
La stratégie industrielle d’Ottawa tirera parti de la réputation de stabilité du Canada pour attirer davantage d’investissements étrangers, a déclaré jeudi la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, lors d’un discours prononcé au Canadian Club de Toronto.
Mélanie Joly a profité de l’événement pour présenter la stratégie du gouvernement fédéral visant à protéger et à développer les secteurs clés du Canada, alors que la campagne tarifaire du président américain Donald Trump a perturbé les échanges commerciaux mondiaux.
Mélanie Joly a déclaré que la réputation de bonne gouvernance du Canada rend le pays attrayant pour les investisseurs qui recherchent « un environnement stable et sans surprises ».
« Nous pouvons offrir cela », a-t-elle fait valoir.
Le Canada s’efforcera de réduire les formalités administratives et d’accélérer les délais d’approbation afin d’améliorer l’analyse de rentabilisation pour les entreprises étrangères à la recherche de lieux d’investissement à long terme, a-t-elle affirmé.
Mélanie Joly était à Washington avec le premier ministre Mark Carney pour rencontrer l’administration du président américain Donald Trump plus tôt cette semaine, mais les responsables canadiens n’ont pas encore conclu d’accord pour mettre fin aux droits de douane sectoriels qui touchent le Canada.
Le gouvernement fédéral se concentre sur la protection des industries encore frappées par les droits de douane américains : l’acier, l’aluminium, l’automobile, le cuivre et le bois d’œuvre.
À court terme, Ottawa continuera de soutenir les entreprises touchées par les droits de douane américains grâce à son mécanisme de prêts aux grandes entreprises de 5 milliards de dollars. La semaine dernière, Algoma Steel a reçu un prêt de 400 millions de dollars du gouvernement fédéral pour aider l’entreprise de Sault Ste. Marie, en Ontario, à adopter un modèle commercial moins dépendant des États-Unis.
Le gouvernement fédéral prévoit également établir des règles exigeant l’utilisation de matériaux fabriqués au Canada, comme l’acier, dans les infrastructures, le logement et d’autres grands projets.
Ottawa travaillera sans relâche à bâtir un marché intérieur, a déclaré Mélanie Joly, ce qui implique de modifier la stratégie d’approvisionnement du gouvernement fédéral afin de faire du gouvernement fédéral un client, et non plus seulement un promoteur, de l’industrie canadienne.
« Ce que j’ai appris, c’est que les entreprises préfèrent obtenir des contrats plutôt que des subventions du gouvernement », a-t-elle affirmé.
Le gouvernement fédéral voit également des occasions pour les entreprises canadiennes — Mélanie Joly a cité les chantiers navals comme exemple — d’élargir leurs exportations vers les marchés étrangers afin de répondre à la demande croissante de produits de défense, notamment parmi les alliés de l’OTAN.
Le Canada est en pourparlers avec deux constructeurs navals étrangers, l’allemand TKMS et le sud-coréen Hanwha Oceans, pour remplacer sa flotte vieillissante de sous-marins.
Une fois ce contrat attribué, a déclaré Mélanie Joly, Ottawa veillera à ce que les entreprises canadiennes fassent partie de la chaîne d’approvisionnement et « exercent le contrôle (de la propriété intellectuelle) » dans le processus.
La stratégie industrielle de défense d’Ottawa ne se limitera pas nécessairement aux applications militaires traditionnelles, a-t-elle ajouté.
Mélanie Joly a laissé entendre jeudi que le gouvernement fédéral avait une « définition large de la défense ».
« Quand je parle de défense, soyons très clairs. Il s’agit de faire face à toutes les menaces qui peuvent peser sur le Canada », a-t-elle déclaré.
« Cela inclut donc évidemment les opérations terrestres, maritimes et aériennes. Cela inclut également les cyberattaques. Cela inclut également les menaces pour notre santé, comme les pandémies, ou même les impacts du changement climatique, comme les feux de forêt. »
Mélanie Joly n’a donné aucun exemple dans son discours de la manière dont la stratégie de défense pourrait influer sur les pandémies ou les incendies de forêt.
Ottawa a promis d’augmenter rapidement les dépenses en matière de défense cette année et les années suivantes afin d’atteindre le seuil de dépenses de 2 % du PIB fixé par l’OTAN. Les membres de l’OTAN se sont engagés plus tôt cette année à augmenter encore davantage ces dépenses jusqu’en 2035.