La pétition énonce que le PQAP ferait fausse route en abolissant la formation minimale spécifique en assurance collective au profit d’une formation générale en assurance de personnes axée sur des notions de produits.
L’impact de ce changement serait tellement négatif que la pétition en appelle à la création d’un Ordre des conseillers en assurance et rentes collectives du Québec. Le but de cet Ordre consisterait à veiller «à la protection du public et de la profession par des standards de formation et de pratique élevés» (http://tiny.cc/t91yzx).
Le maître d’oeuvre du PQAP, les Organismes canadiens de réglementation en assurance (OCRA), signale que le Programme vise à uniformiser à l’échelle canadienne les contenus de formation minimale ainsi que les examens liés à l’entrée en carrière en assurance de personnes.
Selon les OCRA, grâce au PQAP «les titres de compétence en assurance dans une province pourront être plus facilement reconnus dans les autres provinces et territoires du pays» (http://tiny.cc/vz120x).
La date de mise en oeuvre du Programme a été fixée au 1er janvier 2016. Rappelons que l’Autorité des marchés financiers fait partie des OCRA.
«Recul de vingt ans»
Pierre Piché a été président et membre fondateur du Regroupement des consultants en avantages sociaux du Québec, un organisme dissous en 2009 au profit de Lacorpo. Il est aujourd’hui président de ASQ Consultant, son propre cabinet en gestion d’avantages sociaux situé à Trois-Rivières.
Sans surprise, Pierre Piché s’oppose énergiquement aux changements annoncés.
«On veut nous ramener au statut de vendeur afin de canadianiser la formation. Avec la disparition de la formation spécifique en assurance collective, nous reculerons de près de vingt ans», dit ce conseiller en assurance et rentes collectives.
Pierre Piché rappelle que l’assurance collective était devenue une discipline avec la Loi sur la distribution des produits et services financiers. Sanctionnée en 1998, la loi 188 avait formulé le principe d’une formation spécifique aux spécialistes des régimes d’assurance collective et de rentes collectives.
«Quand j’ai commencé ma carrière en 1982, j’ai eu deux pages à étudier en assurances collectives. Et les questions les plus difficiles étaient du genre «Épelez l’expression assurance collective». Je crains ce retour en arrière. D’autant plus que le PQAP met l’accent sur la connaissance du produit. Non pas sur ce qu’il y a autour du produit et ce qui est nécessaire pour répondre aux véritables besoins du client», dit-il.
«Mauvais signal pour la relève»
Même son de cloche chez un autre vétéran de l’industrie, Michel Taillefer.
«J’ai ouvert mon bureau de courtage en assurance collective en 1987. Sur les 200 pages du matériel de cours en assurance de personnes, il n’y en avait que deux qui touchaient l’assurance collective», dit ce conseiller en assurance et rentes collectives oeuvrant chez GFMD expert conseil en avantages sociaux.
«Toutefois, ajoute Michel Taillefer, je voulais devenir courtier en assurance collective et j’ai pris les moyens pour développer mes compétences. Aujourd’hui, autant je serais incompétent en assurance vie, autant je crains que l’assurance collective en vienne éventuellement à être peuplée d’incompétents à cause d’une formation insuffisante.»
Pierre Piché ajoute que la diminution des exigences de formation comporterait un autre risque : «En faisant de l’assurance collective une activité d’appoint, on donne un très mauvais signal aux étudiants et aux futurs professionnels».
Pétition peu suivie
Au moment de mettre en pages cet article, la pétition de Lacorpo n’avait pas encore recueilli 100 signatures. Or, Lacorpo dit regrouper environ 1 500 membres.
Cette faible participation témoignerait-elle du désintérêt des membres de Lacorpo quant à l’avenir de leur profession ? Ou est-ce le symptôme d’une inquiétude exagérée des ténors de la profession – et non partagée par les membres – vis-à-vis de la formation des futurs conseillers en assurance et rentes collectives ? Difficile à dire pour le moment.