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Le marché boursier public dominant au Royaume-Uni, la London Stock Exchange plc (LSE), s’apprête à lancer le premier marché privé réglementé, devenant ainsi la première société à obtenir l’autorisation réglementaire d’exploiter une plateforme PISCES (Private Intermittent Securities and Capital Exchange System).

La Financial Conduct Authority (FCA) britannique a autorisé la LSE à exploiter une plateforme PISCES, qui permettra aux actions des sociétés privées d’être négociées de manière intermittente, soit par le biais d’enchères périodiques, soit pendant des périodes limitées de négociation continue.

Ces plateformes fonctionneront dans un « bac à sable réglementaire », un environnement de test qui permettra à la FCA d’évaluer les conceptions avant de finaliser un régime permanent, prévu pour 2030.

Ce nouveau modèle a été annoncé à la fin de l’année dernière dans le cadre du mandat élargi de la FCA visant à stimuler l’investissement et à soutenir la croissance économique. Il vise à aider les entreprises privées à lever des capitaux pour financer leur croissance et à élargir leur base d’investisseurs, tout en offrant aux employés et aux investisseurs la possibilité d’accéder à des liquidités.

Au début de l’année, la FCA a défini les règles initiales du modèle, qui donneront aux émetteurs un certain contrôle sur les investisseurs pouvant acheter leurs actions et leur permettront de fixer des paramètres de négociation, tels que des prix planchers et plafonds. La participation sera limitée aux investisseurs « avertis », aux investisseurs fortunés, aux employés de l’entreprise et aux investisseurs institutionnels.

« Nous sommes ravis d’annoncer que le premier opérateur PISCES a été approuvé, ce qui marque une étape importante dans notre volonté de stimuler la croissance et de débloquer des investissements en capital », souligne Simon Walls, directeur exécutif des marchés à la FCA, dans un communiqué.

« Nous sommes impatients de voir la première d’une longue série de transactions, qui donnera naissance à un marché concurrentiel offrant aux investisseurs un meilleur accès à des entreprises en pleine croissance », ajoute-t-il.

La LSE prévoit lancer son marché plus tard dans l’année.

Parallèlement à l’agrément de la FCA, la LSE a publié une série de projets de règlements et de modifications des règles existantes afin de faciliter le fonctionnement du nouveau marché. Ces propositions sont soumises à consultation jusqu’au 9 septembre et entreront en vigueur lors du lancement officiel du marché.

La LSE fournira de nouvelles informations sur le calendrier de lancement « en temps voulu ».

Selon le modèle de la LSE, les entreprises « auront la possibilité de fixer le calendrier des événements pour leur enchère et devront laisser suffisamment de temps aux investisseurs pour examiner les informations divulguées et poser des questions avant l’enchère », informe la bourse dans un communiqué.

Le nouveau marché sera exploité en tant que « bourse d’investissement reconnue » par la LSE, « en tirant parti d’une grande partie de son infrastructure de négociation existante pour permettre aux entreprises privées de faciliter la négociation de leurs titres par le biais d’un système d’enchères, complété par le développement de nouvelles fonctionnalités donnant aux entreprises le contrôle sur l’accès à leurs informations », continue-t-elle.

Elle introduira également une nouvelle catégorie d’intermédiaires de marché, composée des sociétés membres agréées de la bourse, appelées « agents d’enchères enregistrés », qui évalueront l’éligibilité des investisseurs à participer au marché et/ou à passer des ordres en leur nom.

Toutefois, les investisseurs devront en grande partie se débrouiller seuls sur la nouvelle plateforme.

« PISCES est un modèle de marché où l’acheteur doit être vigilant, dans lequel les investisseurs ont la responsabilité d’examiner le modèle de marché et de demander des comptes à une entreprise sur la qualité de ses informations », souligne la LSE.

À cette fin, les règles offriront aux investisseurs des droits et des recours légaux adaptés, mais les règles d’information existantes ne s’appliqueront pas au nouveau marché.

« Le modèle de marché PISCES est très différent des marchés publics et est conçu pour créer un cadre de marché proportionné qui reflète la nature privée des entreprises qui souhaitent y participer. De ce fait, bon nombre des obligations réglementaires qui s’appliquent aux marchés publics ne s’appliquent pas ici », précise-t-elle.

« Ce nouveau marché témoigne de notre engagement à créer un véritable continuum de financement entre les marchés privés et publics, afin que les entreprises du Royaume-Uni et du monde entier puissent bénéficier d’un soutien efficace à toutes les étapes de leur croissance », commente Julia Hoggett, PDG de la LSE, dans un communiqué.