Humania Assurance affiche une progression de 15,3% et SSQ Groupe financier, de 3 %.

La Capitale Groupe financier est en légère hausse (1,8 %), mais cela est dû à la réussite de sa filiale en gestion de patrimoine, La Capitale Patrimoine.

Le numéro un québécois, Desjardins Sécurité financière (DSF), a subi une légère baisse de 1,3 %.

Pour le reste, tous sont en terrain baissier : Canada-Vie (- 4,1 %), Empire Vie (- 10,5 %), Great-West (- 13,23 %), London Life (- 13,2 %), BMO Assurance (- 15,85 %), Financière Manuvie y compris Standard Life (- 17,4 %), Banque Nationale Assurances (- 18,6%), RBC Assurances (- 23 %), et Transamerica Vie Canada (- 29,1 %).

Nous avons demandé à Robert Landry, ex-vice-président exécutif chez AXA Canada, et à Sylvain Gagné, ex-vice-président régional chez Empire Vie et ex-directeur général de BBA Groupe Financier, de commenter cette évolution.

DSF talonnée de près

Numéro un au Québec avec des parts de marché de 17,38 %, DSF est talonné par Industrielle Alliance (17,19 %). Pour l’année 2013, Industrielle Alliance affichait même une part de marché supérieure de 0,04 point de pourcentage à DSF lorsqu’on additionnait à la sienne celle de L’Excellence. «Desjardins a l’avantage et le désavantage d’être Desjardins … c’est-à-dire d’être proche de ses membres. Sa clientèle est représentative du Québec», dit Robert Landry.

Or, chez les assureurs, la croissance semble se porter vers les clientèles à valeur nette élevée ainsi que dans les grandes entreprises pour le volet collectif (voir «Les assureurs québécois se repositionnent», en page 17). «DSF est moins présente dans l’assurance collective et les gros dossiers», dit Robert Landry.

En revanche, ajoute Robert Landry, Industrielle Alliance dispose de réels atouts dans ces secteurs en expansion. «Et leur réseau de distribution captif est très dynamique.»

D’ailleurs, au rythme actuel de croissance, Industrielle Alliance pourrait bien devenir le numéro un au Québec d’ici la fin de l’année. «L’équipe de direction d’Industrielle Alliance est d’une qualité extraordinaire. Ce sont des bâtisseurs ouverts aux nouvelles tendances et qui gèrent de façon serrée», dit Sylvain Gagné.

Les dirigeants de DSF peuvent-ils renverser la vapeur et rester au premier rang ? «Il y a un besoin de renouveau. DSF pourrait se maintenir en élargissant ses réseaux de vente à l’extérieur des caisses», estime Sylvain Gagné.

Sun Life, le gentil géant

«À mes yeux, la Financière Sun Life, c’est le gentil géant de l’industrie. La compagnie a toujours l’air assoupie, mais elle est constamment en mouvement, dit Sylvain Gagné. Par exemple, Sun Life investit beaucoup d’efforts dans le développement des marchés des communautés culturelles, qui sont en expansion.»

Robert Landry mentionne d’autres facteurs de croissance : la force d’impact de la Financière Sun Life en assurance collective auprès des grandes entreprises et son dynamisme auprès des clientèles à valeur nette élevée.

UV Mutuelle : croissance durable ?

Avec une progression de 51 % des parts de marché entre 2010 et 2014, UV Mutuelle surprend. Mais l’assureur de Drummondville arrive au 18e rang pour la taille des primes directes souscrites. En 2014, elles s’élevaient à 126,9 M$, ce qui représente 4,91 % du volume de DSF.

Ces résultats sont-ils durables ? «Le volume des primes souscrites est faible, et par conséquent, très volatil. Deux gros dossiers en collectif en moins, et les résultats prendront alors une autre tournure», dit Robert Landry.

Selon l’ancien dirigeant d’AXA Canada, «UV Mutuelle manque actuellement de momentum. La compagnie n’a pas les produits qui enflammeront la distribution. Mais la direction semble être consciente de la situation».

Des mentions plus qu’honorables

À part l’Industrielle Alliance et Sun Life, quels assureurs se démarquent le plus ? «Humania», répond Robert Landry. «C’est la compagnie à qui je donnerais la meilleure note de l’année 2014. Après son expansion en Ontario et sa réorganisation administrative, Humania est maintenant prête à faire des acquisitions. Il faudra les surveiller de près».

L’ex-dirigeant d’AXA Canada pense aussi que La Capitale sera à surveiller. «C’est le boxeur qui veut sa place. La direction de La Capitale a une volonté très ferme de développement de marché. Ses efforts vont porter des fruits», estime-t-il.

Sylvain Gagné pense également que La Capitale pourrait surprendre. «Cette compagnie est très à l’écoute des conseillers et des agents généraux», dit-il.

Par ailleurs, la baisse de parts de marché de SSQ Groupe financier serait trompeuse. «La compagnie est toujours en phase d’apprentissage à la suite de l’acquisition d’AXA Canada en 2011. Le morceau était lourd à digérer et SSQ reprend son souffle. Il faut les avoir à l’oeil», croit Sylvain Gagné.

L’ancien vice-président d’AXA Canada ajoute que SSQ a réussi sa percée en individuelle. «Il y a de la croissance en vue, dit-il. Bravo pour l’intégration réussie !»

Un géant qui se réveille

Empire Vie serait-elle la déception de l’année ?

«Ses dirigeants ont peut-être perdu leur touche magique en distribution», avance Robert Landry. Cet été, Empire Vie a d’ailleurs fusionné son équipe de vente en assurance vie et son équipe de vente en investissement. Cette réorganisation a entraîné le départ de 17 personnes.

Chose certaine, les choses pourraient aller mieux chez Transamerica. «La direction de Transamerica ne semble pas avoir de direction stratégique précise», estime Sylvain Gagné. (Voir «Le dilemme d’Ivari : augmenter ou baisser les prix», en page 10).

Great-West Lifeco (Great-West, London Life, Canada-Vie) a perdu des parts de marché… mais rien ne dit que ce n’était pas par choix. «Les efforts de développement de Great-West Lifeco se font peut-être ailleurs qu’au Québec», dit Robert Landry.

Enfin, amateurs d’action, soyez prévenus : Manuvie accumule des munitions, beaucoup de munitions. «L’acquisition de Standard Life, c’est énorme. D’ici deux, trois ou quatre ans, Manuvie redéfinira les règles du jeu», prévoit Sylvain Gagné.

«Manuvie, c’est le géant qui se réveille. L’équipe de Standard Life, très implantée au Québec, avait les mains liées par la maison mère britannique qui fuyait le risque. Maintenant, les mains sont déliées. Attention, Manuvie n’ira pas à la guerre avec des gants blancs !» prévient Robert Landry.