Le RAP à 35 000 $ : trois questions à un fiscaliste

Le parti Conservateur du Canada (PCC) propose d’augmenter la limite du RAP de 10 000 $, pour atteindre 35 000 $. Finance et Investissement s’est entretenu avec le fiscaliste de SAFJ, cabinet en assurance de personnes, Justin Cormier, sur la viabilité d’une telle promesse.

Finance et Investissement (FI) : À votre avis, est-il possible d’augmenter la limite du RAP ?

Justin Cormier (JC) : « Je ne verrais pas pourquoi le futur gouvernement ne pourrait pas le faire. En 2009, le gouvernement en place avait augmenté la limite de 5 000 $, passant de 20 000 $ aux 25 000 $ actuels. D’un point de vue économique, augmenter la limite du RAP se fait. »

FI : Croyez-vous que cette promesse électorale procure un avantage réel aux Canadiens ?

JC :
« C’est certain que pour les Canadiens qui ont des sous, cette promesse peut être intéressante. Cependant, je me demande s’il y a tant de jeunes qui peuvent bénéficier de cette promesse. De mon côté, des jeunes clients qui ont plus 25 000 $ dans leur Régime enregistré d’épargne-retraite (REER), j’en ai seulement quelques-uns.

D’ailleurs, cette promesse ne s’applique pas à toutes les situations. Sur une période de 15 ans, rembourser 25 000 $ signifie plus de 135 $ par mois, ce qui n’est pas la catastrophe. Cependant, à 35 000 $, le montant à rembourser dans son REER atteint près de 200 $ par mois. Quelqu’un qui n’a pas nécessairement les économies à la base, venons-nous vraiment l’aider ? Je n’en suis pas si certain. »

FI : Concrètement, qui seraient ceux qui bénéficieraient d’une telle mesure ?

JC : « Ceux qui bénéficieraient d’une telle promesse ne sont pas nécessairement les gens qui en auraient besoin, mais ceux qui l’utiliseraient comme stratégie fiscale. Je ne vois pas comment le fait d’augmenter [le RAP] de 10 000 $ viendra améliorer l’accessibilité à une première propriété. Cependant, il serait intéressant de voir les études produites sur le sujet, le nombre de personnes que cette mesure toucherait.

Au final, je suis pour une telle promesse puisqu’elle ça aurait un impact positif sur la fiscalité de nos clients. Cependant, je ne pourrais dire si économiquement ça serait positif, j’ai hâte de voir les études le démontrant. »

Photo Bloomberg