Ils donnent généralement l’image de narcissistes à qui tout est dû; toutefois, on peut aussi dire que c’est la génération la plus adaptable et la plus tolérante : par exemple, pour la plupart, ils n’ont pas de problèmes avec les couples homosexuels, qu’ils ont vus pendant la plus grande partie de leur vie.
De plus, c’est la génération la plus instruite au Canada. En fait, selon Statistique Canada, une proportion plus importante de Canadiens de 25 à 34 ans a obtenu un diplôme d’études supérieures que dans toute autre tranche d’âge.
Malheureusement, selon Paul Lorentz, vice-président directeur, services aux particuliers pour la Manuvie, la génération du millénaire sera probablement la première à être plus mal lotie financièrement que la génération qui l’a précédée.
L’emploi est un problème
Quelle que soit la façon de considérer les choses, la situation de l’emploi pour la génération Y est assez moche. Selon le rapport sur la jeunesse et le chômage publié (en anglais) par le Centre canadien de politiques alternatives, le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans en Ontario est de 16 % à 17 %, alors que pour les jeunes du Canada tout entier, il est de 13 % à 14 %. Dans un cas comme dans l’autre, on est bien au-dessus du taux national du chômage tous âges confondus, qui est de 7,2 %.
La génération Y doit faire face à des difficultés que leurs parents n’ont pas connues, comme l’importance croissante du travail à temps partiel et les réductions d’effectifs dans les entreprises. Selon un rapport de Marchés mondiaux CIBC, les réductions d’effectifs ont eu un impact parce qu’il manque à la génération du millénaire l’expérience et l’ancienneté qui la rendrait moins vulnérable aux changements du marché.
Le travail à temps partiel est un sujet intéressant à cause du nombre de travailleurs à temps partiel « malgré eux ». En 2012, plus de 27 % des travailleurs à temps partiel auraient préféré travailler à plein temps, mais n’ont pas pu trouver un emploi sous ces conditions. C’est le nombre le plus élevé de travailleurs à temps partiel malgré eux depuis que Statistique Canada a commencé à compiler des chiffres sur cette tendance en 1976.
Malheureusement, l’emploi précaire, les contrats d’emploi à court terme et le travail à temps partiel sont la voie de l’avenir, dit Sandra Finkelstein, auteure de l’ouvrage sur la génération du millénaire We’re Not Gonna Take it. Cette tendance à la hausse, angoissante pour la génération Y, aura des répercussions sur l’économie canadienne à moins que l’on y remédie, car les travailleurs à temps partiel auront du mal à contribuer à l’économie avec une rémunération horaire de 11 $.
Que peut faire la génération Y?
Le tiers des emplois d’aujourd’hui aura disparu d’ici 2030, dit Mme Finkelstein. Toutefois, avec l’importance que prennent de plus en plus la technologie et la mondialisation, de nouvelles occasions se présenteront, que cette génération pourra piloter. L’entrepreneuriat social, qui comporte la création de solutions novatrices mettant leur marque sur la société alors que les profits deviennent un objectif secondaire, est un exemple de carrière à laquelle la génération du millénaire souscrit sans réserve.
Le Canadien Craig Kielburger est un entrepreneur social célèbre de la génération Y qui a créé la société de bienfaisance Enfants Entraide. À ce jour, cette organisation a construit plus de 650 écoles et a actuellement 45 projets en cours dans les pays en développement. Ce type de carrière attire la génération Y parce qu’elle contribue à édifier un monde durable, ce qui est important pour cette génération, mais elle crée aussi un revenu personnel si une telle initiative est développée à l’extérieur de l’univers à but non lucratif.
Personne ne sait trop à quoi va ressembler le marché de l’emploi dans 30 ans, et un ensemble diversifié de compétences transférables s’impose donc. Pour ce qui est des connaissances universitaires, la génération du millénaire a accès à un outil dont ne disposaient pas les générations précédentes : un site Internet appelé Coursera (en anglais) qui offre en ligne et sans frais certains des meilleurs cours universitaires du monde. Votre jeune client veut affuter ses connaissances sur les statistiques mais est inscrit à un programme de littérature anglaise? Suggérez-lui de prendre le cours de collecte de données de l’Université Johns Hopkins. C’est une excellente occasion de bétonner son CV dans des domaines où vos connaissances pourraient être limitées.
Mme Finkelstein signale par ailleurs qu’il est tout aussi important d’avoir des connaissances non scolaires. Le sport peut améliorer l’esprit d’équipe, et le bénévolat les compétences interpersonnelles. Selon un sondage national publié par Imagine Canada, 79 % des gens qui ont fait du bénévolat ont vu s’améliorer leur capacité de compréhension et de motivation d’autrui, et de gérer des situations difficiles.
Il faut aussi qu’ils posent de meilleures questions. Mme Finkelstein affirme que contrairement à ce qu’on croit généralement, on ne peut pas tout trouver sur Google. Par exemple, si un étudiant cherche un programme de deuxième cycle universitaire, taper Le Collège ABC a-t-il un programme d’études commerciales? est une mauvaise question. Elle conseille d’être plus précis sur ses besoins personnels, puis de prendre son téléphone et de demander au collège quel programme d’études commerciales intègre par exemple un aspect écologique.
Enfin, votre jeune client ne devrait jamais sous-estimer le pouvoir du réseautage. Le secret, c’est de rester en rapport avec toutes les personnes qui ont fait du bénévolat ou des stages avec vous, ou qui ont été vos camarades de classe, dit Mme Finkelstein. Vous en trouverez fatalement une qui vous aidera dans vos ambitions futures, que ce soit dans la recherche d’un emploi, d’une recommandation ou d’un changement de carrière.
Pour réussir, la génération du millénaire doit hausser le niveau de ses enjeux. Il est essentiel qu’elle voie plus grand et qu’elle développe ses compétences à la moindre occasion. Et dans le doute, il faut qu’elle s’en remette aux deux traits qui la définissent : la tolérance et le don d’adaptation.