Globe vert sur la mousse dans la forêt verte Concept environnemental, écologie et environnement durable du monde. Icônes éparpillées autour du globe vert.
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Pour de nombreux conseillers et leurs clients, les informations et les notations ESG (environnement, social et gouvernance) peuvent être source de confusion et de frustration.

Mais les conseillers peuvent dissiper cette confusion s’ils comprennent ce qu’il faut rechercher et comment le faire correspondre aux attentes de leurs clients, selon les experts entendus lors de la conférence de l’Association pour l’investissement responsable tenue les 3 et 4 juin à Toronto.

Bryana Lee, conseillère juridique principale, gestion des investissements à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), souligne que les conseillers devraient porter une attention particulière à certains éléments précis dans la documentation sur les produits afin de vérifier si un fonds correspond réellement aux besoins de leurs clients.

« Il peut être tentant de se fier uniquement au nom du fonds et de croire qu’on en comprend l’orientation, mais il est essentiel d’examiner plus en profondeur les informations disponibles », a-t-elle affirmé.

Selon elle, les conseillers devraient notamment vérifier si un fonds est largement axé sur les questions ESG et si ces trois piliers sont également pondérés, ou si le fonds est plus axé sur un pilier que sur les autres ou sur un sous-ensemble de ces trois piliers. Ils doivent ensuite mesurer cela par rapport aux valeurs de leurs clients.

Un autre domaine que les conseillers peuvent étudier est la mesure dans laquelle les facteurs ESG ont été pris en compte par un fonds, a affirmé Bryana Lee.

Elle observe ainsi que l’ESG peut être l’objectif principal de certains fonds d’investissement, tandis que d’autres fonds considèrent l’ESG comme un facteur parmi d’autres.

Bryana Lee a également souligné l’importance d’évaluer les filtres négatifs.

Certains fonds ESG auront des filtres négatifs, rappelle-t-elle, « mais cela ne signifie pas nécessairement qu’ils ont toujours 0 % de participation dans ce secteur ». Il est essentiel pour les conseillers de lire les petits caractères.

« Il arrive que certains prospectus précisent : Nous pourrions avoir une exposition minime, de l’ordre de 0,5 % ou quelque chose de similaire, à un secteur que l’on pourrait croire exclu », a-t-elle expliqué.

« Il existe aussi des fonds qui appliquent une exclusion stricte — avec 0 % d’exposition à un certain secteur. Cependant, ils peuvent ne pas exclure un autre secteur qui soutient indirectement celui-ci », précise-t-elle.
« Chaque investisseur aura sa propre opinion sur la pertinence de cette approche selon ses valeurs et ses objectifs. »

Le rôle des agences de notation

Clark Barr, responsable de la méthodologie chez Morningstar Sustainalytics, reconnaît que le fait de passer au crible les documents des fonds pour trouver ces détails peut alourdir considérablement le travail des conseillers. Une partie du rôle des agences de notation dans le secteur est de « faire une partie de ce travail pour eux », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne les notations de Morningstar Sustainalytics en particulier, Clark Barr suggère de lire la méthodologie de l’agence pour les différentes notations afin de comprendre à quel point elles sont approfondies ainsi que les limites qu’elles peuvent avoir. Il a noté que certaines notations couvrent les écrans négatifs, par exemple, de sorte que les conseillers n’auront pas à creuser beaucoup plus profondément dans ce domaine.

« Il se peut que cela ne réponde pas exactement aux besoins de vos clients, mais cela peut vous donner un point de départ pour répondre aux préférences de ces clients », résume l’expert.

Matthew Kan, conseiller principal en matière d’analyse comportementale auprès de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), recommande aux investisseurs de garder « les yeux ouverts lorsqu’ils investissent dans l’ESG ».

L’un des facteurs que les investisseurs doivent prendre en compte est que certaines notations reflètent la manière dont le risque ESG est géré plutôt que l’impact ESG lui-même, a-t-il averti.

Matthew Kan, qui a co-rédigé un rapport de la CVMO sur les notations ESG à l’automne dernier, a également noté que si les notations ESG sont basées sur de « bonnes informations », celles-ci peuvent être incomplètes ou pourraient être mises à jour.

Un autre problème lié aux notations ESG, a-t-il ajouté, est qu’il est difficile de comparer ces notations d’un secteur à l’autre.

Des approches variées

Laure Maillard, conseillère principale chez Desjardins, qui supervise la divulgation de l’investissement responsable au détail, a cité quelques autres défis auxquels les conseillers sont spécifiquement confrontés dans le paysage de l’investissement responsable.

D’après elle, exercer une diligence raisonnable peut s’avérer long et exigeant, surtout lorsqu’il faut concilier des attentes divergentes de la part des clients à propos d’un même produit, « dans un monde aussi polarisé ».

Elle souligne également la grande diversité de produits disponibles et l’absence d’approche uniforme en matière d’investissement responsable, ce qui complique davantage l’analyse et la prise de décision dans ce domaine.

« L’investissement responsable est en fait un terme générique qui recouvre un grand nombre d’approches différentes, des plus simples aux plus sophistiquées », prévient Laure Maillard.

Selon Matthew Kan, cette complexité, ainsi que les préoccupations liées à l’écoblanchiment, tendent à amener les investisseurs à se désengager de l’investissement ESG et à perdre confiance en celui-ci.

Toutefois, il estime que les conseillers ne devraient pas hésiter à s’informer davantage sur l’investissement responsable, car plus ils ont de connaissances, mieux ils peuvent soutenir leurs clients et gagner leur confiance.

« Parce que les investisseurs n’en savent pas autant, ils prennent certainement au pied de la lettre les recommandations des conseillers. Ils ne reviendront pas sur leur décision et ne la remettront pas en question », avance Matthew Kan.

« Je pense donc qu’il est très important [pour les conseillers] de comprendre ces informations et d’être en mesure de les transmettre à leurs clients, parce qu’en établissant la confiance et en ayant des engagements positifs, cela conduit à un renforcement et à de futurs investissements ESG. »