Une femme noire dans un bureau.
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Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de dépression, de troubles anxieux et de stress post-traumatique. L’inégalité salariale, les responsabilités familiales, le fait d’être sous-représentées dans les postes de direction ou encore de faire face au syndrome de l’imposteur sont autant de risques qui contribuent à menacer la santé des femmes au travail, soulève Kelly Greenwood, fondatrice et directrice générale de Mind Share Partners, dans Harvard Business Review.

Bon nombre de ces défis sont largement invisibles, car les femmes hésitent à en parler, de peur de paraître moins performantes, de perdre en crédibilité ou de compromettre leurs chances d’obtenir une promotion, ajoute l’auteure.

Voici quelques conseils à mettre en application afin de favoriser un environnement de travail sain pour les équipes féminines.

  • Soyez proactif en matière de formation. Tout le monde dans l’organisation devrait avoir le même niveau de compréhension des facteurs qui menacent la santé mentale, souligne Kelly Greenwood. Il est donc essentiel de développer les connaissances de base des équipes sur le sujet, de dissiper les mythes qui perdurent et d’offrir des outils concrets et des actions pour créer une culture d’entreprise saine.
  • Faites connaître les ressources. Il ne faut pas hésiter à « surcommuniquer » en la matière, conseille la spécialiste, il faut le faire régulièrement et fréquemment. Ces informations peuvent par exemple figurer dans les courriels envoyés à l’interne et à une fréquence d’au moins une fois par mois. Les ressources en santé mentale doivent également être mises en évidence sur l’intranet. Les employés ne devraient pas être obligés de fouiller pour les trouver. Enfin, les dirigeants qui ont personnellement utilisé ces ressources devraient en témoigner, afin de normaliser cette démarche.
  • Intégrez la santé mentale à vos pratiques. La santé mentale doit être nommée clairement dans les politiques et pratiques de l’entreprise, ainsi que dans les outils de mesure. On peut par exemple faire le lien entre la santé mentale et les congés payés, les horaires flexibles ou les normes de communication entre les personnes.
  • Faites des gestes concrets. Kelly Greenwood recommande de s’attaquer sans tarder à certains problèmes structurels qui nuisent aux femmes, comme l’inégalité salariale, l’insuffisance des congés parentaux ou l’absence de conséquences pour les microagressions et le harcèlement. Des mécanismes de responsabilisation, tels que des sondages réguliers effectués auprès des employés, peuvent également contribuer à obtenir des changements positifs, souligne-t-elle.
  • Privilégiez la flexibilité. Le manque d’autonomie, des charges de travail perçues comme irréalistes ou des heures de travail qui s’étirent en soirée peuvent affecter la santé mentale, en particulier chez les femmes, qui portent souvent plus de responsabilités familiales. Kelly Greenwood conseille de réviser régulièrement avec les collaborateurs la pertinence de certains éléments, comme le travail à distance ou la flexibilité des horaires, afin de s’assurer qu’ils correspondent toujours à leurs besoins.
  • Donnez l’exemple. « Dire aux gens qu’il n’y a pas de mal à prendre des vacances ou à se déconnecter après les heures de travail ne sert à rien si vous ne suivez pas les mêmes conseils », rappelle la directrice générale. Par exemple, quand un gestionnaire inscrit ses rendez-vous avec son thérapeute ou une réunion avec le professeur de ses enfants sur son calendrier de travail, il passe le message à ses collaborateurs qu’il est correct de prioriser certains aspects de leur vie personnelle pendant la journée de travail.
  • « Demandez  comment ça va ? » Prendre régulièrement des nouvelles des membres de l’équipe favorise une culture d’entraide et d’inclusion. Cela peut être aussi simple que de réserver les cinq premières minutes d’une réunion pour demander sincèrement « Comment allez-vous, et comment puis-je vous aider ? ».
  • Incarnez le changement. « Être vulnérable et parler de sa propre santé mentale ou d’autres difficultés est l’une des choses les plus puissantes que vous puissiez faire. Cela indique aux employés qu’ils peuvent discuter de ce qui était autrefois tabou sur le lieu de travail et les aide à se sentir à l’aise pour le faire », indique l’auteure.

Comme l’agent de bord met son masque à oxygène en premier lieu avant de porter secours aux passagers de l’avion, le dirigeant doit se préoccuper de sa propre santé mentale afin de pouvoir soutenir ses collaborateurs en cas de besoin, ajoute la spécialiste. Plusieurs gestes peuvent aider dans ce sens : il s’agit d’identifier et de demander ce dont on a besoin, de trouver des alliés et des espaces sûrs pour parler de ses défis éventuels, de pouvoir facilement engager la conversation sur le sujet avec son responsable immédiat ou avec une personne aux ressources humaines, et d’évaluer la culture de l’organisation pour déterminer si elle offre le soutien attendu.

Le rapport 2021 sur la santé mentale au travail de Mind Share Partners a révélé que 68 % des millénariaux et 81 % des membres de la génération Z ont quitté leur emploi pour des raisons de santé mentale, contre 50 % pour l’ensemble des répondants. Pour attirer et retenir les talents, les organisations doivent donc impérativement intégrer la santé mentale, en particulier celle des femmes, à leurs pratiques de gestion, souligne Kelly Westwood. Il s’agit d’un changement indispensable pour séduire les jeunes générations, qui accordent de plus en plus d’importance à leur santé mentale et aux cultures de travail qui la favorisent.