
Un conseiller du Colorado est poursuivi en justice par deux couples de clients qui l’accusent d’avoir investi leurs économies dans des stratégies hautement spéculatives et d’avoir utilisé un algorithme de trading sans supervision, ce qui aurait entraîné des pertes financières importantes.
Dans les deux cas, les portefeuilles ont perdu environ 25 % de leur valeur en moins d’un an, une période durant laquelle les marchés obligataires et boursiers affichaient pourtant des rendements records.
La poursuite civile, déposée devant la cour du district de Larimer au Colorado, vise Adam Brunin, conseiller en placement inscrit et président de la firme Navigation Wealth Management. Il est accusé de manquement à ses obligations fiduciaires, de négligence, de fausses représentations et de violation de la loi sur les valeurs mobilières du Colorado.
Selon la plainte, David Elzea et Deborah Elzea-Jostes, un couple dans la soixantaine, ont confié la gestion de leurs épargnes de retraite à Adam Brunin en 2021, alors que Mark Zyk et Rhona Flanagan l’ont embauché en 2024 pour gérer l’ensemble des liquidités issues de la vente de leur maison, soit environ 210 000 $.
Les Elzea-Jostes, qui détenaient encore une hypothèque de 550 000 $ et avaient une fille en situation de handicap, affirment avoir été convaincus par le conseiller que leurs économies suffisaient pour permettre à la femme de prendre une retraite anticipée. Le conseiller aurait rejeté l’idée d’investissements à revenu fixe proposés par un concurrent, affirmant pouvoir générer « 5 % de rendement sans problème » avec ses propres stratégies.
Il aurait alors utilisé un algorithme de simulation pour illustrer des scénarios de rendement très positifs, sans exposer les risques réels associés à sa méthode. Quelques jours plus tard, Deborah Elzea-Jostes quittait son emploi pour se consacrer au bénévolat dans le domaine de la santé infantile.
Gestion automatisée sans supervision
Selon la poursuite, le conseiller avait le plein contrôle discrétionnaire sur les comptes de ses clients. Il aurait placé 100 % des actifs du couple dans des actions du S&P 500, avant de transférer l’ensemble vers des titres plus volatils du Russell 2000, sans diversification ni stratégie tenant compte de la tolérance au risque inscrit à leur profil d’investisseur.
En août 2024, alors que le conseiller était en vacances, un algorithme de négociation de marché aurait décidé de vendre l’intégralité des actions détenues par le couple à un moment de panique sur les marchés, causant des pertes estimées à plus de 200 000 $. À son retour, Adam Brunin aurait admis que cette vente allait à l’encontre de son jugement professionnel, mais qu’elle avait été déclenchée automatiquement par son système.
Le recours affirme qu’aucun professionnel autorisé n’était disponible pour superviser l’algorithme pendant son absence. « Tous mes clients sont en colère », aurait reconnu le conseiller lors d’un appel avec le couple.
Des FNB à effet de levier jugés inappropriés
Le second couple, Mark Zyk, commis d’épicerie, et Rhona Flanagan, employée d’une commission scolaire, avait peu d’expérience en investissement. Adam Brunin aurait placé 80 % de leurs économies dans un fonds indiciel suivant le Russell 2000, un indice de petites capitalisations très volatil. Le reste aurait été investi dans un fonds négocié en Bourse (FNB) à triple levier, conçu pour des opérations spéculatives à très court terme.
Or, selon la plainte, ce type de produit n’est pas adapté aux investisseurs de détail et peut entraîner des pertes importantes lorsque les marchés sont en baisse. Le recours précise que le conseiller aurait maintenu ces positions plusieurs semaines, aggravant les risques.
Après une première perte de 25 000 $ (soit 12 % du portefeuille) en août 2024, Adam Brunin aurait transféré les fonds vers un compte du marché monétaire en octobre, avant de les replacer en décembre dans les mêmes produits à levier, causant de nouvelles pertes. Malgré une remontée des marchés au début de 2025, le portefeuille du couple Zyk-Flanagan aurait continué à se déprécier.
Les deux couples réclament des dommages compensatoires et autres réparations. Leur avocat, Jeffrey Pederson, déplore l’utilisation abusive de produits hautement spéculatifs comme les FNB à levier, qu’il qualifie de « cimetières à argent ». Il affirme que ses clients cherchaient des revenus sûrs pour une retraite paisible. « Ils sont maintenant à la retraite, et ne peuvent plus retourner sur le marché du travail. »