Portées par une performance soutenue de leurs activités en Amérique du Nord et par la vigueur des marchés des capitaux, les grandes banques canadiennes ont présenté des résultats solides pour le quatrième trimestre de 2025. BMO, CIBC et TD affichent toutes une progression de leurs bénéfices ajustés, malgré un contexte marqué par des provisions pour pertes sur créances encore élevées et des conditions économiques incertaines.
BMO annonce un bénéfice de 2,3 G$ au T4
La Banque de Montréal augmente son dividende tout en annonçant un bénéfice de 2,3 milliards de dollars (G$) pour son quatrième trimestre, notamment grâce à une réduction des provisions pour prêts douteux, dans le cadre de l’ajustement de ses activités bancaires aux États-Unis.
La banque s’efforce d’améliorer son portefeuille de prêts aux États-Unis après la détérioration de la qualité du crédit l’année dernière. Elle estime avoir réalisé des progrès notables.
Les provisions pour pertes sur créances liées aux prêts douteux de la division américaine de la banque ont diminué à 209 millions de dollars (M$) au cours du trimestre, comparativement à 446 M$ l’an dernier.
La performance de crédit de la banque cette année était conforme aux attentes, grâce à l’amélioration de son profil américain, a indiqué jeudi le chef de la gestion des risques, Piyush Agrawal, lors de la conférence téléphonique sur les résultats.
«Bien que le traitement des dossiers de créances douteuses prenne du temps, nous avons constaté une baisse constante du nombre de nouveaux dossiers sous surveillance et nous prévoyons que cela entraînera une diminution des soldes de créances douteuses à terme», a-t-il précisé.
Parallèlement à l’optimisation de ses prêts, la banque a recruté plus de 100 banquiers d’affaires et conseillers privés aux États-Unis au cours de la dernière année afin de stimuler la croissance future de ses prêts.
Au cours du trimestre, la banque a également annoncé la vente de 138 succursales aux États-Unis, où elle anticipait un faible potentiel de croissance, ainsi que son intention d’ouvrir 150 nouvelles succursales au cours des cinq prochaines années, là où elle entrevoit de meilleures perspectives.
Cette orientation vers les États-Unis fait suite à l’acquisition en 2023 de Bank of the West par BMO pour 16,3 G$ US, une transaction qui a considérablement renforcé sa présence dans le pays.
Lors de la conférence téléphonique, les analystes ont interrogé la direction sur d’éventuelles nouvelles acquisitions aux États-Unis. Le chef de la direction, Darryl White, a mentionné que la banque n’envisagerait une telle opération que si elle permettait d’améliorer sa rentabilité des capitaux propres.
«Notre priorité absolue est de redresser notre rentabilité des capitaux propres tout en assurant une croissance profitable de nos bénéfices, a-t-il souligné. Cet objectif s’applique à l’ensemble de la banque et au secteur bancaire américain; chaque décision que nous prenons est donc évaluée sous cet angle.»
La banque a annoncé un rendement des capitaux propres ajusté de 11,3 % pour l’exercice, par rapport à 9,8 % l’an dernier, mais celui-ci reste loin de son objectif d’au moins 15 %.
Darryl White a avancé que l’atteinte de cet objectif demeurait un but à moyen terme, s’étalant sur les trois à cinq prochaines années, avec la possibilité d’y parvenir plus tôt dans cette période si le contexte est favorable.
Les efforts de redressement de la banque aux États-Unis ont permis à cette division de dégager un bénéfice de 807 M$ au plus récent trimestre, comparativement à 281 M$ lors de la même période lors de l’exercice précédent.
Ses activités de services bancaires aux particuliers et aux entreprises au Canada ont généré un bénéfice de 752 M$, contre 750 M$ un an auparavant, en raison de la hausse des provisions.
À l’instar des autres banques, la Banque de Montréal a profité de la reprise des marchés financiers pour voir ses bénéfices des activités de marchés des capitaux bondir à 521 M$, par rapport à 251 millions de dollars au même trimestre de l’exercice précédent.
Globalement, le chiffre d’affaires trimestriel s’est élevé à 9,34 G$, en hausse par rapport à 8,96 G$ l’an dernier, tandis que la dotation à la provision pour pertes sur créances de la banque a atteint 755 M$, alors qu’elle se chiffrait à 1,52 G$ il y a un an.
