Le conseil de monsieur Louis Morisset nous mettait en garde à l’effet que, si toutes les réponses face aux défis modernes de l’industrie venaient du régulateur, ces réponses ne seraient peut-être pas nécessairement les bonnes. Je salue ce conseil très pertinent du régulateur.

Louis Morisset est un homme sensé. Il sait bien que la seule manière de bâtir une industrie financière prospère et ordonnée est de le faire sur la base d’un consensus très large. C’est aussi ce que le Conseil des professionnels en services financiers (CDPSF) affirme depuis le dépôt de son mémoire dans le cadre de la révision de la Loi sur la distribution des produits et services financiers (loi 188).

Manifestement, Louis Morisset est encore à la recherche d’un interlocuteur qui parle au nom de l’industrie.

Je tiens donc à rassurer le régulateur. Le CDPSF comprend la nécessité du dialogue et il est la solution de rechange à la «chaise vide» que Louis Morisset déplore tant.

Toutefois, un travail d’éducation reste à faire et le CDPSF s’y emploie. Je m’explique.

Lors de l’événement, j’ai participé à un panel. À cette occasion, une personne dans la salle s’est avancée au micro pour me poser une question et m’a demandé si le CDPSF représentait les conseillers qui sont des «indépendants» ou ceux qui travaillent dans les grandes institutions financières.

Cette question mettait en lumière un clivage qui perdure dans notre industrie, soit celui entre les conseillers «indépendants» et les conseillers qui travaillent «en institution». Force est de constater que le «eux» et le «nous» sévissent encore dans notre grande famille.

Ce clivage est l’exemple parfait de tout ce qui fait en sorte que Louis Morisset à l’impression de ne pas avoir d’interlocuteur.

Voici pourquoi.

Nous savons tous que certains intervenants se donnent pour mission de défendre des intérêts ciblés au sein de l’industrie.

Par exemple, l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) cible les intérêts des conseillers indépendants. Ce qui est en soit une entreprise louable. On pourrait dire la même chose du Mouvement Desjardins qui, pour sa part, cible la rentabilité réglementaire de son contingent de conseillers. Cela se défend. Après tout, Desjardins est un bâtisseur de la planification financière au Québec. Ainsi, les intérêts de Desjardins ne sont pas nécessairement contraires à ceux de l’industrie.

Les positions ciblées sont légitimes, le problème n’est pas là. Le problème est que ces positions visent des créneaux étroits de l’industrie. Par définition, elles ne peuvent pas représenter l’intérêt de l’industrie dans son ensemble, mais seulement des factions au sein de l’industrie. Elles ne peuvent à elles seules être un interlocuteur qui représente l’ensemble de l’industrie.

En fait, un tel interlocuteur doit être celui qui porte l’intérêt de tous. Ne nous méprenons pas, développer une position commune veut dire négocier cette position. Cela implique aussi, inévitablement, qu’on fasse des compromis.

C’est ce que le CDPSF cherche à faire, c’est-à-dire fédérer tous les intérêts dans l’industrie pour faire en sorte qu’elle parle d’une seule voix. Une voix forte et claire.

Comment y arriverons-nous ?

Le Conseil a décidé de bâtir son approche à partir de l’unité de base de notre industrie, c’est-à-dire le conseiller.

Nous partons du principe qu’il n’y a pas de distinction à faire entre un conseiller en institution et un conseiller indépendant. Ce qui intéresse le CDPSF, ce sont les intérêts des conseillers qui sont au-delà des modèles d’affaires qui chapeautent leur statut de professionnel.

Celui qui doit être l’interlocuteur de Louis Morisset, c’est le professionnel en services financiers. Pourquoi ? Parce que c’est le professionnel en services financiers qui représente le mouvement entrepreneurial au sein de l’industrie.

Parce que c’est le professionnel en services financiers qui préside au mouvement de planification financière chez Desjardins ou dans les grandes banques.

Parce que c’est le professionnel en services financiers qui juge du comportement de ses pairs dans un tribunal disciplinaire.

Parce que c’est le professionnel en services financiers qui gagne, chaque jour, la confiance des épargnants.

Parce que c’est le professionnel en services financiers qui veille à la retraite de millions de Québécois.

C’est donc le professionnel en services financiers qui doit s’asseoir en face de Louis Morisset. Et c’est exactement ce que je tiens à souligner en tendant la main à tous.

Je profite donc de l’occasion pour proposer aux parties prenantes de l’industrie de s’unir enfin dans le giron du Conseil des professionnels en services financiers.

Autrement dit, suivons le conseil de Louis Morisset.