
C’est ce qui distingue les boxeurs des joueurs de hockey, selon lui. «Que leur équipe gagne ou perde, les joueurs de hockey sont assurés de toucher leur salaire pour le match suivant», et ils savent quand ce prochain match aura lieu, puisque leur contrat couvre au moins une saison, ajoute-t-il.
Pour leur part, les boxeurs doivent s’entraîner en gymnase pendant de longues périodes, parfois pendant plus d’un an, sans percevoir de bourse. Quant à celles qu’ils obtiennent, leur valeur varie d’un combat à l’autre, selon qu’ils gagnent ou qu’ils perdent.
À titre d’exemple, les bourses du champion du monde actuel, Adonis Stevenson, étaient de l’ordre de 40 000 $ par combat il y a tout juste deux ans, avant qu’il ne soit déclaré champion des mi-lourds du World Boxing Council en juin 2013, en passant le K.-O. à l’Américain Chad Dawson en 76 secondes. En avril 2015, lorsqu’il a défendu son titre contre le Sud-Africain Sakio Bika, la bourse accordée à Adonis Stevenson s’élevait plutôt à près de 3 M$, d’après le promoteur Yvon Michel.
En comparaison, Lucian Bute et son adversaire Jean Pascal ont chacun bénéficié d’une bourse de près de 2 M$ lors de leur affrontement en janvier 2014, estime Bernard Barré, vice-président, opérations et recrutement pour le Groupe Yvon Michel (GYM), copromoteur de l’événement. Pascal avait alors remporté le duel par décision unanime des juges. Lors de son combat suivant, disputé le 15 août contre le champion d’Europe, Lucian Bute a obtenu une bourse « dans les six chiffres », selon Jean Bédard, le président d’InterBox. La victoire acquise ce jour-là a notamment contribué à l’obtention d’une nouvelle chance mondiale pour Lucian Bute, qui aura l’occasion de se mesurer au Britannique James DeGale, actuel champion du monde de l’International Boxing Federation chez les super-moyens, le 28 novembre à Québec.
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«Quelle que soit l’issue des combats, les boxeurs doivent retourner au gymnase afin d’être prêts lorsqu’on leur proposera à nouveau de monter sur le ring», dit Christian Ganescu.
Compte tenu de l’irrégularité des bourses et des difficultés qui en découlent sur le plan de la planification, «il est d’autant plus important de bien gérer cet argent, d’être prudent en ce qui a trait aux investissements et de penser à ses besoins futurs», ajoute-t-il.
Prévoir l’après-carrière
Afin de diversifier ses sources de revenus, Lucian Bute n’a d’ailleurs pas hésité à s’entendre avec différents commanditaires au fil des ans.
En 2011, il était le porte-parole du tourisme roumain, en vertu d’une entente conclue avec le ministère du Développement régional et du Tourisme de la Roumanie. Il est aussi l’un des athlètes ambassadeurs de la chaîne de restaurants La Cage aux sports.
« Beaucoup de gens souhaitent s’associer à Lucian, et nous analysons différentes propositions, mais il fait un retour à la boxe, alors sa performance sur le ring est actuellement notre principale préoccupation », mentionne Christian Ganescu.
Il ne faut pas minimiser le travail lié à la préparation de l’après-carrière, dit An-Lap Vo-Dignard, conseiller en placement à la Financière Banque Nationale.
«Les athlètes généreront généralement moins de revenus une fois leur carrière terminée, mais plusieurs d’entre eux continuent à recevoir des commandites, deviennent conférenciers ou se lancent en affaires», dit-il.
An-Lap Vo-Dignard cite l’exemple d’un de ses clients, le médaillé olympique Bruny Surin, dont l’entreprise de vêtements qu’il a fondée est désormais une source de revenus.