Frais réduits
Il est vrai «que ces fonds 75/75 réapparaissent depuis deux ou trois ans», constate Guy Boudreault, assureur-vie agréé et conseiller en sécurité financière, à Québec. Pourquoi les remettre à l’honneur maintenant ? La raison la plus évidente tient à un élargissement des choix présentés aux clients, soutient Marie Gauthier. Aussi, «pour attirer de nouveaux clients avec des frais inférieurs», note-t-il.
En effet, dans le contexte de la concurrence de frais que se livrent fonds négociés en Bourse et fonds communs, les fonds distincts peuvent sembler moins chers en comparaison. C’est ainsi que les fonds distincts 75/75 d’Industrielle-Alliance que vend Guy Boudreault «exigent des frais inférieurs d’environ 50 points de base» à ceux des fonds 100/100. Ces frais varient évidemment selon le type de fonds dans lequel le client investit.
Par ailleurs, quel est le niveau de ces frais si on les compare à leurs vis-à-vis, parmi les fonds communs ? Dans la nouvelle famille de la Standard Life, les frais des fonds distincts accusent «une différence de 5 à 10 points de base seulement», affirme Marie Gauthier.
Dans le cas d’un fonds de revenu tactique exclusif à la série, les frais sont les mêmes que pour le fonds commun équivalent. Ce fonds a la particularité de laisser à son gestionnaire le loisir, s’il en perçoit le besoin, d’allouer 100 % de son portefeuille aux actions, aux obligations ou aux liquidités.
Notons que les fonds parmi lesquels un client peut choisir sont nombreux. Chez Sun Life, par exemple, on en compte une soixantaine, gérés tant par Placements mondiaux Sun Life que par Investissements CI, Gestion d’actifs TD et Fidelity Investments.
Issus de la turbulence
Le contexte financier influence également cette offre de fonds distincts 75/75. «Poussés par les bas taux d’intérêt, la volatilité des marchés et les exigences croissantes de capital, les assureurs partout dans le monde ont posé des gestes pour gérer les risques et les coûts associés aux garanties proposées par leurs fonds distincts, explique Kari Holdsworth, vice-présidente, actifs individuels, chez Financière Sun Life. Entre autres tentatives, par exemple, le retrait entier de produits, la réduction de certaines garanties et particularités, de même que la réduction de l’exposition aux actions dans les portefeuilles.»
Certains conseillers financiers estiment que la garantie que l’on paye pour les fonds distincts n’est pas pertinente. Aux yeux de ceux-ci, même le fonds équilibré le plus ordinaire ne présentera pas une perte sur 10 ou 15 ans, encore moins jusqu’à 100 ans.
L’objection vaut, mais ce n’est pas une garantie de la performance qu’un conseiller comme Guy Boudreault vend. «Les gens veulent surtout la garantie au décès, dit-il. La garantie à l’échéance, j’en parle de moins en moins. C’est trop loin et les gens n’ont pas la tête à cela.»
Par contre, ajoute-t-il, une personne qui a des responsabilités familiales, par exemple, veut être assurée que sa famille pourra récupérer au moins le capital à son décès. Mais à ce chapitre, il reconnaît vendre davantage de fonds distincts 100/100 que de fonds 75/75.
La garantie de capital est particulièrement rassurante pour les gens qui approchent de la retraite ou qui y sont, fait ressortir Marie Gauthier, surtout après le traumatisme de la dernière crise.
Et cette garantie est d’autant plus intéressante que les bénéficiaires du fonds évitent les frais d’homologation (une procédure en vigueur surtout ailleurs au Canada), de telle sorte que «l’argent passe directement au bénéficiaire».
Enfin, il ne faut pas oublier d’autres types de clients attirés par ces fonds, souligne Kari Holdsworth. «Ils peuvent intéresser les professionnels et les propriétaires d’entreprise, dit-elle, qui veulent mettre leurs finances personnelles à l’abri des créditeurs.»