En effet, le développement de la clientèle doit plutôt se faire par l’intermédiaire d’activités classiques de prospection, et non par celui d’un CA.

Donner de son temps

Les organismes sans but lucratif (OSBL) ont un grand besoin de l’expertise des conseillers. Ceux qui décident de s’engager dans un CA doivent être prêts à y consacrer beaucoup de temps.

«Je siège à un CA parce que je voulais aider la collectivité. Ce n’était pas pour la rémunération ni pour accroître mon prestige personnel», explique Benoit Lizée, qui est représentant en épargne collective chez Excel Gestion privée et conseiller dans son cabinet, BCL Groupe Financier.

Très actif, Benoit Lizée a siégé au CA de la Chambre de la sécurité financière (CSF) de 2006 à 2008, «le seul conseil où j’ai été rémunéré», dit-il.

Ses autres expériences d’administrateur, il les a faites à titre de bénévole : Centraide Lanaudière, qu’il a présidé jusqu’en 2013 ; D-Trois-Pierres, un organisme de réinsertion sociale de Montréal ; Fondation Richelieu de Joliette ; et le bureau des gouverneurs de la Fondation communautaire de Lanaudière.

De nombreux médias de la région de Joliette ont fait référence à ses activités d’administrateur. «Il est évident que mon engagement m’a valu une certaine visibilité», constate Benoit Lizée.

Toutefois, participer à des CA n’a rien à voir avec le démarchage, ajoute-t-il.

«Rester à l’affût des dossiers qui transitent par un CA exige beaucoup de temps. On y consacre ce temps parce qu’on croit à des causes et qu’on sent le besoin d’agir pour faire progresser la société», précise Benoit Lizée.

Expertise recherchée

Représentante en épargne collective chez Groupe Investors à Laval, Isabelle Cantin est membre du CA et vice-présidente de Le Phare Enfants et Familles. Cet organisme montréalais donne un répit aux parents d’enfants atteints d’une maladie dégénérative.

Isabelle Cantin a commencé à s’engager en 2001, lorsque l’OSBL de cinq employés affichait un budget de 400 000 $.

Treize ans plus tard, Le Phare Enfants et Familles est méconnaissable : son budget atteint 5 M$ et son effectif de 80 employés comprend du personnel médical spécialisé.

Isabelle Cantin a toujours su qu’elle suivrait l’exemple de son père, qui était bénévole à la Société canadienne du cancer. Elle juge que sa formation lui a donné de bons outils pour réaliser cet aspect important de sa vie.

«Les OSBL ont énormément à gagner de l’expérience des conseillers», dit-elle, en soulignant les connaissances de ces derniers en matière de milieux financiers, de règles de gestion et de bonnes pratiques financières.

Une expertise qui ne passe pas inaperçue. La plupart des OSBL demandent aux conseillers membres de leurs CA de se consacrer aux campagnes de financement et à la supervision de leurs finances.

C’est ainsi que, bon an mal an, Isabelle Cantin participe aux collectes de fonds. Elle rencontre alors les fonctionnaires des ministères qui allouent des subventions. Elle sollicite également les personnes et les organisations qu’elle connaît.

«En tant que membres du CA, nous avons d’ailleurs des quotas de production !» souligne-t-elle.

Isabelle Cantin précise que certains CA demandent à leurs administrateurs de contribuer de leur poche à leurs campagnes de financement. Voilà qui illustre à quel point il faut être prêt à donner de sa personne !

interroger la direction

Sébastien St-Hilaire est membre du conseil de la Société des arts technologiques et de la Fondation Esprit de Corps, un organisme qui aide les chefs de famille monoparentale à développer leur confiance en eux.

Être conseiller l’a réellement préparé à jouer un rôle efficace à ces CA, dit-il.

«On doit remettre en question la vision de la direction, en évaluant par exemple les risques de telle ou telle solution. Tout bon CA compte un expert en finance», dit le conseiller en placement au bureau montréalais Leblanc, Martineau, St-Hilaire, de Valeurs mobilières Desjardins.

Les trois conseillers interrogés par Finance et Investissement sont catégoriques : le bénévolat leur apporte beaucoup. Ils retirent une satisfaction profonde de leur contribution au bien-être de personnes qui ont eu moins de chance que d’autres.

Par ailleurs, il y a le bénéfice secondaire de rencontrer des gens d’autres milieux, hors de leurs cercles habituels, «un aspect très stimulant», souligne Isabelle Cantin.

Comme le résume Benoit Lizée, «jusqu’à un certain point, plus nous sommes occupés, plus nous sommes productifs».