La réforme en bref

À l’instar du Royaume-Uni, les autorités de réglementation australiennes ont décidé d’abolir les commissions de courtage et les commissions de suivi. Dorénavant, les conseillers doivent négocier leur rémunération avec leurs clients.

L’obligation légale d’agir au mieux des intérêts du client, introduite par le gouvernement australien, est toutefois limitée par la notion de «mesures raisonnables». C’est-à-dire que la responsabilité du conseiller consiste à effectuer des «recherches raisonnables» afin de s’informer de la situation de son client et des produits qui lui conviennent.

Quant au troisième volet – le conseil proportionnel -, il implique que les conseillers n’ont pas à considérer l’ensemble des objectifs et de la situation financière du client, mais uniquement son besoin concret tel qu’il l’exprime lui-même. Les Australiens utilisent l’expression scaled advice pour désigner le conseil proportionnel.

Le but de cet exercice consiste à réduire le coût du conseil et à le rendre accessible à de plus petits budgets.

Canberra s’ajuste

Six mois après la mise en place des réformes, le gouvernement australien a senti le besoin de revoir sa copie.

Dans le cadre d’un document de consultation rendu public en décembre, et qui sera débattu jusqu’au 19 février, Canberra propose d’éliminer l’obligation de réviser aux deux ans l’entente de rémunération entre le conseiller et son client (http://tinyurl.com/qerytfs).

Par ailleurs, le gouvernement australien confirme explicitement la possibilité pour les consommateurs d’obtenir des conseils à la pièce sans avoir à débourser des honoraires couvrant une planification complète.

Finalement, la question de l’obligation légale d’agir dans le meilleur intérêt de son client est davantage balisée. On veut ainsi éviter que les conseillers ne deviennent hyperprudents dans leurs recommandations, selon les termes du porte-parole gouvernemental.

L’organisme australien Financial Services Council (FSC), qui représente le secteur du régime de retraite australien connu sous le nom de Superannuation Guarantee, y voit une intention positive d’améliorer, à la marge seulement, les réformes de juillet 2013 (http://tinyurl.com/oftpraa).

L’Australian Bankers’ Association s’est également dit satisfaite des changements proposés (http://tinyurl.com/q77srlo).

Regroupés au sein de la Financial Planning Association of Australia, les planificateurs financiers du pays des kangourous ont tout d’abord exprimé leur appui. Ils se disent notamment d’accord avec la possibilité d’offrir des conseils à la pièce (http://tinyurl.com/nvwensl).

En revanche, le PDG de l’association a récemment indiqué qu’il n’écartait pas un «retour vers le conflit d’intérêts en matière de rémunération» (http://tinyurl.com/lgv5xpa). Cela montre que les jeux sont loin d’être faits, puisque l’appui des planificateurs aux changements du gouvernement australien est des plus mitigé.

Quelques critiques

Parallèlement, quelques critiques ont été formulées.

Un organisme de représentation des personnes âgées, National Senior Australia (http://tinyurl.com/nu3xgft) ainsi qu’un organisme de protection des consommateurs, Choice, s’opposent à la révocation de l’obligation de réviser, aux deux ans, l’entente de rémunération du conseiller avec son client.

Cependant, plus significatif encore, Choice réfute carrément les bénéfices du conseil à la carte. Selon Choice, cette approche aura pour effet de transférer sur les épaules des consommateurs la tâche d’évaluer la pertinence des achats de produits financiers, ce qui était jusqu’ici l’apanage des conseillers (http://tinyurl.com/puekfs8).

D’ailleurs, selon certains, la diffusion du conseil proportionnel finira par favoriser les banques. Parmi les arguments les plus invoqués : les conseillers indépendants n’auraient pas la capacité financière de donner des services à la pièce en raison de leurs frais et de leurs taux horaires (http://tinyurl.com/pcudz64).

Selon le chroniqueur et conseiller à honoraires Max Newnham, la validation du conseil à la pièce constitue toutefois l’avantage principal des amendements proposés en décembre. «Le conseil à la pièce aura pour effet de réduire le coût de certains conseils financiers», écrit-il (http://tinyurl.com/o36wsc3).

C’est dire si le thème du conseil proportionnel continuera à faire couler de l’encre en 2014… et à être suivi de près ici, en Amérique du Nord.

Croissance en vue

La réforme aura pour effet de réduire de moitié le coût du conseil, croit le cabinet d’actuaires australien Rice Warner. Une étude intéressante de ce cabinet précise que le coût moyen de l’intervention des conseillers baissera ainsi de 2 046 $ à 1 163 $ en 2026 ($ AU de 2012).

Toutefois, le nombre d’interventions à la pièce devrait, quant à lui, augmenter en flèche et atteindre le chiffre de 1,88 million en 2026. C’est plus de deux fois le nombre d’interventions estimées s’il n’y avait pas eu de réforme.

Cette forte hausse serait due en partie au fait qu’une partie importante des clients actuels, plus de deux sur cinq, préféreraient recevoir des conseils à la pièce.

En conséquence, sur un horizon de 12 ans, le conseil financier est et restera une «industrie en croissance», affirme Rice Warner (http://tinyurl.com/ojh3vwe).

Un récent sondage confirme d’ailleurs que les cabinets de services financiers n’envisagent pas de réduire leurs effectifs à court terme.

En fait, moins de 10 % des cabinets estiment que les réformes ont été préjudiciables à leur croissance, par rapport à 13 % des cabinets, qui imputent aux mêmes réformes une croissance de leur chiffre d’affaires.

Un cabinet sur trois indique avoir augmenté son personnel au cours de l’année 2013 (http://tinyurl.com/oso3bxz).