Sur une base ajustée, BMO indique avoir réalisé un bénéfice de 3,28 $ par action, contre un bénéfice ajusté de 1,90 $ par action au cours du même trimestre de l’exercice précédent.
Les analystes prévoyaient en moyenne un bénéfice ajusté de 3,03 $ par action, selon les estimations compilées par LSEG Data & Analytics.
La banque versera désormais un dividende trimestriel de 1,67 $ par action, soit une hausse de 4 cents par action.
La banque a également annoncé jeudi la nomination de Tammy Brown à son conseil d’administration.
Mme Brown a auparavant occupé le poste de présidente déléguée du conseil d’administration de KPMG au Canada et d’associée et de responsable nationale du secteur industriel pour les marchés industriels au sein de la firme.
La Banque CIBC enregistre un bénéfice en hausse au T4
La Banque CIBC a enregistré une hausse de son bénéfice au quatrième trimestre, dépassant les prévisions des analystes, malgré une légère augmentation des prêts douteux dans sa division canadienne.
La banque a augmenté son dividende après avoir annoncé un bénéfice de 2,18 G$ au quatrième trimestre, contre 1,88 G$ l’an dernier.
La banque versera maintenant un dividende trimestriel de 1,07 $ par action, alors qu’il était de 0,97 $ auparavant.
Le bénéfice par action pour le trimestre clos le 31 octobre s’est élevé à 2,20 $, en hausse par rapport à 1,90 $ l’an dernier.
Ces résultats sont les derniers publiés sous la direction de Victor Dodig, qui a pris sa retraite de ses fonctions de président et chef de la direction à la fin du trimestre, et les premiers sous celle de Harry Culham, entré en fonction le 1er novembre.
Harry Culham n’a laissé entendre aucun changement majeur lors de sa première conférence téléphonique avec les analystes en tant que président et chef de la direction, jeudi.
«Notre stratégie demeure inchangée. Elle porte ses fruits et nous sommes déterminés à atteindre nos objectifs», a-t-il souligné.
Cette stratégie consiste notamment à développer davantage sa clientèle aisée et ses services de gestion de patrimoine, tout en poursuivant son expansion aux États-Unis. Ces deux facteurs ont contribué à la hausse des bénéfices au cours du trimestre.
Les revenus de gestion de patrimoine au Canada ont progressé de 18 % au cours du trimestre par rapport à l’année précédente, tandis que sa division des marchés de capitaux a enregistré une hausse de 32 % de son chiffre d’affaires, notamment grâce à son expansion aux États-Unis.
«Les États-Unis représentent désormais environ 34 à 35 % des revenus des marchés de capitaux», a expliqué Christian Exshaw, qui a pris la direction du groupe Marchés de capitaux en novembre dans le cadre d’une restructuration plus large de la direction.
«C’est environ le double de ce que c’était il y a cinq ans, et nous continuons d’investir dans ce secteur. Si l’on examine le portefeuille de crédit aux entreprises, on constate qu’il génère maintenant plus de revenus aux États-Unis qu’au Canada», a-t-il ajouté.
La banque poursuit son expansion aux États-Unis, a indiqué Christian Exshaw, notamment en diversifiant ses sources de revenus.
«Nous avons dû rattraper notre retard, a-t-il affirmé. Nous développons plusieurs activités aux États-Unis dans le négoce d’électricité, nous avons déposé une demande d’agrément de négociant principal et nous mettons en place une plateforme de négociation de contrats à terme.»
La croissance de l’activité aux États-Unis a aidé à compenser la hausse des provisions pour pertes sur créances, qui ont atteint 605 M$ au cours du trimestre, par rapport à 419 M$ un an plus tôt.
Ce montant comprend 497 M$ de provisions pour dépréciation, la catégorie la plus grave pour laquelle la banque doute du remboursement.
Malgré l’incertitude persistante liée au commerce international, la banque n’anticipe toutefois pas de fortes variations de ses provisions pour l’avenir.
«Pour l’exercice 2026, nous prévoyons que les provisions pour dépréciation resteront globalement stables par rapport à 2025», a mentionné Frank Guse, chef de la gestion du risque, lors de la conférence téléphonique.
«Notre scénario de base prévoit une amélioration de la conjoncture économique tout au long de l’année, et plus particulièrement au cours du second semestre», a-t-il précisé.
