À la recherche de la valeur dans les marchés latéraux

Nous avons parlé de la recherche de valeur dans les marchés haussier et baissier, mais qu’en est-il de la recherche de valeur dans les marchés latéraux, c’est-à-dire ceux qui restent dans une même fourchette? Les marchés latéraux sont des périodes prolongées d’appréciation faible ou inexistante des actions, ponctuées par des poussées d’activité qui n’aboutissent pas à grand-chose.

Comme dans le film Sideways, où deux hommes d’âge moyen s’égarent sérieusement lors d’un voyage parmi les vignobles de Californie, les marchés latéraux s’égarent et ne conduisent nulle part. On espère et on attend beaucoup, mais tout ne fait que rester au point mort et rien ne semble aller de l’avant de façon marquée. La plupart des marchés non émergents se trouvent coincés dans cette situation depuis l’effondrement des valeurs technologiques en 2000.

Ce qui est très surprenant au sujet des marchés latéraux est leur fréquence. Les marchés se sont trouvés en mode de stagnation pendant plus de 100 des 140 dernières années.

Les marchés latéraux actuels ont pris beaucoup d’investisseurs par surprise parce que jusqu’en 2000, nous nous trouvions dans un des marchés haussiers les plus longs et les plus riches de l’histoire. De nombreux participants au marché avaient l’impression erronée que les augmentations et les mouvements haussiers constants étaient la norme : ils ne sont pas prêts à naviguer les marchés latéraux, qui dans l’ensemble sont volatils, stagnants et décevants.

Les marchés latéraux sont trompeurs

Les marchés latéraux jouent en fait un rôle utile en liquidant les excès d’un marché haussier et en permettant au cours des actions de se rapprocher des évaluations réalistes des sociétés.

Mais parfois, les investisseurs résistent aux pressions à la baisse et réagissent d’une manière folle. La réaction des investisseurs irrationnels peuvent créer une volatilité extrême et, à certains points, même pousser le marché vers de nouvelles hauteurs trompeuses. En fait, lorsque nous avons commencé à parler des marchés latéraux actuels au milieu des années 2000, beaucoup de nos clients se sont posé la question de savoir si notre théorie était correcte. Le cours des actions a continué à escalader vers de nouvelles hauteurs boursières, avec une apogée en automne 2008, quelques mois avant le krach qui a suivi.

Pour beaucoup, cela faisait figure de début d’un marché haussier à long terme. Mais c’est exactement la manière dont réagissent les marchés qui restent dans une même fourchette; on ne cesse de voir de nouveaux sommets atteints dans un marché latéral. Les investisseurs veulent que les bons moments persistent, et ils se comportent souvent comme si nous pouvions échapper à une inévitable correction. Malheureusement, ce n’est pas comme ça que ça marche. Les marchés latéraux sont en dents de scie, avec des évaluations qui se stabilisent à la baisse avec le temps, permettant aux cours et à la valeur de se trouver de nouveau en alignement.

Quand est-ce qu’on arrive?

Les marchés latéraux peuvent durer longtemps, et c’est la raison pour laquelle il faut une stratégie pour y naviguer. Après une longue période d’exubérance, les marchés capitulent, se consolident et, historiquement, prennent une orientation latérale pendant un minimum de 15 ans (et dans un cas jusqu’à 30 ans) pour se débarrasser des excès et rétablir les évaluations des actions dans leur fourchette naturelle. Habituellement, les marchés latéraux se terminent quand le ratio cours-bénéfices global descend au-dessous de 10.

Il faut accorder un crédit immense à l’investisseur et auteur Vitaliy Katsenelson pour ses recherches et conclusions brillantes sur les marchés latéraux. Nous avons trouvé très édifiants ses travaux, notamment son livre Active Value Investing: Making Money in Range-Bound Markets (Le placement actif axé sur la valeur : gagner de l’argent dans les marchés latéraux).

M. Katsenelson nous rappelle que le cours des actions est essentiellement stagnant à long terme dans un marché latéral, en dépit de sa volatilité; la plus grande partie des ajustements requis pour ramener le ratio C/B à un chiffre provient donc de la croissance des bénéfices.

Alors que le prix des actions demeure emprisonné dans une fourchette donnée, les bénéfices devraient continuer à s’accroître lentement et à éroder petit à petit le ratio C/B jusqu’à ce que ce dernier touche le fonds à un seul chiffre. Parce que la croissance moyenne des bénéfices est si modeste, il faut du temps pour évacuer les excès du système et ramener le ratio C/B juste au-dessous de 10.

Une bonne nouvelle quand même : le marché latéral actuel est amorcé depuis un bon moment déjà. Mais une nouvelle beaucoup moins bonne : au moment où ce livre est écrit, il nous reste probablement encore pas mal de temps avant que le marché n’atteigne un ratio C/B à un chiffre et ne fournisse donc le fondement solide d’une hausse durable.

Extrait de The Value Proposition, Sionna’s Common Sense Path to Investment Success, publié en 2013 par Sionna Investment Managers. Reproduit avec permission. On peut acheter ce livre directement auprès de Sionna. Pour tous détails supplémentaires, rendez-vous sur www.sionna.ca/book.html.

Photo Bloomberg