Une femme portant un bébé dans un bras, son portefeuille dans la main à côté de son mari qui écrit sur des papiers sur une table.
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La maltraitance financière est l’une des principales raisons qui empêchent une personne de quitter une relation violente, rapporte Financial Planning dans un article récent. Toutefois, les conseillers sont particulièrement bien placés pour détecter ce type de comportement déviant et aider les victimes.

Cette dernière peut être plus ou moins dommageable pour une personne. Elle peut empêcher une personne de quitter une relation violente. Et, même après la fin d’une relation, les victimes peuvent encore subir les conséquences d’une mauvaise relation. Elles peuvent ainsi voir leur crédit entamé, plonger dans la pauvreté ou même se retrouver sans abris.

Melissa Ellis, planificatrice financière agréée et analyste financière agréée en matière de divorce, fondatrice de la RIA Sapphire Wealth Planning, se rappelle ainsi d’une cliente en instance de divorce qui ne savait même pas comment accéder à son propre compte bancaire.

Son mari avait le contrôle sur tout et lui avait fait croire qu’une seule personne pouvait avoir accès à leur compte conjoint. Après avoir rectifié la situation et donné un accès au compte conjoint à sa cliente, Melissa Ellis a pu constater que le mari avait dépensé tout l’argent de l’héritage de sa femme. Finalement, cette dernière est sortie de son divorce avec 25 000 $ alors qu’elle aurait dû obtenir 500 000 $ ou plus. Un an plus tard, cette femme loue sa propre maison et repart à zéro.

Ce type de situation est loin d’être une exception. « Nous recevons beaucoup de femmes qui se trouvent dans des situations d’abus financier », déplore ainsi Stacy Francis, CFP et CDFA, présidente et directrice générale de RIA Francis Financial et fondatrice de Savvy Ladies, une organisation à but non lucratif dont la mission déclarée est de fournir à toutes les femmes une éducation financière.

Cette dernière a d’ailleurs fondé son organisation pour aider les femmes qui ont survécu à des relations abusives. Elle leur propose ainsi une série de cours en ligne gratuits pour les aider à se remettre des abus financiers.

Il faut savoir que la littératie financière est un outil non négligeable dans ce genre de situations. Un conseiller est donc particulièrement bien placé pour aider ces femmes après leur rupture. Mais un conseiller peut aussi agir en amont et les aider à se sortir de ces situations notamment en détectant les cas d’abus financiers plus rapidement et en prenant des mesures pour aider les victimes.

Briser les idées reçues

Pour reconnaître un cas d’abus financier, il est important avant tout de casser les idées reçues.  Beaucoup se méprennent sur les types de relations dans lesquelles se produisent les abus financiers, constate Stacy Francis.

Nombre de personnes estiment que ce type de comportement se retrouve particulièrement chez les personnes possédant peu de moyens financiers. « Il s’agit là de la principale idée reçue. […] ce problème est fréquent, y compris chez les riches », prévient l’experte.

Une autre idée reçue est que les femmes qui sont victimes d’abus ne sont pas intéressées par les questions d’argent. « C’est tout à fait possible. Mais cela peut aussi être dû au fait qu’elles sont essentiellement exclues. Il ne faut pas prendre pour argent comptant le fait qu’elles n’assistent pas aux réunions simplement parce qu’elles n’en ont pas envie », continue Stacy Francis.

Évidemment, la dernière chose c’est que les hommes peuvent également être victimes de tels abus, même si ces cas sont plus rares.

Les signes à tenir à l’œil

Les signes d’abus financiers peuvent être nombreux, mais ils sont souvent subtils, prévient Stacy Francis, il faut donc rester vigilant.

Cela commence souvent de manière innocente, note l’experte. Ainsi, le mari peut s’attribuer la gestion des finances en prétextant vouloir aider sa femme qui est « très occupée » ou lui dire de quitter son travail « puisqu’elle ne l’aime pas » ou pour « passer plus de temps avec ses enfants ».

Les abus financiers commencent ainsi souvent par le fait qu’un partenaire persuade l’autre de quitter le marché du travail pour devenir parent au foyer, appuie Chevonne Farler, conseillère en gestion de patrimoine chez TBH Advisors, une firme d’investissement. « Cela peut parfois ouvrir la porte à ce type d’abus et conduire l’un des conjoints à imposer à l’autre une « allocation » serrée pour faire face aux besoins de l’autre », constate-t-elle.

Une autre chose à garder à l’œil sont les dettes ou les comptes cachés, ajoute Melissa Ellis. « Je demande à mes clients d’établir un rapport de solvabilité, puis de l’examiner et de rechercher des comptes ouverts à leur nom, dont ils n’ont peut-être pas conscience », explique-t-elle à Financial Planning. Cela lui permet de s’assurer que les avoirs ne sont pas « bien inférieurs » à ce qu’ils devraient être compte tenu des revenus du couple.

D’autres signes plus précoces peuvent se traduire en un bombardement de cadeaux et d’affection en début de relation et une envie rapide d’engagement. Une jalousie excessive peut également être un autre signe tout comme le fait de tenter d’isoler la personne.

Quoi faire pour aider?

En faisant une sorte de vigie sur la gestion de l’argent et en étant attentif à ces différents signes, un conseiller peut aider la potentielle victime à se protéger et à quitter cette relation violente.

Attention toutefois, le départ peut être incroyablement dangereux et mettre la vie en danger, il ne doit donc pas être entrepris à la hâte, souligne Financial Planning.

Cette étape doit se préparer soigneusement. Les victimes devraient idéalement préparer des fonds pour un déménagement dans un nouveau logement, les frais juridiques potentiels d’un divorce et la recherche d’un emploi, entre autres dépenses, des choses pour lesquels un conseiller pourrait parfaitement les aider.

Les conseillers peuvent ainsi proposer un plan de sécurité financière pour aider les clients à partir, notamment en donnant la priorité à la création d’un fonds d’urgence secret.

« Il est important de s’assurer que le client a accumulé des économies pour pouvoir partir, souligne Steve Oniya, bénévole pour Savvy Lady et président et conseiller agréé d’OM Investments, une agence d’investissement. Assurez-vous qu’elles disposent d’au moins trois à six mois d’épargne. Plus il y en a, mieux c’est […]. Le conseiller doit également encourager ses clients à ne pas placer tout leur argent sur un compte commun avec leur partenaire. »

Pour ce qui est de l’entourage, « si une famille a de l’argent à donner à sa fille, il faut absolument le placer sur un compte à son nom et à son nom seulement », recommande Melissa Ellis en précisant que les fiducies peuvent être le meilleur moyen de sécuriser ces fonds.

Ainsi, un conseiller peut jouer un rôle précieux dans la prévention de ces abus ou pour aider les victimes à s’en remettre rapidement. Il peut éviter que les héritages familiaux ne soient saisis par un partenaire violent, mais aussi aider les clients dans leur parcours de constitution de patrimoine.

Sachant cela, gardez l’œil ouvert.