Les clients auront également en main des informations précises quant aux performances de leurs investissements, accompagnées de pourcentages de rendement sur plusieurs périodes et de comparaisons aux indices de référence.

Auteur du livre The Professional Financial Advisor III, le conseiller torontois John De Goey prévoit qu’un client sur quatre, estomaqué par les coûts, quittera son conseiller actuel.

«Je suis plus optimiste que John De Goey. Je pense que les clients resteront, mais qu’un conseiller sur quatre abandonnera le métier d’ici quatre ou cinq ans», affirme André Martel, président de Services financiers André Martel.

Ce planificateur financier qui compte près de 30 ans d’expérience croit que beaucoup de conseillers partiront d’eux-mêmes.

«On assiste déjà à des départs. On constate que certains conseillers sont très stressés devant ces nouvelles exigences. Certains prennent une retraite anticipée, d’autres envisagent de le faire», affirme André Martel.

Cela s’explique en partie en raison d’un comportement humain très répandu : la plupart des gens n’aiment pas discuter des détails de leur rémunération. «Notre profession est une des seules professions où il y a obligation de divulgation. Ce n’est pas facile à vivre !» affirme le planificateur financier Éric F. Gosselin, président de Services Financiers Éric F. Gosselin.

Cependant, il y a plus que cette gêne naturelle, qui se renforce peut-être avec l’âge.

«Dévoiler sa rémunération sous forme de pourcentage constitue un exercice abstrait. Quand les clients sauront combien ils paient au dollar près, ils pourront alors visualiser ce qu’ils auraient pu se payer avec cette somme d’argent. Et là, ce sera autre chose. Il y aura une épuration dans l’industrie du conseil !» anticipe Éric F. Gosselin.

Le malheur des uns pourrait faire le bonheur des autres. «Ma pratique sera prête à accueillir des clients orphelins», dit le conseiller qui cumule 23 ans d’expérience.

Le président-fondateur de Partenaire-Conseils Groupe Financier, Dominic Paquette, croit lui aussi que plusieurs conseillers ne traverseront pas la tempête.

«Les clients avec qui les conseillers communiquent rarement auront tout un choc [en prenant connaissance de la rémunération]. Et ceux qui reçoivent des conseils qui ne touchent que les rendements pourraient partir. À trop parler de rendements, on finit par se faire éclipser par eux», dit le planificateur financier.

Ce sont surtout les jeunes conseillers en début de carrière qui pourraient écoper, prévoit Dominic Paquette.

«Ce ne sera vraiment pas facile. Comme ils commencent habituellement avec des clients qui ont peu d’actif ou de jeunes clients, ils auront de la difficulté à les convaincre que les frais sont justifiés», précise-t-il.

En outre, les jeunes conseillers n’ont pas eu le temps de nouer des relations profondes avec leurs clients, ajoute André Martel.

«Dans leur cas, ce sera presque mission impossible. Je pense qu’ils devront commencer leur carrière dans des banques ou dans des cabinets très bien établis. Certainement pas en tant qu’indépendants», soutient-il.

Éric F. Gosselin croit également que «les jeunes qui sortent de l’université auront beaucoup plus de difficulté» à se faire une clientèle.

«Beaucoup de personnes ne veulent pas voir les frais. Je devrai certainement passer plus de temps à parler d’honoraires plutôt que de stratégie. Ce sera moins évident pour les conseillers en début de carrière», souligne-t-il.