Quand un directeur professionnel est requis
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Entre 2005 et 2006, le nombre de diplômés de l’IQPF est passé de 636 à 121, une chute vertigineuse. Depuis, bon an mal an, l’IQPF diplôme en moyenne 170 nouveaux candidats par année, soit cinq fois moins qu’il y a dix ans.

Mais pour Jocelyne Houle-LeSarge, président et directrice générale de l’IQPF, cette baisse est loin d’être une calamité. Au contraire, elle est le résultat d’une stratégie soigneusement planifiée pour donner toute sa valeur au titre.

En janvier 2006, l’IQPF a décidé d’imposer le baccalauréat comme exigence minimale de formation pour obtenir le titre. C’est alors que le nombre de diplômés s’est mis à dégringoler.

«C’était dur à vivre, mais nous savions ce que c’était un virage majeur qu’il fallait prendre. Le fait d’exiger un bac allait faire baisser de beaucoup le nombre de diplômés, mais nous préférions en avoir moins mais qu’ils soient mieux formés», dit Jocelyne Houle-LeSarge.

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«Quand je suis arrivée à l’IQPF en 2002, environ 65 % des gens réussissait l’examen, maintenant, de 75 % à 78 % le réussissent. Les candidats sont plus forts et mieux préparés», ajoute la PDG.

Fort d’une image rehaussée et des efforts menés par l’IQPF sur les campus, le nombre de diplômés de l’IQPF a recommencé à grimper lentement, jusqu’à atteindre 236 diplômés en 2015. Selon le registre de l’AMF, on compte 752 cabinets de planification financière

C’est sans compter les grandes institutions financière qui accueillent la grande majorité des nouveaux diplômés en planification financière. Au Groupe Investors, où l’on prévoit que 30 % des conseillers actuels prendront leur retraite dans les cinq à dix prochaines années, l’abréviation pl.fin est même devenu un critère d’embauche et de rétention.

Groupe Investors veut amener 100 % de ses conseillers à obtenir le titre d’ici 2021 et l’entreprise est prête à financer le coût de la formation (environ 3000 $) pour y arriver.

«On sait que d’ici les 5 à 7 prochaines années, la grande majorité des conseillers vont détenir le titre de pl. fin. chez nous, dit Claude Paquin, président, Services financiers Groupe Investiors.
C’est juste une question de temps, mais tous les conseillers qui entrent chez nous s’engagent à aller chercher le titre».

Actuellement, Groupe Investors compte 250 planificateurs financiers et l’entreprise prévoit doubler ce nombre d’ici 2017.

D’autres comme la BMO, rendent le titre alléchant pour ses employés, en rendant certains outils et certaines pratiques exclusives aux planificateurs financiers. Naviplan est l’un des logiciels que la firme met à la disposition des détenteurs du titre seulement.

«Quand j’étais un spécialiste en investissement je ne pouvais pas réellement produire un plan financier pour un client. La BMO exige que je sois un planificateur financier pour avoir le droit d’utiliser le logiciel et de signer un plan », dit Boyan Ivanov, planificateur financier pour la BMO.

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Si le titre est devenu une porte d’entrée pour les promotions, il n’en fut pas toujours ainsi, constate Jean Paquin, planificateur financier, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective au Groupe Investors. «Le titre aide aujourd’hui plus qu’avant. Dans les années 1990, n’importe qui pouvait l’avoir alors ça avait plus ou moins de valeur. Maintenant, avec des jeunes qui ont déjà une formation universitaire, ça commence à avoir de l’allure», dit-il.

Selon lui, le titre de planificateur va prendre encore quelques années pour gagner ses lettres de noblesse, le temps que certains conseillers pour qui il n’y avait aucune barrière à l’entrée cèdent peu à peu leur place aux plus jeunes. «Je viens d’un domaine où l’on a tellement étudié fort que de voir dans des gens avoir le titre sans les mêmes exigences peut être frustrant», dit ce comptable de formation, également expert en fiscalité.

Un titre à la croisée des chemins

L’IQPF est prudente à dire qu’il existe deux classes de planificateurs : ceux d’avant 2006 et ceux d’après. «Toutes les professions s’améliorent et rehaussent leur standard, nous ne sommes pas les seuls. Et il ne faut pas oublier que tous doivent passer l’examen pour obtenir le permis», précise Jocelyne Houle-Lesarge.

Ce qu’elle déplore c’est que le titre soit utilisé parfois à toutes les sauces. «Il est protégé dans la Loi, mais malheureusement, un paquet d’autres titres similaires et défendus sont utilisés à tous azimuts et nous n’avons aucun contrôle là-dessus. Le pire c’est conseiller financier, qui n’existe même pas !»

L’IQPF, créée en 1989, souhaite depuis longtemps la création d’un Ordre professionnel des planificateurs financiers pour pouvoir centraliser l’encadrement de la profession et mieux protéger le public. Actuellement, la profession est encadrée par cinq organismes : l’IQPF, l’AMF, la CSF, l’Ordre des Comptables professionnels agréés (CPA) et l’Ordre des administrateurs agréés (ADM.A.)

«Nous nous sommes donnés un code de déontologie ainsi que des règles de gouvernance et de pratique. Nous publions aussi nos normes d’hypothèse de projection pour appuyer le planificateur dans sa pratique. Pour nous, la création d’un Ordre est la prochaine étape», dit Jocelyne Houle-LeSarge.


Quelques chiffres

Le planificateur financier

33 % sont des femmes
67 % sont des hommes
69 % sont dans une institution financière
12 % sont dans le domaine du placement
3% sont dans les assurances
16 % sont dans un autre domaine

Source : rapport annuel 2014-2015 IQPF, concerne les 218 diplomés de la promotion 2013.