Ainsi, pour la cinquième année consécutive, les assureurs québécois ont accru leurs parts de marché en terme de primes souscrites au Québec, selon le document.
Leur part de marché est passée de 48,9 à 53 % de 2007 à 2013, soit une progression d’un peu moins d’un point de pourcentage par an.
«Sur les dix dernières années, la croissance des primes des assureurs à charte québécoise a été de 84 %, alors qu’elle n’a été que de 34 % pour les assureurs des autres chartes», lit-on dans ce document.
Les efforts des assureurs québécois pour se rapprocher des conseillers et pour offrir à leurs clients un service à la clientèle et un marketing bien ciblé semblent donc avoir porté leurs fruits.
IA s’illustre
Parmi les assureurs à charte québécoise qui se sont illustrés, Industrielle Alliance (IA) détonne. En 2013, l’assureur a pris le premier rang sur le plan des parts de marché avec 17,51 %, si on inclut celle de L’Excellence, une filiale d’IA. Depuis 2008, l’assureur a gagné 3,46 points de pourcentage en parts de marché.
Cette hausse s’explique en partie par l’augmentation des parts de marché d’IA dans le secteur de l’assurance vie individuelle et collective, de l’assurance accident et maladie individuelle et collective et de la rente individuelle. Dans ce dernier secteur, la part de marché d’IA est passée de 25,44 à 48,89 % de 2011 à 2013, un bond significatif.
Cependant, dans le secteur des rentes collectives, sa part de marché a décru, passant de 56,53 % en 2012 à 42,57 % en 2013. Lors d’un entretien avec Finance et Investissement en novembre 2014, le vice-président exécutif et actuaire en chef d’IA, René Chabot, ne s’inquiétait pas des résultats enregistrés dans ce secteur.
«Nous avons délibérément décidé de faire primer la marge bénéficiaire dans ce domaine-là, où nous ne voulons pas faire de compromis par rapport au risque», expliquait-il alors.
Notons que dans toute l’industrie, le secteur des rentes, tant individuelles que collectives, a généré la hausse des primes la plus importante de l’industrie en 2013, après s’être fortement contracté de 2009 à 2011, selon le rapport de l’AMF.
Par ailleurs, Desjardins Sécurité financière n’est plus en tête du classement, puisque sa part de marché affiche une baisse depuis 2011. Malgré leur petite taille, les assureurs québécois UV Mutuelle et Humania Assurance ont connu une progression constante de leurs parts de marché depuis 2009.
«Cette année, nous nous dirigeons vers notre 23e année consécutive de hausse du bénéfice net», a indiqué Jacques Desbiens, président du conseil d’administration et PDG d’UV Mutuelle.
Croissance élevée
Il reste qu’en 2013, les primes directes souscrites au Québec ont été de 13,7 G$, soit une hausse de 10,9 % par rapport à l’année précédente. «Ce taux de croissance est nettement supérieur à la moyenne des dix dernières années, qui s’établissait plutôt autour de 4 %», lit-on dans le rapport de l’AMF.
En outre, globalement, le bénéfice net des assureurs est en forte croissance depuis 2010. En 2013, il a crû de plus de 28 % pour atteindre 11,8 G$, selon le rapport.
La bonne tenue des marchés boursiers et la hausse des taux d’intérêt à long terme ont favorisé ces résultats.
Toutefois, les assureurs affichent une baisse légère de rendement sur les placements, de – 0,6 % pour 2013.
Le fait que les assureurs aient su bien contenir leurs frais d’exploitation est un autre élément qui a contribué à améliorer leur rentabilité.
Résultat, «la profitabilité accrue des assureurs de personnes en 2013 n’est pas étrangère à l’amélioration du ratio de solvabilité, toutes chartes confondues», peut-on lire dans le rapport.
Concentration accrue
Ainsi, en 2013, le ratio de solvabilité des assureurs de personnes est en hausse de 21 points de pourcentage par rapport à 2012, et s’établit à 240 %. Le ratio de 2012, qui s’élevait à 219 %, constituait déjà une hausse de 5,2 points de pourcentage par rapport au ratio de 2011.
Par ailleurs, la tendance à la concentration des affaires entre les mains de moins d’assureurs se poursuit. Alors qu’en 2008, les cinq assureurs qui avaient les parts de marché les plus importantes enregistraient 61,64 % des primes directes souscrites au Québec, ils en recueillaient 66,22 % en 2013.
Cette tendance s’est accentuée en 2014, puisque la Financière Manuvie a acquis les activités canadiennes de la Standard Life, alors que cette dernière affichait une part de marché de 2,33 % en 2013.
Afin de faire face à cette concentration, les petits assureurs se tournent vers des secteurs de niche, indique René Rouleau, président du conseil et chef de la direction de La Capitale Groupe financier.
«Ils inventent de nouveaux produits, en révisent d’autres et offrent aux consommateurs des produits simplifiés. Ils s’adaptent afin d’éviter les situations ou les drains sont trop importants», dit-il.
Vents contraires
La bonne performance relative des assureurs en 2013 ne devrait pas éclipser les turbulences actuelles, qui découlent de la faiblesse persistante des taux d’intérêt et de l’accroissement des exigences en matière de capital réglementaire.
Selon Jacques Desbiens, cette situation incite les assureurs à «revoir leur gamme de produits pour la rendre moins sensible, autant que faire se peut, aux taux d’intérêt, [ce] qui se traduit notamment par une hausse des ventes de produits de prestations du vivant».
René Rouleau renchérit : «Les taux d’intérêt étant ce qu’ils sont, les assureurs travaillent davantage sur les primes et les rendent plus attrayantes pour leurs clients».
Pour sa part, Richard Gagnon, président et chef de la direction de Humania Assurance, évoque les changements technologiques comme une source d’occasions d’affaires pour l’industrie. «Le consommateur magasine son produit lui-même sur Internet. Si vous n’y êtes pas, si vous êtes incapable de négocier avec lui rapidement, il se désintéressera.»
Selon lui, il s’agit d’une «révolution pour les assureurs et les réseaux de distribution». Les assureurs doivent concevoir différemment leur mise en marché et leur relation avec les clients, alors que les conseillers doivent redéfinir leur visibilité auprès du consommateur.
Pour Richard Gagnon, bien que ce virage nécessite des investissements importants, la technologie génère des données intéressantes sur les produits. Le produit Assurance sans examen médical créé par Humania Assurance, disponible exclusivement sur Internet, en est un bon exemple selon lui.
«Un produit d’assurance demeure un amalgame d’hypothèses actuarielles. Ces données permettent de valider instantanément si les hypothèses qui ont servi à concevoir le produit se réalisent. Si ce n’est pas le cas, il est alors possible de corriger le produit beaucoup plus rapidement. La pratique y gagne en souplesse», dit-il.