De plus, les garanties de certaines de ces rentes variables varient en fonction des rendements des obligations de 10 ans du gouvernement du Canada. C’est le cas de RetraitePlus et d’Helios2.
Par exemple, quand le client qui souscrit à RetraitePlus est en phase épargne, il peut accroître son revenu futur garanti en accumulant des crédits basés sur le rendement de ces obligations, que Manuvie majore de 0,5 %. Cela permet au client «de profiter d’éventuelles hausses des taux d’intérêt», selon un document de Manuvie.
Helios2 aussi propose une formule de bonification qui fluctue en fonction des taux d’intérêt. «Un taux minimum est garanti, mais advenant une hausse des taux d’intérêt, la bonification annuelle pendant la période d’accumulation est tout simplement augmentée», dit André Langlois, vice-président, développement et mise en marché, assurance et épargne pour les particuliers chez DSF.
Malgré un accueil qu’André Langlois jugeait positif, DSF a modifié en septembre, à l’aube de la prochaine période des REER, son contrat de fonds de placement garanti (FPG) Helios2.
«Lorsque nous avons lancé la première version de Helios2, l’option du boni variable a été bien accueillie par les représentants. Toutefois, par rapport à d’autres produits dont le taux de boni est pleinement garanti, Helios2 était jugé légèrement conservateur et nous avons choisi de stimuler l’intérêt des représentants en y apportant différentes modifications.»
Dorénavant, le taux de la garantie de revenu viager (GRV) varie d’un minimum de 2,5 % jusqu’à un maximum de 8 % pour chaque année où aucun retrait n’est effectué. Le maximum était auparavant fixé à 6 %.
«Nous avons accru le potentiel d’augmentation du boni en fonction des taux d’intérêt, explique André Langlois. Quant à l’indicateur, qui est établi à partir du rendement d’obligations types du gouvernement canadien à 10 ans plus 1 point de pourcentage, nous le portons maintenant à 1,5 point de pourcentage.»
Encore avantageux ?
Le GRV a encore sa place auprès de certaines clientèles, estime Louis Thibault, directeur, marchés avancés chez Mica Services financiers.
Selon lui, les fonds à GRV ont déjà connu une certaine popularité, «en raison des garanties qui étaient très bonnes. De même, les frais étaient intéressants, tout comme le choix des fonds. Par contre, le produit a été modifié si souvent depuis qu’il est moins alléchant pour le client.»
C’est le cas de DSF et de son produit Helios2, et d’Empire Vie «qui vient d’apporter une modification à son produit», mentionne Louis Thibault.
«Empire Vie n’avait presque pas modifié son produit et n’avait jamais augmenté ses frais de gestion. En le faisant, il va commencer à être plus coûteux pour les clients en termes de frais, dit-il. Cela risque d’inciter les investisseurs à faire des comparaisons avec d’autres types de rentes.»
Pour Louis Thibault, la première génération des GRV était parfaite. La fluctuation des marchés, la faiblesse des taux d’intérêt et la croissance des coûts «ont toutefois amené les assureurs à annoncer, les uns après les autres, l’imposition de restrictions sur leurs produits à GRV à cause de leur non-rentabilité», rappelle-t-il.
De nombreux produits à GRV ont effectivement été retirés du marché, et d’autres ont été modifiés en 2012.
Une question de coûts
Dans une étude intitulée «Retraite et RVER au Québec. Enjeux et produits de décaissement», publiée en janvier 2013, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) réfute l’idée selon laquelle «la compagnie d’assurance génère de faramineux profits» grâce au produit à GRV.
L’étude du CIRANO fait état de trois éléments.
«1.Les compagnies d’assurance offrant les GRV ne gardent pas pour elles-mêmes les frais de gestion de fonds communs puisqu’ils sont transférés à ces fonds. 2.Ces compagnies auraient d’importantes dépenses de gestion de risque par couverture pour offrir la garantie de retrait au client. 3.Le capital réglementaire exigé par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), récemment modifié d’une manière plus stricte génère des coûts en capital relativement élevés pour les compagnies d’assurance», peut-on lire.
Selon l’étude du CIRANO, les produits avec GRV «subissent des modifications profondes pour rester viables en ces temps de faibles rendements boursiers et de taux d’intérêt historiquement bas (lorsque la valeur du portefeuille du client tombe à zéro, c’est la compagnie d’assurance qui doit payer « de sa poche », soit à même son avoir net).»
Pour Louis Thibault, l’appétit pour ces nouvelles moutures de produits à GRV se fait toutefois attendre.
«Chez Mica, il se vendait beaucoup de GRV de première génération, mais nous n’avons pas constaté le retour d’un tel intérêt, au contraire. Nous constatons une baisse dans la vente de ces produits, sans doute parce qu’ils sont moins alléchants qu’ils ne l’étaient auparavant. Les investisseurs ont tendance à se tourner davantage vers les fonds communs», dit-il.