«Dans les contrats d’assurance de personnes, on joue beaucoup sur les termes. Les comparaisons sont difficiles à faire, à tel point qu’on ne sait pas trop si notre compagnie offre les mêmes produits que les concurrents. Il faut standardiser», dit un autre conseiller.

Écrits par des avocats

À la tête de son propre cabinet Hugo Neveu Services Financiers, Hugo Neveu constate que l’univers de l’assurance de personnes est loin d’être simple.

«Je viens de passer trois jours à un colloque qui portait notamment sur les nouveaux produits. J’en sors satisfait, mais je constate que ma charge de travail est gigantesque.»

En assurance vie, résume-t-il, les propositions sont complexes. «Cependant, en prestations du vivant et encore plus dans les produits hybrides, les formulations de contrats peuvent être déroutantes.»

Par exemple, les questions et les conditions d’admissibilité des propositions en prestations du vivant varient sensiblement d’un assureur à l’autre. «Il faut lire les contrats avec attention. Les libellés sont obscurs parce qu’ils sont écrits par des avocats. Les contrats ne sont pas faits pour être compris par les clients», remarque celui qui détient la triple licence de conseiller en sécurité financière, représentant en épargne collective et courtier hypothécaire agréé.

Voilà qui peut causer des difficultés aux conseillers peu friands de formations continues ou qui font peu appel aux services de leurs agents généraux.

Il faut se faire à la complexité, estime Frédéric Perman, vice-président au développement des affaires chez Financière S_entiel : «Les besoins des clients sont grands, et la complexité des polices d’assurance, c’est le prix à payer pour y répondre et être indépendant».

Même son de cloche chez Yan Charbonneau, président et chef de la direction de AFL Groupe Financier et AFL Assurances générales : «En assurance de personnes, il existe plusieurs choix de produits possibles afin de répondre à des besoins parfois très pointus. Toutefois, l’industrie de l’assurance pourrait faire son bout de chemin dans la simplification des libellés de contrats».

Comme une agence de rencontres

Hugo Neveu aime dire qu’un cabinet en assurance de personnes équivaut à une agence de rencontres.

«Chaque être humain vit une situation qui lui est propre. Si un homme cherche l’âme soeur, aimerait-il avoir un choix limité entre des femmes de petite taille et des femmes de grande taille ? Sûrement pas. En assurance de personnes, c’est la même chose, car on a besoin de plusieurs produits pour couvrir des besoins différents. Telle est la mission d’un cabinet d’assurance de personnes. La pire chose qui pourrait arriver serait d’avoir un choix de produits très limité à offrir aux clients», estime-t-il.

Du point de vue des assureurs, il serait à peu près impossible d’uniformiser les contrats d’assurance, affirme Robert Landry, ancien vice-président exécutif de AXA Canada.

«Chaque assureur a sa propre expérience statistique. Par exemple, un assureur pourrait accumuler suffisamment de données pour être en mesure d’accepter les individus souffrant de telle maladie. Dans ce cas, le libellé de ses contrats sera différent de ceux de ses concurrents qui n’ont pas les mêmes informations concernant la maladie en question», note-t-il.

Autrement dit, les clients de Sun Life ne seront pas nécessairement les mêmes que ceux de Manuvie.

«Si les libellés de contrats sont différents, ce n’est pas un hasard. Mais étant donné que ces contrats reflètent les champs de spécialisation de chaque assureur, on répond à davantage de besoins et on obtient aussi de meilleurs prix», dit Robert Landry.

Conseil d’ami

Les conseillers auraient intérêt à ne pas tenter de tout connaître au sujet des produits de la vingtaine d’assureurs de personnes actifs au Québec, prévient le vice-président au développement des affaires chez Financière S_entiel.

«C’est une tâche impossible. Je recommande de déterminer les trois assureurs qui couvrent la majorité du marché naturel de chaque conseiller. Apprenez tout ce que vous pouvez au sujet de leurs produits. Communiquez ensuite avec votre agent général pour valider votre compréhension des produits ou être informé des autres produits des autres assureurs pour certaines circonstances», dit Frédéric Perman.