L’objectif est de pouvoir offrir, sous l’étiquette «alternative», une mosaïque de nouveaux produits promettant une diversification accrue et une meilleure gestion de risque.
Ces produits comprennent notamment des fonds d’infrastructures, de matières premières et immobiliers. Ils peuvent également incorporer des stratégies liées à l’univers des fonds de couverture, comme des stratégies d’arbitrage et des contrats à terme (managed futures).
Les sociétés se positionnent
Par exemple, BMO Fonds d’investissement a lancé cet été son premier fonds de couverture, le BMO Fonds canadien Alpha Plus. Auparavant, celui-ci n’était disponible que chez BMO Banque privée Harris.
Pour sa part, RBC – le numéro un de l’industrie des FCP – a clairement annoncé ses couleurs : elle veut mettre la main sur un ou plusieurs gestionnaires de fonds alternatifs.
«Notre présence est peu développée dans ce secteur. Nous nous intéressons à des acquisitions afin d’élargir nos capacités», précise George Lewis, chef de groupe, RBC Gestion de patrimoine et Assurances.
Dans son dernier rapport annuel, RBC affirme avoir recueilli 17,5 % des ventes canadiennes de FCP à long terme en 2013.
Frappée de plein fouet par les rachats nets en fonds de détail, AGF pourrait utiliser l’expertise en stratégies alternatives de son nouveau chef des placements, l’Américain Kevin McCreadie, afin de renverser la vapeur. Cet ancien PDG de la société de PNC Capital Advisors connaît bien le secteur immobilier et les stratégies spéciales, selon un profil publié par Morningstar Canada.
Placements CI qui, en tant que manufacturier, cherche à couvrir l’ensemble de la gamme des produits, a acquis une participation de 65 % dans Marret Asset Management. Spécialiste des titres à revenu fixe, la torontoise Marret privilégie les stratégies non traditionnelles, y compris les ventes à découvert et les produits dérivés.
Il faudra aussi surveiller de près le groupe Great-West Lifeco en 2015. Forte de ses 121,5 G$ d’actif sous gestion combinés en FCP de détail (Investors et Mackenzie), cette firme pourrait donner le ton à l’ensemble de l’industrie.
Putnam, la filiale américaine de Great-West Lifeco, pilote une gamme de quatre fonds dits à rendement absolu qui ont pour but de générer des rendements de 1, 3, 5 et 7 points de pourcentage supérieurs à ceux des fonds de marché monétaire (US Treasury Bills ou T-Bills) sur des périodes de trois ans. Mise en marché en 2008, cette famille de fonds a déjà recueilli un actif de plus de 3,3 G$ US.
Parallèlement, un petit gestionnaire bostonnais de fonds alternatifs qui appartient à 80 % à Putnam, PanAgora Asset Management, gère le nouveau fonds à rendement absolu lancé ce printemps par la filiale européenne de Great-West Lifeco.
Or, étant donné les liens de plus en étroits entre Putnam d’une part, et Investors et Mackenzie d’autre part, il ne faudrait pas s’étonner si des fonds à saveur alternative signés par Putnam ou PanAgora sont prochainement mis en marché au Canada.
Un marché à occuper
Dans une entrevue donnée cet été au Globe and Mail, David Goodman, PDG du holding Dundee Corporation, a expliqué pourquoi les gestionnaires indépendants devraient s’intéresser aux stratégies alternatives.
«Je pense que les banques domineront le marché de masse, un secteur qu’elles servent déjà très bien», a-t-il dit. C’est pourquoi Dundee doit se spécialiser dans des catégories d’actifs alternatives, comme l’immobilier et les marchandises agricoles, a-t-il ajouté.
Or, selon le fils de Ned Goodman, le fondateur des Fonds Dynamique, ce sont justement des secteurs qui intéressent les clientèles plus fortunées.
Cible : les nantis
D’ailleurs, monsieur et madame Tout-le-Monde sont-ils prêts à acheter des fonds basés sur des stratégies alternatives ? Au Canada, rien n’est moins sûr.
Une statistique comparative tend à le démontrer : lancé en septembre 2012 aux États-Unis par John Hancock, le Global Absolute Return Strategies Fund de Standard Life a recueilli 874 M$ US d’actif jusqu’à maintenant. Bien que lancé un peu plus tard, en avril 2013, le même produit au Canada ne pèse que 32 M$ d’actif en tant que FCP, selon la base de données PalTrak de Morningstar Canada.
En conséquence, les stratégies alternatives pourraient être une des armes de choix dans ce marché où la concurrence est féroce, celui des personnes fortunées.