«Une portion de cette montagne d’argent peut être déplacée vers des placements ayant un potentiel plus élevé», constate CI, une firme qui constitue un des exemples les plus convaincants de la croissance en FCP. Grâce à une hausse de plus de 22 % de l’actif sous gestion en 2013, CI a dépassé les 100 G$.
Objectif : les entrepreneurs
Ce n’est pas tout. Au-delà du quasi billion de dollars en dépôts liquides, il existe un autre territoire en pleine croissance, celui des millionnaires et des individus fortunés.
Selon Investor Economics, il y avait au Canada, en 2012, environ 616 000 ménages disposant d’un actif à investir d’au moins 1 M$.
D’après cette firme d’études de marché, ces ménages millionnaires seront plus de 1,1 M en 2022. Autrement dit, en l’espace de dix ans, leur nombre aura augmenté de 78,6 % !
Comme le montre notre dossier, cette tendance n’échappe pas aux sociétés de FCP.
Prenons par exemple le Mouvement Desjardins. L’institution coopérative n’est plus la «banque populaire» d’Alphonse Desjardins qui mettait toute son énergie à encourager les «classes laborieuses» à mettre de l’argent de côté, cent par cent, dollar par dollar.
Dans son dernier rapport annuel, le mouvement coopératif indique qu’elle veut être le «chef de file en matière de gestion de patrimoine des personnes aisées et des entrepreneurs».
En entrevue à Finance et Investissement, le vice-président et directeur général de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) a été plus précis. «Certains ont la perception que Desjardins sert seulement les plus petits clients. C’est faux. Le Mouvement Desjardins sert des entrepreneurs et les aide à grandir. Les entrepreneurs sont souvent les plus fortunés du Québec. Il n’y a aucune raison pour que Desjardins ne puisse pas servir ces gens», a constaté Luc Papineau.
Un autre exemple vaut mille mots : celui de Placements AGF. Contrairement aux comptes de détail et institutionnels qui sont frappés par les sorties nettes depuis quelques années, cette firme compte un secteur où l’actif géré est en progression, celui des comptes de particuliers bien nantis, en hausse de 16 % en 2013.
Explosion des mandats privés
C’est dans cette perspective que Fonds Dynamique a lancé en juin ses Mandats privés de placement Dynamique. Ils comportent un placement minimum de 150 000 $ et ils sont offerts dans le cadre de séries avec honoraires.
Dans l’édition printemps-été de sa revue maison Conseiller Dynamique, cette filiale de la Banque Scotia écrit que les mandats privés sont en pleine explosion.
Citant les chiffres d’Investor Economics, Fonds Dynamique signale que l’actif des mandats privés est passé de 72,1 G$ en décembre 2010 à 112 G$ en décembre 2013. En quatre ans, la hausse a atteint 56 %.
«La cote d’amour des mandats privés augmente aussi auprès des conseillers, surtout ceux qui détiennent un permis de gestionnaire de portefeuille», ajoute l’article de Conseiller Dynamique.
Il n’est donc pas surprenant que tant de manufacturiers adaptent leur offre de produits afin d’intéresser ces clientèles en pleine progression.
C’est ainsi que Investissements Manuvie a commercialisé en octobre 2013 deux fonds à mandat privé qui exigent un placement initial minimal de 150 000 $. Gestion de Placements TD a mis en marché en novembre 2013 les Série Plus et Série F Plus, comportant un placement minimal entre 100 000 $ et 150 000 $ par fonds. En février 2014, Gestion privée Invesco a lancé une série O, visant les ménages prêts à investir au moins 250 000 $.
Visant des clientèles de milieu de gamme, Placements Mackenzie et la Financière Sun Life ont respectivement lancé le Programme Patrimoine privé Mackenzie et Gestion privée de Placements mondiaux Sun Life. Ces entités s’adressent aux clients ayant au moins 100 000 $ d’actif à investir.
Un autre champion de la croissance, Sentry Investissements – avec une croissance de 134 % de son actif sous gestion sur trois ans -, a commercialisé en juin de nouvelles séries P et PF, exigeant un seuil minimal de placement de 100 000 $. Ciblant des revenus légèrement plus élevés, Fidelity a commercialisé en octobre 2013 deux produits requérant un placement minimal initial de 150 000 $.
Sans conteste, le prochain champ de bataille des manufacturiers et des distributeurs de FCP sera sur un territoire en peine expansion, celui des millionnaires et des bien nantis.
Méthodologie
Les profils des sociétés de fonds communs de placement (FCP) ont été réalisés à partir des archives en ligne de diverses publications financières, notamment Finance et Investissement.
Dans le cas de sociétés inscrites en Bourse, nous avons consulté les documents officiels diffusés sur SEDAR (Canada) et sur EDGAR (États-Unis) tels que les rapports annuels et les rapports de gestion.
Nous avons demandé aux sociétés d’indiquer leur actif sous gestion au détail en date du 30 juin 2014. Ce chiffre peut comprendre d’autres éléments que les fonds communs de détail, comme des fonds distincts, des comptes institutionnels et des comptes de particuliers bien nantis. Nous le mentionnons, dans la mesure où la société nous a informé de la situation.
Nous avons arrondi les données. Par exemple, 4 859 574 185 $ devient 4,9 G$.
En ce qui concerne les mentions de prix Morningstar et Lipper, nous avons retenu les lauréats, non les finalistes. Étant donné le nombre élevé de prix Lipper décernés, nous ne mentionnons que leur nombre, puisque ces prix comptent une vingtaine de catégories sur 3, 5 et 10 ans.
PALTrak de Morningstar Canada constitue la source du nombre total de fonds, de fonds cinq étoiles et de fonds de premier quartile sur 3 et 5 ans. Nous avons retenu les fonds communs, les fonds de fonds et les fonds de base.
L’actif de fonds individuels provient également de PALTrak.
Pour faciliter la lecture, le nom des fonds paraît en italique.