Cependant, rien ne change pour les clients des belles années, qui conservent leurs GRV intacts en raison de la clause grand-père.
Bon nombre de ces heureux n’ont pas commencé à en récolter les fruits. Certains, sur le marché du travail, se disent «trop jeunes» pour y penser. D’autres considèrent qu’il est plus avantageux d’attendre en raison des bonis et des mécanismes de revalorisation.
Ont-ils raison ou devraient-ils plutôt passer à l’action ?
Spécialiste des produits de rentes, professeur à l’Université York (Ontario) et consultant par l’intermédiaire de sa firme Quantitative Wealth Management Analytics Group, Moshe Milevsky s’est penché sur la question dans une récente étude intitulée «Optimal Initiation of a GLWB in a Variable Annuity: No Arbitrage Approach» (http://tiny.cc/xhneww).
Son verdict : sauf dans de rares exceptions, les clients doivent commencer à encaisser leur GRV le plus rapidement possible.
La décision n’a rien de simple
Rappelons que les GRV comportent des bonis et des mécanismes de réinitialisation qui augmentent la cagnotte.
Par exemple, un boni annuel de 5 % pourrait s’appliquer à chaque année où le client n’effectue pas de retraits, pendant 10 ou 15 ans, ou encore jusqu’à l’âge de 75 ans.
Et la somme pourrait augmenter si l’actif sous-jacent affiche de bons rendements, ce qu’on appelle «l’effet de cristallisation».
Malgré ces atouts, Moshe Milevsky estime que la majorité des clients devraient toucher leur GRV le plus vite possible. Pourquoi ?
«Dès qu’il épuise le capital investi, le client touche l’argent de l’assureur. Autrement dit, jusqu’à ce point précis, le client ne touchera que son propre argent», constate Moshe Milevsky qui rappelle que les versements sont à vie.
De plus, si le client retarde sa première année d’encaissement afin de bénéficier du boni annuel, il doit s’assurer que les rendements futurs puissent compenser cette perte. Selon Moshe Milevsky, les probabilités sont faibles.
Il donne l’exemple suivant. Supposons qu’un individu ait 65 ans et qu’il décide de reporter à 66 ans sa première année d’encaissement afin de toucher son boni. Supposons que son GRV lui ait procuré, à 65 ans, un revenu de 10 000 $.
Afin de compenser cette perte de 10 000 $ subie à l’âge de 65 ans et compte tenu de son espérance de vie, il faudrait que son GRV à 66 ans (et pour les années suivantes) soit de 10 680 $. Peut-il raisonnablement s’attendre à ce que son GRV dépasse cette somme grâce au boni et à la revalorisation ? Autrement dit, son GRV à 66 ans pourra-t-il augmenter de 6,8 % ? La réponse est fort probablement négative.
Des exceptions
Par contre, Moshe Milevsky affirme qu’il existe des situations où le report de retrait serait la bonne décision à prendre.
«Ce sera le cas si le client n’a pas plus de 55 ans, que la bonification est de plus de 5 % et que les actifs sous-jacents sont très concentrés en actions», dit-il.
Autrement dit, lorsque le client peut se permettre d’attendre en raison de son âge, d’une bonification de 6 % ou de 7 % par an et d’une répartition «agressive» d’actif qui bénéficierait d’un éventuel boom boursier.
Moshe Milevsky présente un autre cas d’exception : lorsque le GRV comporte un boni basé sur l’âge et que le client est à la veille d’atteindre l’âge en question.
«Supposons par exemple que le client a 73 ou 74 ans et qu’il toucherait 6 % par an à compter de l’âge de 75 ans, par rapport à 5 % avant 75 ans. Il pourrait alors être profitable d’attendre un an ou deux, afin de profiter du 6 % annuel», signale-t-il.