Dans une série de rapports, les régulateurs mondiaux des marchés de valeurs mobilières exposent leur approche des risques émergents liés à l’essor des « finfluenceurs », du commerce social, de la « gamification » et d’autres pratiques d’engagement numérique.
L’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), qui chapeaute les régulateurs mondiaux, a publié trois rapports dans le cadre d’une initiative stratégique visant à renforcer la protection des investisseurs de détail face à l’innovation en ligne.
Dans ses rapports, l’OICV souligne l’interaction croissante entre les activités des finfluenceurs et les stratégies de trading imitatif (copy trading, mirror trading, social trading), souvent rendues plus complexes par des techniques de gamification et d’autres pratiques visant à influencer le comportement des investisseurs particuliers.
Ces innovations, qui créent de nouvelles occasions pour les investisseurs de détail d’accéder aux marchés, peuvent également « brouiller les lignes » entre le conseil réglementé et la fourniture d’informations financières génériques, explique le rapport, « créant des risques supplémentaires pour les investisseurs de détail. »
En ce qui concerne les « finfluenceurs », le rapport de l’OICV met en évidence les lacunes potentielles de la réglementation, principalement le risque que des personnes non enregistrées et non qualifiées influencent les décisions des investisseurs de détail.
Les risques croissants posés par les finfluenceurs incluent « la possibilité de diffuser des informations trompeuses ou biaisées, la promotion de produits complexes ou à haut risque, et la divulgation inadéquate de tout conflit d’intérêts », indique le rapport.
Pour faire face à ces risques, le rapport définit des pratiques pour les régulateurs, les entreprises du secteur et les finfluenceurs qui « visent à favoriser un environnement plus transparent et responsable » — y compris des conseils sur l’application des cadres réglementaires existants à l’activité des finfluenceurs, et l’amélioration du suivi et de l’application grâce à l’analyse des données et aux outils de surveillance des médias sociaux.
Le rapport préconise également d’exiger davantage d’informations de la part des entreprises du secteur qui font appel à des influenceurs, et de dispenser une formation continue aux investisseurs et aux influenceurs.
Le rapport sur les pratiques de courtages imitatives souligne les risques posés par les stratégies automatisées, qui peuvent conduire les investisseurs à adopter des approches qui ne correspondent pas à leur situation financière spécifique (comme la tolérance au risque ou la capacité d’absorption des pertes), ce qui « peut entraîner des pertes importantes, en particulier lorsque les négociants principaux s’engagent dans des stratégies à haut risque ou ne fournissent pas d’informations adéquates sur les risques et les coûts encourus ».
Elle a également noté que ces stratégies impliquent souvent des pratiques de négociation à court terme, plus risquées, qui utilisent des produits financiers plus complexes et plus volatils, tels que les devises et les cryptoactifs.
« Cela peut exposer les investisseurs de détail à des risques importants, notamment des pertes dues à des produits à effet de levier et à l’érosion des rendements en raison des frais de transaction élevés liés à des opérations fréquentes », observe le rapport.
Pour faire face à ces risques, les rapports définissent de bonnes pratiques pour les entreprises qui proposent des stratégies de négociation imitative, notamment la surveillance de la conduite des chefs de file, l’établissement de procédures de sélection et de retrait des chefs de file, l’évaluation et le traitement des conflits d’intérêts, et le suivi de leurs activités de marketing pour assurer la conformité avec les normes de divulgation et de conduite.
Enfin, le rapport sur l’engagement numérique met l’accent sur les risques posés par l’impact de ces pratiques sur le comportement et la prise de décision des investisseurs. Il souligne que ces outils ne doivent pas être utilisés de manière à faire passer les intérêts des entreprises du secteur avant ceux des investisseurs, et plaide en faveur d’une divulgation qui donne la priorité à la protection des investisseurs et à l’intégrité du marché.
« La transformation numérique des marchés financiers a remodelé la façon dont les investisseurs de détail interagissent avec les produits et services financiers. Les bonnes pratiques décrites dans les trois rapports fournissent aux membres de l’OICV un cadre pour relever les défis tout en maintenant les avantages de l’innovation », commente Derville Rowland, président du groupe de coordination des investisseurs de détail de l’OICV qui a dirigé ce travail.
« Qu’il s’agisse de la promotion par les influenceurs financiers, d’applications ludiques ou de contenus imitatifs, ces rapports définissent des attentes harmonisées au niveau mondial en matière de conduite éthique et de surveillance efficace », déclare Jean-Paul Servais, président de l’OICV et président de l’Autorité belge des services et marchés financiers.
« Elles reflètent notre engagement à encourager l’innovation au service de l’intérêt public, en veillant à ce que la technologie renforce la confiance dans les marchés financiers au lieu de la saper », ajoute-t-il.