Daniel Cohen, Le monde est clos et le désir infini, Paris, Albin Michel, 2015, 224 p.
Notre religion est en crise
«La croissance économique est la religion du monde moderne. Elle est l’élixir qui apaise les conflits», écrit l’auteur, Daniel Cohen. Toutefois, le numérique crée peu d’emplois. Qu’adviendra-t-il de l’ordre social si l’on cesse de croire à la croissance infinie et à un avenir meilleur ? Voilà l’intéressante question que pose l’auteur, qui survole avec beaucoup de finesse l’histoire économique du monde, des temps préhistoriques à nos jours. Jusqu’à la révolution numérique, dit-il, le progrès technologique faisait constamment naître de nouveaux secteurs d’activité qui alimentaient la croissance. Or, cette logique s’est rompue. L’économie numérique abaisse les coûts et supprime les emplois. La croissance retombe à des niveaux médiocres, dignes du 19e siècle. En conséquence, l’anxiété sociale et l’insécurité se répandent, comme le montre la campagne des élections présidentielles aux États-Unis. Écrit de façon très agréable par un vulgarisateur accompli, ce livre ne laissera personne indifférent. Daniel Cohen est directeur du Département d’économie de l’École normale supérieure et conseiller sénior à la banque Lazard, ce qui lui rapporterait, selon un journaliste français, au moins un million d’euros (1,45 M$ CA) par an !
- Par : Jean-François Barbe
- Source : Finance et Investissement
- 15 octobre 2016 15 octobre 2016
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