Les institutions financières font appel à la dotation temporaire de planificateurs financiers pour bonifier leurs ressources humaines lors de périodes de grand achalandage, comme les moments forts de la période des REER, ou lors d’un congé inattendu ou prolongé.

«La maladie ou l’épuisement professionnel touchent particulièrement les employés âgés de 35 à 50 ans, explique Josée Chiasson, directrice de division des caisses Desjardins chez l’agence Hunt Personnel. L’industrie financière est un milieu très concurrentiel, et on y voit quand même beaucoup de congés de maladie. Il y a donc un besoin de remplacements temporaires.»

Les institutions financières font affaire avec des agences de placement afin de pourvoir les postes laissés vacants pendant des périodes de quelques mois, et parce que lorsqu’elles engagent un planificateur financier de façon temporaire, elles évitent d’ajouter un employé à leur bassin de travailleurs déjà bien rempli.

«De façon générale, je crois que les institutions financières essaient de diminuer le nombre de leurs employés, indique Marc-André Aubin, chef d’exploitation chez Garda World Services RH. La gestion de personnel n’est pas leur activité principale. Mettre en place tout le processus de recrutement pour un mandat temporaire peut leur coûter beaucoup d’argent. Elles ont donc avantage à sous-traiter certaines activités à des agences comme la nôtre.»

En effet, lorsqu’un planificateur financier d’une agence est engagé pour un mandat temporaire, il reçoit sa rémunération de son agence. Cette dernière se charge du salaire du planificateur, mais également du paiement de ses avantages sociaux, comme les cotisations à la Régie des rentes du Québec. Certaines agences paient même les permis de leurs planificateurs financiers.

L’agence, elle, reçoit un paiement de l’institution financière. Si, à la fin du mandat, l’institution financière décide d’engager le planificateur et que ce dernier accepte, une somme forfaitaire, souvent calculée à partir du salaire annuel du professionnel, sera versée à l’agence.

Selon nos informations, les banques à charte font très rarement appel aux agences de placement pour combler des mandats temporaires de planificateurs financiers. Le Mouvement Desjardins est reconnu pour recourir à ce type de services. Les banques à charte utilisent quant à elles les services des agences de placement pour pourvoir des postes permanents de Pl. fin. ou des postes temporaires dans d’autres secteurs d’activité.

«En raison des retraites et des départs, on évalue que les institutions financières chercheront au moins 5 000 planificateurs financiers durant les années à venir, note Joanne Berry, fondatrice et présidente de l’agence Télé-Ressources. Je dirais que c’est surtout la demande pour des embauches permanentes qui est en hausse. Les institutions financières aiment engager les planificateurs financiers lors-qu’elles en trouvent !»

Le point de vue des planificateurs

Qui sont ces planificateurs financiers ? Alors que l’industrie fait déjà face à une pénurie de main-d’oeuvre, plusieurs se demandent comment les agences de placement font pour recruter des candidats avant que les institutions financières aient pu mettre la main sur eux. Guarda World Services RH, qui emploie près de 150 planificateurs financiers temporai-res, a une techni-que particulière.

«En premier lieu, il faut comprendre que Guarda compte près de 22 000 employés à travers le Canada. Nous recevons beaucoup de curriculum vitae ! Notre stratégie est simple : puisque nous comblons des besoins de toutes sortes pour des institutions financières, du simple caissier au planificateur financier, nous pouvons faire progresser nos candidats de façon continue en leur offrant la formation nécessaire. Un candidat peut commencer à titre de caissier et plus tard, après qu’il a satisfait toutes les conditions, devenir planificateur financier», souligne Marc-André Aubin.

C’est le parcours qu’a suivi un planificateur financier temporaire interrogé par Finance et Investissement. Fraîchement diplômé d’un domaine connexe, il a été approché par une agence après y avoir soumis un curriculum vitae pour un emploi tout à fait différent.

«Chacun a son histoire, mais personnellement, je cherchais un emploi dans un domaine complètement différent, indique le professionnel, qui n’a pas souhaité être identifié. Puisqu’il n’y avait rien de disponible dans ce secteur à ce moment-là, on m’a offert un mandat tempo-raire comme caissier. J’ai vu que beaucoup de postes étaient disponibles et j’ai par la suite gravi les échelons en terminant ma formation.»

Comment ces planificateurs financiers temporaires sont-ils perçus par leurs collègues employés permanents ? Si, selon les agences interrogées, ces derniers éprouvent une certaine méfiance, selon un autre planificateur financier interrogé par Finance et Investissement, ce n’est pas la norme.

«J’ai toujours été très bien reçu et je n’ai jamais senti que je n’étais pas à ma place parce que je remplaçais quelqu’un, soutient le professionnel, qui a aussi préféré garder l’anonymat. Mes collègues sont plutôt curieux et posent beaucoup de questions. J’ai toujours eu de très bonnes relations avec eux et je n’ai pas eu de problèmes à me joindre à une équipe déjà en place.»

Satisfait de son poste, de ses conditions de travail et de son salaire, ce planificateur financier compte rester dans son agence et n’a pas nécessairement envie d’accepter un mandat permanent chez son employeur actuel.

«Je suis satisfait de mon salaire et de la quantité de vacances que je peux prendre, dit-il. J’aime aussi avoir la liberté de pouvoir changer de succursale de temps à autre. Par contre, si mes conditions de travail changeaient, je pourrais envisager de prendre un mandat permanent. Je devrais aussi me faire engager de façon permanente si je voulais devenir gestionnaire dans mon institution financière.»