Les FNB lorgnés, mais pas adoptés en épargne collective

L’Association canadienne des fonds négociés en Bourse (ACFNB) a récemment laissé savoir qu’elle lancerait, avec la collaboration du Réseau des correspondants de la Banque Nationale et les entreprises de logiciels RPM technologies et Univeris, une solution technologique permettant aux courtiers en épargne collective de l’ensemble du Canada d’offrir des FNB à leurs clients. Dernièrement, le courtier Mandville avait rendu cette option possible par l’entremise de Fidelity Clearing, mais pour ses propres conseillers seulement.

Selon un sondage interne de Finance et Investissement, réalisé en octobre dernier, 50,8 % des conseillers aimeraient offrir des FNB à leurs clients. Plus précisément, 27 % des répondants ont dit « oui », 23,7 % ont dit « oui, mais seulement à certains clients », 24,05 % « peut-être », 13,36 % « non » et 11,83 % « ne sait pas ». L’enquête avait été menée auprès de 403 personnes entre le 17 juin et le 30 juillet 2014 et n’avait aucune prétention scientifique.

Pat Dunwoody, chef de la direction de l’ACFNB affirme que des courtiers du Québec se sont montrés intéressés à prendre connaissance du projet. Groupe Financier Peak fait notamment partie de la liste des firmes dont la curiosité a été piquée.

Jean Carrier, vice-président conformité de la firme rapporte jeter actuellement un oeil à la question. « Nous prenons connaissance des enjeux opérationnels et de conformité. Nous sommes en période d’analyse », dit-il.

Mark Van Rassel, vice-président de RPM technologies, confirme d’ailleurs avoir eu des discussions avec Peak à ce sujet. La firme fait déjà affaire avec l’entreprise de logiciels pour des produits permettant d’effectuer d’autres types d’opération.

RPM a également discuté de cette option avec d’autres clients québécois lors de rencontres générales périodiques, mais remarque qu’il n’y a pas vraiment d’engouement tangible pour le moment.

« Il n’y a pas eu beaucoup de clients qui nous ont abordé la question avec nous de manière proactive. Je crois que plusieurs d’entre eux prennent une approche prudente et attendent de voir ce qui va se passer, surtout en ce qui a trait aux discussions avec les régulateurs », mentionne Mark Van Rassel.

En effet, au moment de publier cet article, l’ACFNB n’avait pas encore eu sa rencontre avec les régulateurs provinciaux, dont l’Autorité des marchés financiers (AMF) et nationaux, afin de leur présenter leur projet final en entier.

Toujours une question de demande

D’autres firmes doutent que l’intérêt soit encore réellement au rendez-vous de la part des conseillers et des clients, selon des renseignements obtenus par Finance et Investissement.

Lorsque Gino Savard, président de Mica cabinet de services financiers a entendu parler du projet de Mandeville, il a immédiatement appelé son vice-président affaires juridiques pour lui demander qu’est-ce qu’impliquerait la distribution des FNB si la technologie était à leur disposition.

« Il m’a expliqué que ce n’était pas si simple pour nous encore de distribuer des FNB au Québec avec les permis que nous avions », rapporte-t-il.

Ce dernier ne balaie pas du revers de la main les FNB, mais il n’est pas non plus extrêmement chaud à l’idée d’en vendre. « Nous n’avons pas tellement de demande. Je persiste à croire que les FNB sont pour ceux qui considèrent ne pas avoir besoin du conseil financier. Celui qui veut par exemple s’acheter lui-même ses propres fonds indiciels auprès d’un courtier à escompte. Si nous constatons qu’il y a une réelle percée, nous considérerons peut-être en distribuer », mentionne-t-il.

Daniel Bissonnette, président de Planifax, est encore plus catégorique. « Nous ne sommes pas intéressés. Nous pouvons déjà offrir des fonds indiciels. De toute façon, il n’y a pas de marché pour ça, je crois que c’est une mode qui va disparaître. Il est faux de dire que seulement une infime partie des fonds gérés battent les indices. Un indice, c’est une moyenne fourre-tout. C’est certain que ça coûte moins cher, mais il faut prendre en considération le rendement net », argumente-t-il.

Jean Carrier de Peak a l’impression que l’intérêt dans l’industrie a diminué depuis le moment, l’an dernier, où il a été annoncé pour la première fois que les représentants en épargne collective pourraient vendre des FNB. « Je n’ai pas encore fait tous mes devoirs, mais ça ne semble pas quelque chose d’important en ce moment pour les conseillers. Avant de lancer un produit comme celui-là, nous allons nous assurer qu’il y a une demande », précise-t-il.

Il semble donc que l’arrivée des FNB pour les représentants en épargne collective ne soit pas chose faite chez Peak, ni ailleurs Québec pour le moment. La firme n’a pas voulu commenter ses discussions avec RPM Technologies et a suggéré de la recontacter dans un mois.

Photo Bloomberg