Loi 188 : l'industrie presse Leitao de repousser les délais

« Nous avons abordé plusieurs sujets importants pour l’économie du Québec et nos échanges ont été constructifs. Plusieurs sujets vont nécessiter que nous poursuivions nos discussions, mais je tiens à souligner l’esprit de collaboration dans lequel les travaux se sont déroulés », a-t-il déclaré.

RPC et RRQ

Il a été convenu lors de cette réunion qu’Ottawa ne bougerait pas avant plusieurs mois dans le dossier de la réforme du Régime de pensions du Canada (RPC), histoire de prendre le temps de mener des consultations, a précisé Bill Morneau, ministre des Finances dans le gouvernement Trudeau.

« Nous n’avons pas pris d’engagement ferme, et ce n’était pas l’objectif de la rencontre d’aujourd’hui (…) Notre objectif, c’est que dans un an, nous ayons davantage de choses à dire aux Canadiens à ce sujet », a-t-il résumé en point de presse à l’issue de la rencontre.

Le Québec, qui s’est doté de son propre régime de retraite, s’est dit ouvert à procéder à des modifications, mais dans la mesure où celles-ci seront « ciblées », a pour sa part spécifié le ministre québécois des Finances, Carlos Leitao.

« Ce ne sont pas tous les groupes de travailleurs qui ont besoin d’une amélioration du régime de pension », a-t-il prévenu. Il serait ainsi « potentiellement » pertinent d’améliorer le système de prestations pour ceux dont le revenu annuel oscille entre 50 000 $ et 75 000 $, a signalé Carlos Leitao.

Des ajustements majeurs au RPC nécessiteraient le soutien d’au moins sept des dix provinces représentant au moins les deux tiers de la population du pays.

Un changement éventuel au régime canadien aurait un impact sur le Régime des rentes du Québec (RRQ), a indiqué Carlos Leitao. « C’est clair qu’on ne peut pas avoir au Canada un système de pensions qui soit complètement balkanisé », a-t-il expliqué en mêlée de presse.

Dans cet esprit, le Québec continuera de travailler avec le gouvernement fédéral, et en étroite collaboration avec les autres provinces et les territoires, afin d’évaluer les possibilités d’apporter une bonification modeste, graduelle et pleinement capitalisée au RPC et au RRQ. Cette bonification devra répondre spécifiquement aux besoins des personnes aux prises avec une perspective de revenus insuffisants au moment de prendre leur retraite.

« Nos travaux devront toutefois tenir compte de l’évolution démographique du Québec caractérisée par un vieillissement plus rapide de la population qu’ailleurs au Canada, de la situation financière moins favorable du Régime de rentes du Québec ainsi que de l’impact de toute bonification sur l’économie » a tenu à préciser le ministre Leitao.

Situation économique et budgétaire

La rencontre a été l’occasion de faire le point sur la difficile réalité économique canadienne à laquelle est confronté le nouveau gouvernement libéral, alors que les finances du pays sont mises à mal par la dégringolade des prix de l’énergie.

Les ministres des Finances ont d’ailleurs entamé leur rencontre par une discussion avec le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen S. Poloz, sur les perspectives économiques canadiennes et internationales.

Sur le plan économique, Carlos Leitao a mentionné que la croissance économique se poursuit au Québec, soutenue principalement par la consommation des ménages et par la bonne tenue des exportations.

D’ailleurs, les perspectives économiques de la mise à jour de novembre 2015 du Plan économique du Québec tablent sur une croissance du PIB réel de 1,5 % en 2015, soit le même rythme qu’en 2014, et sur une légère accélération en 2016 pour atteindre 1,7 %.

« L’an prochain, le renforcement de l’économie américaine et le taux de change favorable contribueront à la progression de nos exportations. De plus, la consommation des ménages continuera d’être soutenue par la création d’emplois. Notre économie devrait également bénéficier d’un apport accru de l’investissement des entreprises », a indiqué le ministre Leitao.

Sur le plan budgétaire, il a souligné que la mise à jour de l’automne 2015 a confirmé l’atteinte de l’équilibre budgétaire en 2015 2016.

Investissements en infrastructures

Le nouveau grand argentier à Ottawa est revenu sur certaines promesses faites par les libéraux pendant la campagne, dont l’Allocation canadienne aux enfants et les investissements massifs en infrastructure.

Au cours des 10 prochaines années, le Québec compte investir 88,4 milliards de dollars (G$) dans le cadre de son Plan québécois des infrastructures (PQI).

« Les investissements en infrastructures constituent un levier important pour la croissance économique, d’ailleurs l’Ontario et le Québec avaient demandé conjointement lors de la dernière rencontre une contribution plus importante du gouvernement fédéral. Le Québec salue donc l’augmentation prévue de 60 G$ des investissements fédéraux annoncés en campagne électorale. Je souhaite que ces nouveaux fonds et les versements se concrétisent rapidement, qu’ils respectent le poids démographique du Québec et qu’ils puissent contribuer au développement de tous les projets d’infrastructures jugés prioritaires pour le Québec », a précisé Carlos Leitao.

Transfert canadien en matière de santé

Le ministre québécois dit maintenant avoir l’intention de suivre de près l’évolution d’un autre dossier: celui du réajustement du Transfert canadien en matière de santé (TCS), qui n’a pas fait l’objet de discussions, lundi.

Tout en saluant l’engagement fédéral d’investir davantage en santé, le ministre Leitao a rappelé du même souffle le manque à gagner important découlant des changements annoncés à compter de 2016-2017 par l’ancien gouvernement fédéral à l’égard du TCS.

« L’annonce fédérale en santé est un pas dans la bonne direction. Toutefois, pour contribuer de façon plus équitable aux dépenses en santé des provinces, le gouvernement fédéral doit ramener graduellement son financement à une part représentant 25 % de ces dépenses, soit à un niveau comparable à celui de 1977 1978, a expliqué Carlos Leitao. C’est un sujet de première importance pour le Québec et nous continuerons de suivre de près les travaux menés par nos collègues les ministres de la Santé qui porteront ce dossier. La volonté de concertation du nouveau gouvernement fédéral devrait permettre au Québec de faire valoir ses points de vue dans ce dossier » de conclure celui-ci.

Le ministre a par ailleurs réitéré la demande du Québec que le TCS tienne compte du poids démographique des personnes de 65 ans et plus, puisqu’il a été démontré qu’il en coûte de cinq à six fois plus cher pour soigner ces personnes que celles de moins de 65 ans.

Pendant la campagne électorale, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, avait demandé dans une lettre envoyée à tous les chefs de partis fédéraux d’augmenter le TCS afin qu’il représente 25 % des dépenses en santé des provinces.

Photo : Parti libéral du Québec.

Avec la Presse Canadienne