Ce fut le consensus final des quelque 150 délégués qui ont participé à la Conférence mondiale sur l’éducation des investisseurs à Toronto le mois dernier. Commanditée par le Forum international pour l’éducation des investisseurs (FIÉI) et l’Organisation internationale des commissions des valeurs mobilières (OICV), la conférence a été organisée par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM).

Les gouvernements et l’industrie du placement ont de bonnes raisons pour faire de la littératie financière une priorité. « C’est un élément essentiel dans une économie juste, solide et mûre », a dit la présidente et directrice générale de l’OCRCVM, Susan Wolburgh Jenah, qui est également présidente du FIÉI.

Voici donc quatre stratégies essentielles pour aider les clients à améliorer leurs chances d’un avenir prospère, basées sur les perspectives émises par des spécialistes mondiaux dans l’éducation des investisseurs.

Créez un plan financier

Peu importe combien d’argent le client a, il est important d’échelonner ses objectifs afin de pouvoir planifier les étapes à franchir pour les atteindre.

Même dans les pays où la connaissance du placement est supérieure à la moyenne, la planification financière peut être négligée. Par exemple, à Hong Kong, où 35% de la population sont des investisseurs actifs et deux tiers des habitants économisent régulièrement, plus de la moitié des personnes ayant répondu au sondage de 2012 ont dit qu’ils croyaient que la planification financière était réservée exclusivement aux multimillionnaires.« Il n’existe pas chez les gens le concept d’une planification financière holistique », a dit Andrew Wan, chef des services financiers et directeur principal (affaires des entreprises) de la Commissions des valeurs mobilières et contrats à terme de Hong Kong.

Ce manque est particulièrement nuisible aux personnes les plus exposées au risque de mauvaises décisions de placement. « Les personnes âgées, moins éduquées et celles à faible revenu ont une compréhension moins bonne des questions financières », fait observer M. Wan.

Gary Tidwell, conseiller principal de l’OICV, dont les responsabilités comprennent l’éducation et la formation, a passé en revue les ressources en ligne sur les méthodes d’éducation des investisseurs offertes par 31 membres de l’IOSCO. Il a énuméré les étapes principales d’une planification financière réussie :

  • Gérer ses dettes. « L’objectif est vraiment d’éliminer ses dettes », dit M. Tidwell.
  • Se préparer à l’inimaginable. Les plans d’urgence devraient inclure un filet de sécurité en cas de perte d’emploi, de maladies et de besoins médicaux.
  • Économiser et établir un budget. « Économiser pour la retraite est un sacrifice », dit M. Tidwell. Les gens qui ne réduisent pas leurs dépenses et leurs frais courants peuvent être forcés de le faire une fois à la retraite.
  • Se préparer à passer à l’étape suivante. Par exemple, pour les personnes qui sont toujours en activité, se préparer financièrement à la retraite peut signifier passer des placements dynamiques à des placements plus prudents.

Se servir d’événements marquants pour se motiver

Au sujet des besoins des adultes dans la vie active, Ed Weinstein, observateur du marché canadien et psychologue, a dit que les investisseurs pouvaient utiliser des événements importants de la vie comme occasions d’en savoir plus sur le placement et leurs propres besoins.

« Là où les gens peuvent en apprendre le plus, c’est lorsqu’ils ont des décisions financières à prendre et qu’ils doivent s’y mettre », a dit M. Weinstein, qui a mentionné au titre des déclencheurs habituels un nouvel emploi, un mariage, des enfants et la perte d’un emploi. Selon M. Weinstein, il existe environ 40 éléments déclencheurs dans la vie. « Atteindre la cinquantaine en un est très convaincant au Canada », dit-il.

M. Weinstein, qui a effectué des recherches approfondies pour le compte du Fonds pour l’éducation des investisseurs, organisme appuyé financièrement par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, a dit que les informations n’ont pas à être complexes. En fait, plus c’est simple mieux ça vaut en matière d’éducation sur les placements.

« Les gens veulent en savoir juste assez pour prendre leur décision qu’ils doivent prendre après un événement important de la vie et faire leur choix en toute sérénité », a dit M. Weinstein.

Ne pas ignorer les catégories d’actifs les plus risquées

Que pense votre client d’un investissement qui, sur une période de six ans, a généré un rendement annualisé négatif de 8 % en exposant l’investisseur à une volatilité annualisée de 24 %?

Certes, beaucoup envisageraient une interdiction, une suspension ou un avertissement pour un tel investissement, mais le fait est que le rendement cité est attribuable à l’indice de valeurs sûres Euro Stoxx 50, a dit Patrick Armstrong, cadre de la division du placement et des rapports de l’Autorité européenne des valeurs mobilières.

« Les ménages européens placent de plus en plus leurs actifs dans des placements plus prudents, et loin des actifs qui seraient considérés être plus en accord avec des besoins à long terme, comme l’épargne pour la retraite », a dit M. Armstrong.

Bien que beaucoup de clients puissent éprouver une méfiance permanente des marchés financiers à la suite de la crise financière de 2008-2009, continuer à ignorer entièrement les actions pourrait empêcher les investisseurs d’atteindre certains objectifs importants.

Commencer dès que possible

Au Brésil, où historiquement la majorité de la population n’a jamais eu la possibilité d’économiser, une stratégie nationale d’éducation des investisseurs instaurée en 2010 est focalisée presque exclusivement sur les enfants.

« Les enfants ont habituellement les mêmes valeurs, croyances et normes sociales que leurs parents », a dit Jose Alexandre Cavalcanti Vasco, qui dirige le service d’éducation et d’aide aux investisseurs de la Commission des valeurs mobilières du Brésil. Si les attitudes doivent changer, suggère-t-il, cela se fera en éduquant la jeunesse et les jeunes adultes.

Ici au Canada, il est possible qu’on n’ait pas affaire à ce que M. Vasco appelle le même « fatalisme intergénérationnel » que certains pays en développement. Néanmoins, commencer tôt est un principe de planification financière sensé qui s’applique partout. Développer de bonnes habitudes à un jeune âge augmente les chances de les perpétuer.