Bien que l’année 2025 ait été marquée par l’incertitude économique, la Banque CIBC a tout de même enregistré une hausse de 14 % de son chiffre d’affaires annuel, à 29,1 G$.
Le bénéfice annuel s’est élevé à 8,45 G$, en hausse de 18 % par rapport à l’année précédente.
Pour le plus récent trimestre, le chiffre d’affaires a totalisé 7,58 G$, comparativement à 6,62 G$ un an plus tôt.
Sur une base ajustée, le bénéfice par action diluée a atteint 2,21 $, par rapport à 1,91 $ au même trimestre de l’exercice précédent.
Les analystes prévoyaient en moyenne un bénéfice ajusté de 2,08 $ par action, selon les estimations compilées par LSEG Data & Analytics.
Ce résultat supérieur aux attentes s’explique en partie par la croissance du revenu net d’intérêts et des revenus de commissions, partiellement compensée par une légère hausse des provisions, a indiqué Mike Rizvanovic, analyste à la Banque Scotia, dans une note.
Des changements à la direction
La Banque CIBC a également annoncé jeudi plusieurs changements au sein de sa haute direction, qui entreront en vigueur le 1er janvier.
Sandy Sharman, première vice-présidente à la direction et cheffe de groupe, Personnel, culture et marque, occupera désormais le poste de conseillère spéciale avant de prendre sa retraite à la fin de 2026.
La Banque CIBC a aussi précisé que Christina Kramer, première vice-présidente à la direction et cheffe de l’administration, assumera désormais la responsabilité de Services immobiliers d’entreprise, Capacités de l’entreprise et Agilité organisationnelle, Marque, Investissement communautaire, Expérience client, Communications, et Activités d’entreprise.
Richard Jardim sera nommé premier vice-président à la direction et chef de la technologie et de l’information, Technologie, données et IA, réseau mondial, tandis qu’Yvonne Dimitroff deviendra vice-présidente à la direction et cheffe des ressources humaines, Personnel, culture et talent.
La Banque TD annonce un bénéfice de 3,28 G$ au T4
Le Groupe Banque TD a augmenté son dividende après avoir annoncé une baisse de son bénéfice au quatrième trimestre par rapport à l’année précédente, en raison de charges de restructuration exceptionnelles.
La banque versera un dividende trimestriel de 1,08 $ par action, contre 1,05 $ précédemment.
Le bénéfice de la TD s’est élevé à 3,28 G$, soit 1,82 $ par action, pour le trimestre clos le 31 octobre. Un an plus tôt, elle avait enregistré un bénéfice de 3,64 G$, soit 1,97 $ par action.
Sur une base ajustée, le bénéfice par action s’établit à 2,18 $ pour le dernier trimestre, comparativement à 1,72 $ par action au même trimestre de l’année précédente.
Le chiffre d’affaires du trimestre a totalisé 15,49 G$, contre 15,51 G$ un an plus tôt.
La provision pour pertes sur créances de la banque s’est élevée à 982 M$, alors qu’elle se chiffrait à 1,11 G$ au même trimestre de l’année précédente.
Les analystes prévoyaient en moyenne un bénéfice ajusté de 2,03 $ par action, selon les estimations de LSEG Data & Analytics.
«La TD a connu un excellent quatrième trimestre, grâce à de solides produits de négociation et produits tirés des comptes à honoraires dans les activités axées sur les marchés, et à la croissance des volumes d’un exercice à l’autre dans le secteur Services bancaires personnels et commerciaux au Canada, mettant la touche finale à une année caractérisée par un rendement robuste», a mentionné par communiqué Raymond Chun, président du groupe et chef de l’exploitation du Groupe Banque TD.
L’institution bancaire a indiqué que ses activités de services bancaires aux particuliers et aux entreprises au Canada ont généré 1,87 G$ au cours du dernier trimestre, contre 1,82 G$ un an plus tôt. Cette hausse des revenus a été partiellement compensée par l’augmentation des provisions pour pertes sur créances et des charges hors intérêts.
Les activités de banque de détail de la banque aux États-Unis ont généré 719 M$, comparativement à 702 M$ au même trimestre de l’année précédente.
Les activités de gestion de patrimoine de TD ont généré 699 M$ au cours du trimestre, par rapport à 349 M$ un an plus tôt, tandis que le groupe de services bancaires de gros de la banque a généré 494 M$, contre 235 M$ au même trimestre de l’année précédente.