Un homme avec une aiguille regardant une bulle dans laquelle on voit de la croissance.
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Jeremy Grantham, célèbre investisseur et cofondateur de GMO, craint que nous soyons dans la phase terminale d’une « super-bulle », rapporte le site Real Investment Advice.

Pour appuyer son point, ce dernier a comparé les super-bulles des années 2000 et 2008. Il a notamment remarqué que l’une des caractéristiques communes à ces événements est une reprise du marché baissier après une phase initiale de baisse.

En 2022, nous avons assisté à une baisse brutale qui s’est prolongée jusqu’au milieu de l’année. Les mois de juillet et d’août ont connu un rebond de survente. Selon la théorie de Jeremy Grantham, il faudrait donc s’attendre à entamer la troisième phase d’une super-bulle, soit un déclin plus lent et brutal qui coïnciderait avec une détérioration des fondamentaux.

Le plus grand défi pour les investisseurs est de discerner en permanence la différence entre les mouvements de marché à court terme et les moteurs fondamentaux à long terme des marchés.

En ce moment, les investisseurs estiment que les faibles taux d’intérêt justifient le fait de surpayer les bénéfices et les ventes. Comme les valorisations, et les fondamentaux en général, mettent longtemps à se manifester sur les marchés, il n’est pas surprenant que les investisseurs les écartent dans le feu du marché haussier, note Jeremy Grantham.

Selon lui, ces dernières années, il était facile d’ignorer les valorisations puisque la Réserve fédérale (Fed) faussait les marchés en injectant de manière répétée de l’argent.

Actuellement, la Fed a changé d’attitude et resserre agressivement sa politique monétaire pour ralentir la croissance économique et réduire l’inflation. Mais la situation est-elle réellement différente?

« Les données économiques accusent inévitablement un retard par rapport aux grands tournants de l’économie. Pour aggraver les choses, au tournant d’événements comme 2000 et 2007, des séries de données comme les bénéfices des entreprises et l’emploi peuvent ensuite être massivement révisées à la baisse. C’est pendant ce décalage que se produit généralement le rallye du marché baissier », prévient Jeremy Grantham.

Quant aux données positives comme le plein emploi, l’expert note que ces données sont souvent au vert lors des super-bulles économiques. « Le vieillissement du cycle et la quasi-perfection temporaire des fondamentaux ne laissent aux données économiques et financières qu’un seul chemin à parcourir. »

Il note ainsi un certain nombre de problèmes actuels qui pourraient nuire de façon durable à l’économie, notamment :

  • le resserrement de la politique monétaire de la Fed qui réduit la liquidité du marché de 95 milliards de dollars par mois;
  • l’inflation qui pèse sur l’épargne et les dépenses des consommateurs et qui pourrait éroder finalement les marges des entreprises;
  • les prévisions de bénéfices qui restent trop optimistes, ce qui nécessite une baisse des prix des actifs pour compenser;
  • les licenciements qui se multiplient alors que les embauches ralentissent par le fait que les PDG et les consommateurs se préparent à faire face à une récession.

Compte tenu du contexte économique et financier actuel, si le présent marché baissier atteint effectivement son point le plus bas en juillet, ce serait la première fois qu’une telle situation se produirait dans l’histoire. Toutefois cela n’est pas à écarter, car chaque cycle est différent et unique. Il se pourrait donc que cette « super baisse » ne survienne pas.