Une fois ces exigences satisfaites, le futur planificateur financier devra réussir l’examen et répondre ensuite aux exigences requises en matière de formation continue.

Devant ce processus, un conseiller qui veut accéder rapidement au marché du travail et acquérir de l’expérience pourrait être tenté de se tourner vers un autre diplôme.

«Le jeune conseiller ou la jeune conseillère risque d’aller chercher son titre de conseiller en sécurité financière, par exemple, pour pouvoir commencer tout de suite à offrir des produits d’assurance qui lui rapporteront une commission et lui permettront d’obtenir une rémunération plus rapidement», dit Gaétan Lebrun, planificateur financier et conseiller en placement chez Valeurs mobilières PEAK.

La rémunération est un autre enjeu auquel les nouveaux planificateurs financiers sont confrontés.

«Un planificateur financier qui sort de l’école, qui n’a pas de clients, qui commence dans ce métier-là […] aura de la difficulté à faire des planifications sur honoraires, parce qu’il a la connaissance, mais il n’a pas l’expérience ni l’expertise, ajoute-t-il. À moins d’entrer dans une firme et de faire seulement de la planification financière à salaire ou sur honoraires, il aura de la difficulté [à en] vivre.»

Ouverture

Afin de répondre en partie à ce problème, l’IQPF a bonifié son programme d’équivalence de formation académique en février 2012 pour accueillir des professionnels actifs dans le domaine de la finance.

«Dans un contexte marqué par de nombreux départs à la retraite, une pénurie de main-d’oeuvre en planification financière et la nécessité de tenir compte de la conciliation travail-vie personnelle, il était de notre devoir d’accroître la flexibilité de notre Programme exécutif pour professionnels», affirmait à l’époque Jocelyne Houle-LeSarge.

Ainsi, des avocats, des notaires et des professionnels ayant suivi une formation universitaire en administration – et possédant plus de deux ans d’expérience – ont pu accéder au titre de planificateur financier par l’intermédiaire de ce programme.

Une ouverture qui a permis à des conseillers de pratiquer la méthode en sept champs de l’IQPF.

«Je venais d’un milieu où les gens avaient beaucoup de connaissance […] je n’éduquais personne, je n’améliorerais pas leur vie personnelle ni leur confort financier», explique Boyan Ivanov, planificateur financier à la Banque de Montréal (BMO).

Celui-ci détenait le titre de conseiller en placement depuis près de huit ans lorsqu’il s’est intéressé au programme de l’IQPF. Motivé par le côté humain de la profession, il a souhaité élargir sa pratique au-delà des placements.

Sémantique et compréhension

Les articles 56 et 57 de la Loi sur la distribution de produits et services financiers stipulent que «nul ne peut utiliser le titre de planificateur financier ni se présenter comme offrant des services de planification financière à moins d’être titulaire d’un certificat délivré à cette fin par l’Autorité des marchés financiers».

Malgré tout, plusieurs conseillers soutiennent qu’ils font de la planification financière pour leurs clients, et ce, sans avoir le titre qui se rapporte à la profession.

«Nous savons que ça se fait, que ça existe, je suis très malheureuse de cette situation-là, parce que la formation pour devenir planificateur financier, c’est très sérieux, très rigoureux, et dire qu’on fait [des planifications financières], sans avoir la formation, c’est extrêmement dangereux pour le grand public», souligne Jocelyne Houle-LeSarge.

Une confusion sémantique dans l’expression «planification financière» pourrait expliquer cette situation. Sur son site Internet, l’IQPF définit la planification financière comme «un processus qui consiste à optimiser votre situation financière et votre patrimoine. La planification financière intègre les connaissances des sept domaines suivants : aspects légaux, assurance et gestion des risques, finances, fiscalité, placement, retraite et succession.»

La présidente-directrice générale de l’IQPF croit que de l’éducation auprès de la population et des conseillers visant à mieux faire connaître la profession est requise.

«Il arrive souvent que les gens me disent qu’ils ont vu leur conseiller, que leur planification financière est faite parce qu’ils ont placé 2 000 $ dans leur REER cette année […]. Ce n’est certainement pas de la planification financière.»