Une gemme d'affaire de dose devant un tableau ou on voit pleins de traces de craie avec quelques dessins qui ressortent dont des points d'interrogation, une ampoule, un point d'exclamation.
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Alors que de plus en plus d’investisseurs veulent investir de manière durable, les craintes vis-à-vis de l’écoblanchiment grandissent, rapporte Investment Executive. Les fonds ont-ils réellement un impact positif ou tout n’est qu’une question de marketing?

« Les investisseurs et les conseillers nous le disent haut et fort : il y a beaucoup de jargon », a commenté Fate Saghir, responsable de l’investissement durable chez Mackenzie Investments, lors d’un panel à la conférence annuelle virtuelle de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC).

Selon l’experte, les organismes de réglementation devraient créer un cadre pour régir la façon dont les entreprises et les gestionnaires d’actifs peuvent promouvoir les fonds ESG (environnement, social et gouvernance) à l’avenir.

« Comment nous assurer que nous racontons tous une histoire cohérente, que nous restons fidèles aux valeurs, mais néanmoins que nous ne créons pas autant de confusion que nous l’avons fait jusqu’ici? », s’est-elle questionnée.

John Hale, responsable mondial de la recherche sur le développement durable chez Morningstar, souligne que le jargon est également problématique pour les régulateurs. Le problème étant qu’il n’y ait pas une seule approche distincte de l’investissement durable.

« La clarté des termes, ainsi que la transparence sur les approches utilisées, seront essentielles pour aider les investisseurs à mieux comprendre les fonds d’investissement durable, a-t-il souligné. Cela permettrait, à son tour, de réduire le fossé des attentes que, je pense, beaucoup d’investisseurs peuvent avoir vis-à-vis de leurs fonds. »

Un autre problème, selon lui, serait le décalage entre ce que les investisseurs et les conseillers imaginent être un fonds durable et l’approche réellement adoptée. Pour résoudre ce problème, il estime qu’il faudrait appliquer des normes ou des divulgations supplémentaires pour les fonds durables ou ESG.

Le CFA Institute est en train de développer des divulgations volontaires pour les sociétés de fonds. Toutefois, ces informations ne sont pas censées être une norme d’étiquetage et n’exigent pas que les fonds atteignent certains seuils pour être considérés comme ESG, ce qui, en soi, constitue un problème selon l’IFIC. « Les normes pourraient faciliter plutôt qu’atténuer l’écoblanchiment », selon l’organisme.

Sean Hagerty, directeur général pour l’Europe du Vanguard Group, estime toutefois qu’il ne faut pas juger aussi durement l’investissement ESG. « C’est un domaine qui existe depuis un certain temps, mais qui semble encore assez nouveau, souligne-t-il. Je pense qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir jusqu’à ce que nous, en tant qu’industrie, nous sentions vraiment bien dans ce que nous disons et comment nous parlons aux investisseurs, et construisons des portefeuilles et gérons les différentes dynamiques de rendement. »

L’animateur du débart, Frederick Pinto, SVP et responsable de la gestion d’actifs chez Aviso Wealth, estime qu’il est important que le secteur de la gestion d’actifs au Canada détermine le rôle qu’il veut jouer à l’avenir. À l’heure de la pandémie et du rapport alarmant de la GIEC, les questions ESG sont maintenant au centre des projecteurs.

Selon Morningstar, les investissements dans les fonds durables ont augmenté de plus de 50 % au Canada l’an dernier.

« Il est clair que nous sommes à un point de basculement critique pour l’ESG », souligne-t-il en conclusion.