En outre, les auteurs du rapport suggèrent de réduire la partie «petites capitalisations» dans les portefeuilles pour faire de la place aux microcapitalisations de partout dans le monde.

«Il est important de retenir que 15 % des microcapitalisations seulement sont établies aux États-Unis, insistent les auteurs de l’étude. Ne pas adopter une perspective mondiale dans les microcapitalisations a pour effet de laisser de côté beaucoup d’occasions.»

Rendements supérieurs

Selon une autre étude de l’Institut Brandes, le segment des microcapitalisations mondiales a battu le S&P 500 de 2000 à 2010, avec un rendement annuel de 6,9 %, par rapport à – 2,7 % pour l’indice new-yorkais. Les microcapitalisations mondiales ont même dépassé les fonds spéculatifs, qui présentaient un rendement de 5,4 % en moyenne pendant la même période (http://tinyurl.com/jluqgne).

Toujours selon cette étude, les microcapitalisations mondiales ont affiché un rendement annuel de 8,1 % de 2010 à 2014, par rapport à 4,8 % pour les fonds de couverture (hedge funds). C’est cependant moins que le S&P 500, dont le rendement annuel moyen s’est établi à 13 %.

Penser aux pays émergents

Pas tout à fait par hasard, un nouveau fonds commun de microcapitalisations mondiales vient de voir le jour, celui de Metis Global Partner, une firme de San Diego qui a participé à l’étude de l’Institut Brandes.

Machel Allen, présidente de Metis, affirme que la demande des fonds de microcapitalisations mondiales est importante depuis quelques années. «Il y en a moins de six aux États-Unis, et la plupart d’entre eux sont déjà fermés aux nouveaux investissements», dit-elle en entrevue.

Le nouveau fonds ALPS Metis Global Micro Cap investit dans tous les pays émergents. «C’est vraiment important, quand on veut investir dans les microcapitalisations, d’inclure les pays émergents. C’est un vaste marché, mais c’est aussi un marché inefficace, ce qui le rend très attirant», explique Machel Allen, qui veut dire par là que certains titres se vendent au-dessous de leur valeur réelle.

Un exercice périlleux

Certains observateurs sont toutefois perplexes quand on leur dit qu’il faut absolument investir dans les microcapitalisations de partout dans le monde, notamment des pays émergents.

«Elles sont moins accessibles et plus difficiles à comprendre, il n’y a pas de doute. Et il y a tellement d’occasions au Canada, aux États-Unis et en Europe», dit Michael Bigger, de Bigger Capital, un investisseur privé de Long Island.

Même son de cloche chez Philippe Bergeron-Bélanger, investisseur à temps plein et fondateur d’Espace MicroCaps, un blogue d’investisseurs. «C’est difficile d’avoir une approche mondiale. Il n’y a pas un gestionnaire qui puisse suivre 12 000 microcapitalisations dans le monde. C’est une approche qui doit nécessairement être locale», commente-t-il.

Lui qui d’ordinaire prend le temps de téléphoner à l’équipe de direction d’une entreprise dans laquelle il investit, aperçoit des embûches évidentes dans l’approche mondiale. «Je ne m’imagine pas faisant les mêmes démarches pour une microcapitalisation en Indonésie», dit-il.

Philippe Bergeron-Bélanger pense qu’un épargnant aurait plutôt intérêt à tenter de se diversifier géographiquement en investissant dans plusieurs fonds locaux (au Canada, aux États-Unis et en Europe) avec des «gestionnaires actifs».

Michael Bigger souligne que «si on n’a pas le temps ou les compétences», on peut investir dans des microcapitalisations par l’intermédiaire de fonds négociés en Bourse.

Il juge néanmoins qu’un épargnant a intérêt à investir dans un petit nombre de sociétés (de cinq à huit). Pour effectuer sa recherche, un épargnant a d’ailleurs accès à beaucoup d’information gratuite sur Internet, souligne-t-il.

Par ailleurs, c’est un bon contexte pour investir. «Les valeurs sont très, très bonnes», assure Michael Bigger.

Philippe Bergeron-Bélanger considère lui aussi que les évaluations sont plus intéressantes au début de 2016, après que la chute de la Bourse de croissance TSX a emporté les microcapitalisations dans son sillage.

«Les microcapitalisations sont un bon moyen de mesurer l’appétit à l’égard du risque. Quand il y a une correction, ce sont ces titres qui chutent d’abord, mais quand il y a une relance, ce sont eux qui rouvrent le bal», affirme-t-il.