Un dessin de Warren Buffett
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Récemment, l’oracle d’Omaha a été fortement critiqué et beaucoup pensent qu’il a perdu son flair en matière d’investissement. Larry Sarbit, Gestionnaire de portefeuille à Value Partners Investements n’est pas de cet avis.

Dans un article du Financial Post, ce professionnel décortique les rumeurs à l’encontre de Warren Buffett pour mieux les défaire. Il réfléchit ainsi à ce que ce dernier a pu faire pour semer le doute quant à ses compétences en investissement.

Les reproches à l’encontre de Warren Buffett

Le premier point, c’est que Berkshire Hathaway, sa société d’investissement, a légèrement sous-performé le S&P 500 sur la base du rendement total au cours de la dernière décennie. Les critiques soulignent surtout la terne performance du titre cette année. Jusqu’à présent en 2020, les actions de la firme ont perdu plus de 14 %, effaçant plus de 80 milliards de dollars américains (G$ US) en valeur boursière. En parallèle, d’autres compagnies, comme Amazon, ont vu leurs valorisations monter en flèche.

Larry Sarbit souligne qu’il est facile de considérer la sous-performance récente du titre, mais il rappelle l’importance de garder une perspective à long terme. Ainsi, selon lui, il ne faut pas oublier que depuis 1965, Warren Buffet a produit un rendement annuel moyen de 20,5 %. Un véritable exploit que peu d’investisseurs ont réussi à reproduire.

Parmi les critiques les plus virulentes contre Berkshire Hathaway, on retrouve notamment Dave Portnoy de Barstool Sports. Celui-ci reproche à Warren Buffett d’avoir changé d’avis concernant les actions des compagnies aériennes et affirme qu’il n’est plus pertinent.

Pour le contexte, Warren Buffett s’est effectivement débarrassé de ce type d’actions lorsque la COVID-19 a explosé sur la scène internationale. Larry Sarbit rappelle cependant que personne n’avait vu venir cette pandémie tout comme personne ne peut prédire ce qui arrivera aux compagnies aériennes en termes de survie.

L’oracle d’Omaha a changé d’avis parce qu’il ne voyait rien d’autre qu’une incertitude pour l’avenir et ne voulait pas prendre trop de risques. « À mon avis, Buffett a fait un revirement difficile, mais nécessaire », écrit le gestionnaire de portefeuille en rappelant la citation célèbre de Lord Keynes : « Quand les faits changent, je change d’avis. Que faites-vous, monsieur ? ».

« Il faut être prêt à passer pour un idiot à court terme pour obtenir les meilleurs résultats à long terme. Je dirais que parce que l’avenir est devenu de plus en plus incertain, il se prépare au plus large éventail possible de futurs », déclare Shane Parrish de Farnam Street, une société de recherche sur les investissements basée sur la valeur, pour expliquer le revirement Warren Buffett.

Pas une première

Larry Sarbit souligne également que ce n’est pas la première fois que Warren Buffett fait face à des critiques concernant ses stratégies d’investissement. À la fin des années 90, tout le monde lui reprochait de ne pas participer à la bulle technologique. Et tout le monde se souvient de ce qu’il s’est passé en 2000…

Il existe des similitudes entre cette époque et aujourd’hui, note le gestionnaire de portefeuille; les opérations sur la journée battaient leur plein, les actions de croissance allaient sur la lune, alors que les actions de valeur languissaient. À l’époque, Berkshire Hathaway faisait également moins bien que le S&P 500 et le magazine Barrons affirmait que Warren Buffett avait perdu sa touche magique. « Pour être franc, Buffett, qui a eu 70 ans en 2000, est considéré par un nombre croissant d’investisseurs comme trop conservateur, voire dépassé », avait écrit le journal financier.

De belles perspectives

Larry Sarbit conclut que la société est loin d’être dépassée et que les investisseurs devraient miser dessus, et ce pour plusieurs raisons :

  • La société génère environ 2 G$ par mois en liquidités excédentaires, une superbe performance.
  • La société a récemment acheté Dominion Energy pour environ 9,7 G$, élargissant ainsi son important portefeuille énergétique. De manière simplifiée, ce prix d’achat ne représente qu’environ cinq mois de cash-flow actuel.
  • La société est assise sur une montagne de liquidités d’environ 137 G$ US. Larry Sarbit estime que ces liquidités seront déployées une fois que Warren Buffett sera en mesure de trouver quelques bonnes affaires.
  • Le titre est bon marché, puis qu’il se négocie à un prix proche de sa valeur comptable. C’est probablement le prix le plus bas qu’il soit possible d’obtenir pour une entreprise qui a généré plus de 20 G$ de cash-flow libre en 2019.
  • Sur la base des dépôts de documents réglementaires de ces derniers mois, il semble que Berkshire ait racheté une quantité importante d’actions au cours des deux ou trois derniers mois.
  • La société reste prévisible et axée sur la préservation du capital.

Pour Larry Sarbit, Warren Buffett va prouver encore une fois aux investisseurs la valeur de la patience.