services financiers, de l’énergie et des matériaux, le marché canadien offre une faible participation aux actions de la technologie, des soins de la santé et de la consommation, qui sont des secteurs importants du S&P 500.
Qui plus est, le prix des marchandises affecte l’économie canadienne à un degré plus important. Les États-Unis sont peut-être le plus gros consommateur du pétrole, gaz naturel et autres marchandises canadiennes, mais la demande de la Chine et d’autres marchés émergents à croissance solide a progressé plus rapidement, et l’activité économique en dehors des États-Unis est devenue un moteur important du prix des marchandises. Enfin, puisque les dollars américain et canadien peuvent se comporter différemment, les actions américaines offrent une diversification au niveau des devises.
Par conséquent, les marchés américain et canadien n’évoluent pas en tandem, malgré leur proximité géographique. Au cours des dix dernières années, la corrélation entre l’lndice composé S&P/TSX et l’Indice S&P 500, tel que mesuré par le R-carré, a été de seulement 49 % (un R-carré de 100 % indiquerait une corrélation parfaite). En revanche, la corrélation du TSX avec l’Indice MSCI Marchés émergents est de 76 %, reflétant l’influence des marchés émergents sur les marchés canadiens. Le TSX est aussi davantage lié au marché mondial qu’aux États-Unis. La corrélation du TSX avec l’Indice MSCI Monde est de 64 %.
Malheureusement pour les investisseurs dans les fonds canadiens, la catégorie Actions américaines est un groupe assez pitoyable : le S&P 500 a obtenu un rendement de 5,3 % par an au cours des dix dernières années (en dollars canadiens) mais le fonds d’actions américaines médian n’a augmenté que d’environ 3,8 %. Cet écart s’explique certainement davantage par les frais élevés que par l’inaptitude des gestionnaires.
Le fonds médian de la catégorie Actions américaines exige un ratio de frais de gestion de 2,5 %, obstacle important à surmonter même pour le meilleur des gestionnaires, particulièrement dans un marché très efficient comme celui des États-Unis. Dans cette conjoncture, prendre le parti des FNB pourrait être plus attrayant pour ceux qui peuvent y investir. Le fonds iShares S&P 500 Index ETF XUS a récemment baissé ses frais de gestion à 0,1 % par an. La plupart des gestionnaires actifs d’actions américaines auront peine à surpasser le rendement de ce FNB à long terme.
Fonds préférés
Heureusement, ceux qui choisissent la gestion active (ou ceux qui n’ont pas le choix) disposent de quelques options attrayantes. Voici celles que nous préférons.
Fonds Fidelity Toutes Capitalisations Amérique : lancé en 2013, ce fonds relativement nouveau est dirigé par John Roth, qui travaille à Fidelity depuis 15 ans. M. Roth est parvenu à doubler les gains du S&P 500 avec son dernier mandat, le fonds Fidelity New Millennium domicilié aux États-Unis qu’il gère depuis 2006. Comme l’indique le nom du fonds, il emploie une approche toutes capitalisations, donnant au fonds une participation à de plus petits avoirs que la plupart des fonds dans la catégorie. Ce penchant, conjugué à son style axé sur la croissance, peut parfois se traduire par un parcours chaotique. Par contre, M. Roth a assez bien géré la volatilité, en maintenant un portefeuille bien diversifié et en limitant la pondération aux actifs plus risqués. Il a également pu compter sur les 70 membres de l’équipe américaine de recherche de Fidelity, une armée d’analystes avec laquelle toute société canadienne aurait du mal à rivaliser, du moins par la taille.
Fonds de valeur américaine CI : les gestionnaires David Pearl, William Priest et Michael Welhoelter, tous trois co-fondateurs de la firme de conseil Epoch Investment Partners, privilégient la croissance des flux de trésorerie. Leur participation sectorielle ne varie pas énormément de celle du S&P 500, mais le portefeuille de 60 actions est loin d’être un clone de l’indice. Nous admettons que ce fonds n’a pas été très performant au cours des dernières années mais sa performance à long terme demeure exceptionnelle. La Banque TD a racheté Epoch à la fin de 2012, accroissant le risque que CI mette fin à sa relation avec Epoch. La stabilité de la gestion soulève des inquiétudes, mais TD a mis en place de nombreuses mesures incitatives afin de retenir les gestionnaires d’Epoch, du moins à court et à moyen termes. Les investisseurs peuvent également investir dans ce mandat par le biais du Fonds valeur de grandes sociétés américaines TD .
Fonds de valeur américain RBC O’Shaughnessy : lorsque le gestionnaire Jim O’Shaughnessy a lancé ses fonds en 1997, peu de sociétés concurrentes utilisaient des approches quantitatives. Aujourd’hui, elles sont bien plus répandues, et M. O’Shaughnessy, sous-conseiller de ce produit pour RBC, a dû redoubler d’efforts pour maintenir son avance. Il a par exemple modifié son approche au cours des dernières années afin de rehausser la participation du fonds aux avoirs préférés du modèle quantitatif. Le modèle recherche des sociétés relativement bon marché qui ont un bilan solide et affichent une forte croissance des bénéfices, puis réduit sa liste à 50 titres. Le fonds a été performant depuis le remaniement de son modèle en 2011, ce qui pourrait être de bon augure. Il possède un énorme avantage de prix : le RFG de la série A de 1,56 % est l’un des plus faibles parmi les fonds d’actions américaines vendus par les conseillers. Les investisseurs autonomes trouveront aussi que le RFG de 1,23 % de la série D est attrayant. Le fonds n’offrira pas les mêmes avantages en matière de devises que d’autres fonds de la liste, du fait que sa participation au dollar américain est couverte.
Fonds Valeurs sûres américaines TD : ce fonds accorde sa préférence à des actions américaines à grande capitalisation bien connues, bien qu’il contienne aussi à l’occasion quelques petites sociétés prometteuses. Le gestionnaire Larry Puglia de la société T. Rowe Price gère la version américaine de ce fonds depuis 1993, ce qui fait de lui l’un des gestionnaires d’actions américaines les plus aguerris au Canada. Son style axé sur la croissance attire la volatilité, bien que les outils quantitatifs de gestion du risque qu’il utilise depuis 2007 lui aient permis d’en conserver le contrôle. Le profil de risque/rendement du fonds a depuis lors l’air supérieur à celui de ses rivaux. Comme son concurrent de chez Fidelity, M. Puglia jouit du soutien d’une équipe d’analystes très bien fournie.
Fonds nord-américain de valeur RBC : ce fonds plaît aux investisseurs cherchant à la fois une participation canadienne et une participation américaine. Les gestionnaires Stu Kedwell et Doug Raymond ont la souplesse d’investir au Canada et aux États-Unis selon là où ils voient des occasions. Ils commencent par utiliser l’outil de tri quantitatif de RBC pour réduire leur univers, puis le duo cherche des sociétés qui obtiennent un rendement élevé sur le capital investi. Bien que les gestionnaires soient axés sur la valeur, ils évitent de miser sur les sociétés qui ont connu un redressement subit. Les résultats de l’équipe surpassent la plupart de ceux de leurs rivaux de la catégorie Actions en majorité canadiennes.