Les portefeuilles gérés offerts aux investisseurs individuels sont principalement construits en se référant à la théorie moderne du portefeuille, qui a eu pour pionnier Harry Markowitz, un économiste dont les titres de noblesse comprennent un Prix Nobel d’économie. Cette théorie propose que, pour un niveau de risque donné (défini comme la variabilité des rendements), des catégories d’actifs faiblement corrélées peuvent être combinées pour créer un portefeuille dit « de frontière efficiente » qui optimise les rendements attendus des placements. Construire un tel portefeuille demande que l’on détermine le risque qu’un investisseur va accepter, que l’on choisisse la combinaison d’actifs optimale pour ce niveau de risque, et que l’on recherche et achète des placements permettant de réaliser la combinaison d’actifs choisie.
Alors que la théorie moderne du portefeuille prévaut dans l’industrie du placement, tous les gestionnaires financiers ne se prosternent pas sur l’autel de la frontière efficiente. Parmi les non-croyants, on trouve RiverFront Investment Group, société de Richmond en Virginie, qui emploie une approche plus active de la construction de portefeuille, qu’elle appelle le placement dynamique. (Dans l’industrie du placement, ce type de discipline est communément appelé répartition tactique de l’actif.)
La définition du risque de RiverFront est facile à comprendre pour les investisseurs : perdre de l’argent. Son approche tactique part du principe qu’il y a une forte corrélation inverse entre le rendement d’un placement et le prix payé pour un actif par rapport à sa tendance historique.
Essentiellement, c’est une discipline de réduction du risque qui consiste à acheter à bas prix et à vendre cher. Comme l’explique le président et directeur général du placement Michael Jones, « Les catégories d’actifs surévaluées tendent à chuter plus fort et plus vite que les actifs achetés à un prix qui reflète déjà un rabais important par rapport aux moyennes historiques. »
RiverFront offre six portefeuilles conçus pour répondre à divers horizons temporels et besoins en revenu et croissance, testés rétroactivement afin de minimiser les probabilités de pertes. À mesure que la valeur des actifs augmente ou diminue, les combinaisons du portefeuille changent, les gestionnaires vendant des actifs chers et achetant des actifs bon marché.
Les fonds négociés en bourse se prêtent à cette approche du placement, et représentent les principaux actifs dans les portefeuilles de RiverFront. La firme offre aussi des versions de ces six portefeuilles contenant seulement des FNB; deux de ces stratégies – Croissance et revenu modérés et Croissance mondiale – ont été ajoutés à la fin de l’année dernière par Gestion d’actifs CIBC aux produits de sa filière de courtage de plein exercice CIBC Wood Gundy. (Les portefeuilles de FNB sont libellés en dollars américains et demandent un placement minimum de 50 000 $US.)
L’approche principalement quantitative de RiverFront à la construction de portefeuille est complétée par la latitude accordée au gestionnaire de procéder à des ajustements pour des raisons liées à la gestion du risque, ou de tirer parti d’occasions spéciales. Par exemple, la stratégie Croissance mondiale a une cible de 100 % d’actions, mais la répartition d’actifs pourrait consister en 80 % d’actions et 20 % de placements à revenu fixe selon la vision des marchés qu’a le gestionnaire de portefeuille.
Comment donc les rendements de portefeuille de RiverFront se comparent-ils aux indices de référence acceptés, et à quel degré la société minimise-t-elle le risque de perte? Un examen de l’historique des six stratégies de RiverFront (sans compter les versions composées uniquement de FNB) pour les périodes se terminant le 31 mai révèle des résultats mitigés :
La stratégie la plus prudente, appelée Revenu fixe dynamique, a une affectation d’actifs cible de 100 % de placements à revenu fixe. (Remarque : Il n’y a aucun rapport entre les stratégies dites « dynamiques » de RiverFront et la famille de fonds communs canadiens Dynamique.)
La stratégie de revenu fixe de RiverFront a eu un rendement dépassant de 0,75 % son point de repère, l’indice Barclays U.S. Aggregate Bond, ces trois dernières années, mais qui lui est inférieur de 1,05 % depuis sa création il y a près de quatre ans. Cette dernière année, le rendement a été de -0,53 % : 3,5 points de pourcentage de moins que l’indice, donc un coup clairement raté du point de vue de la minimisation du risque.
Les deux stratégies suivantes sur l’échelle du risque — Constructeur de revenu prudent (combinaison cible : 30 % d’actions américaines et 70 % de titres américains à revenu fixe) et Croissance et revenu modérés (50 % / 50 %) — ont eu un rendement inférieur à leurs indices sur toutes les périodes. Les indices de référence sont des combinaisons du S&P 500 et du Barclays U.S. Aggregate Bond Index.
La stratégie Revenu dynamique d’actions de RiverFront a une affectation cible de 70 % d’actions mondiales et de 30 % de titres à revenu fixe américains. Son historique est plus court que son horizon de placement déclaré de 7 à 10 ans, mais ses rendements à ce jour sont prometteurs. Depuis sa création il y a six ans, il a dépassé de 0,83 % son point de repère hybride qui mêle l’Indice MSCI Monde tous pays et le Barclays U.S. Aggregate Bond Index.
Les stratégies les plus risquées – Affectation mondiale (80 % d’actions et 20 % de titres à revenu fixe américains) et Croissance mondiale (100 % d’actions) – ont surpassé le rendement de leurs points de repère respectifs de 0,08 % et de 0,34 % sur 10 ans, et de 0,59 % et 0,75 % depuis leur création il y a plus de 11 ans. Le point de repère de la stratégie Affectation mondiale est une combinaison de l’Indice MSCI Monde tous pays et de l’indice Barclays U.S. Aggregate Bond, et la stratégie Croissance mondiale n’a pour point de repère que l’Indice MSCI Monde tous pays.
Cinq des six stratégies de RiverFront ont perdu de l’argent pendant les années où les rendements de leur indice de référence ont été négatifs. Certaines pertes ont été pires que celles de l’indice, d’autres moins sérieuses. La sixième stratégie, Revenu fixe, a affiché un rendement positif en 2013, année de baisse pour les fonds à revenu fixe, mais a perdu de l’argent en 2014, année où l’indice a affiché un rendement de 5,97 %. L’affirmation selon laquelle le placement « dynamique » minimise les pertes des investisseurs semble sujette à caution.
Les nouvelles versions composées uniquement de FNB des six mêmes stratégies se sont comportées de la même façon que les portefeuilles originaux. À noter : les rendements bruts (avant les frais) des stratégies Affectation mondiale et Croissance mondiale depuis leur création il y a neuf ans ont dépassé ceux de leur point de repère, mais une fois déduits les frais liés aux services conseils et autres coûts de placement, le rendement excédentaire disparait.
Comme pour les autres approches de placement, la répartition tactique de l’actif fonctionne… parfois. Comme pour tant de fonds, les frais pourraient effacer, en totalité ou en partie, la valeur ajoutée.