Le gouvernement minoritaire de Mark Carney a survécu lundi soir au vote de confiance sur son budget. Le pays ne sera donc pas plongé dans une nouvelle campagne électorale pour l’instant.
En plus de l’appui de la cheffe des Verts, Elizabeth May, les libéraux ont pu compter sur l’abstention de deux députés conservateurs et deux néo-démocrates.
Ainsi, 170 députés se sont prononcés en faveur du budget et 168 contre, au cours d’un vote très serré.
Le vote portait sur le budget 2025 déposé au début du mois. Elizabeth May l’avait critiqué en relevant qu’il ne réaffirmait pas les cibles climatiques prises par le Canada en vertu de l’Accord de Paris. Lundi, elle s’est dite rassurée par un engagement formulé en Chambre par le premier ministre, Mark Carney.
« Pour moi, c’est un grand changement, tout à fait différent d’hier », a-t-elle dit aux journalistes quelques heures avant le vote.
Lundi, lorsqu’elle a pris la parole durant la période des questions, c’est le premier ministre qui s’est levé pour lui répondre. Cela a suscité quelques exclamations parmi les élus, puisque, les minutes d’avant, il laissait ses ministres répondre aux autres questions. Mark Carney a l’habitude de ne donner la réplique qu’au début de la période des questions et la question de Elizabeth May survient toujours après ce moment.
Elizabeth May a demandé à Mark Carney, durant son intervention de lundi, d’assurer qu’il est déterminé à respecter les cibles environnementales prises par le Canada, comme celle de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 45 % d’ici 2035. Mark Carney a répondu que son gouvernement « va respecter nos engagements pour le climat et [est] déterminé à les atteindre ».
La cheffe du Parti vert a noté que seul le temps dira si Mark Carney donnera réellement suite à sa promesse. « Peut-être qu’aujourd’hui n’était pas assez. Peut-être que je suis dupe. Je vais laisser l’histoire décider de ça, mais j’ai fait ce que je pensais être la bonne chose », a-t-elle laissé tomber.
Elle a aussi mentionné que son choix vise à éviter de plonger le pays dans une nouvelle campagne électorale, environ six mois après la dernière.
Le chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Don Davies, a aussi mentionné cette raison en mêlée de presse pour justifier les deux abstentions dans les rangs néo-démocrates. « Nous avons choisi la stabilité plutôt que les jeux politiques », a-t-il dit après le vote, ajoutant qu’il n’y a pas d’appétit dans la population canadienne pour une élection.
Il a aussi fait valoir que le moment d’incertitude économique créé par la guerre tarifaire avec les États-Unis n’est pas propice à la tenue d’une nouvelle élection.
Don Davies, de même que quatre autres néo-démocrates, se sont opposés au budget. Le député québécois Alexandre Boulerice, qui a voté contre, s’est étonné tout haut de l’appui de Elizabeth May.
« C’est un budget qui est extrêmement décevant, puis on l’a dit, nous, au NPD, que c’est un budget qui était principalement conservateur, qui est très dommageable pour l’environnement », a-t-il commenté.
Les abstentions, du côté du NPD, sont venues de la députée Lori Idlout et de l’élu Gord Johns.
Gord Johns a soutenu avoir fait beaucoup de consultations pour sonder la volonté des électeurs avant de prendre sa décision quant au vote.
Lori Idlout a, de son côté, affirmé que certaines choses incluses dans le budget serviront à des commettants de sa circonscription de Nunavut.
Les députés conservateurs qui se sont abstenus au cours du vote de lundi soir sont Shannon Stubbs et Matt Jeneroux. Ce dernier a récemment annoncé qu’il démissionnerait prochainement de son rôle de député. Son annonce est survenue alors qu’il faisait l’objet de rumeurs voulant qu’il songeait à rejoindre les troupes libérales.
Le député Chris d’Entremont a, lui, fait le saut en quittant le caucus conservateur au profit des libéraux.
Le gouvernement a présenté son budget comme un plan visant à réduire les dépenses courantes et à investir davantage face aux droits de douane américains.
Après avoir pris en compte les objectifs de réduction des coûts d’Ottawa, le budget propose près de 90 milliards de dollars (G$) de nouvelles dépenses sur cinq ans, dont une grande partie est consacrée à la création d’infrastructures.
Les conservateurs et les bloquistes ont critiqué l’ampleur du déficit, qui s’élèvera à 78,3 G$ en 2025-2026, contre 51,7 G$ l’an dernier. Ottawa prévoit, dans le budget 2025, que le déficit sera ensuite de 65,4 G$ en 2026-2027, de 63,5 G$ en 2027-2028, de 57,8 G$ en 2028-2029 et de 56,6 G$ en 2029-2030.
Les néo-démocrates, quant à eux, ont critiqué les coupes prévues par les libéraux dans la fonction publique. Ils ont aussi déploré ce qu’ils voient comme un manque de mesures environnementales.
Le Bloc a aussi soulevé ce point, de même que le refus des libéraux d’acquiescer à des demandes bloquistes, comme la hausse de la pension de vieillesse pour les aînés de 65 à 74 ans.